JE NE SAVAIS PAS QUE JE DÉRANGEAIS AUTANT
Comme s’il voulait rattraper le temps perdu, le leader du Raam daan Thione Seck fait feu de tout bois
Depuis son élargissement suite à l’affaire des faux billets, il semble effectuer une course contre la montre pour rattraper le temps. Il a convié la presse lundi dernier à l’enregistrement de trente vidéos clips. Cette ambitieuse aventure se déroule à Sally et il a échanger avec les journalistes sur les raisons qui l’ont poussé à choisir Sally et sur ses projets..
Après votre libération intervenue récemment quel est le sentiment qui vous anime ?
il faut savoir que j’ai été retenu vraiment pour rien durant huit mois. Je ne vais pas revenir sur les circonstances de cette triste histoire qui est derrière moi. J’ai expliqué à maints reprises comment j’ai été grugé et tombé dans le panneau de mes bourreaux. il ne sert à rien de ressasser le passé ou de remuer le couteau dans la plaie.
Parlez-nous alors de ce projet de la CEDEAO en chœurs et des innovations ?
au niveau des innovations je peux en citer plusieurs. il y a la conception de la musique. ensuite il y a le nombre impressionnant de participants. Pour finir j’ai aussi chanté tous les textes en français. Car il s’agit d’un produit destiné aux pays de la Cedeao. Comme le wolof est une langue qui est juste confinée à notre ère géographique j’ai voulu ratisser le plus large possible. Ceux qui ont chanté à travers ce que j’ai écrit ont aussi traduit mes textes orignaux dans leurs propres langues. Par exemple les Maliens ont chanté en Bambara et les gambiens ont chanté en socé et en anglais.
Pouvez-vous nous parler des raisons qui vous ont poussé à vous engager dans cet ambitieux projet ?
Honnêtement au début il s’agissait seulement d’un projet de Thione Seck. Mais c‘est au cours de mon séjour en prison que j’ai beaucoup cogité et l’élargir. Je me suis dit que ceux qui m’ont joué ce sale tour devaient vraiment beaucoup m’en vouloir. a mon tour vais-je les déranger certainement en tant qu’artiste. C’est vraiment pour leur prouver que je reste et demeure un véritable artiste que j’ai décidé de lancer cet ambitieux projet comme vous dites. Je ne savais pas que je pouvais avoir une telle importance à leurs yeux mais on prend les choses avec philosophie car ainsi va le monde. C’est pour cette raison que j’ai tenu à élargir le projet. J’ai voulu faire chanter toute l’Afrique et même certains européens.
Y’a-t-il dans ce projet un titre qui vous a particulièrement marqué et pourquoi ?
Honnêtement le morceau titré les rapaces me plait énormément. dans ce morceau je dis en m’adressant à notre créateur. « toi le tout puissant l’omniscient, le tout Puissant Créateur des Creatures sans bavure. dieu de l’univers, l’éternel, le seul immortel, exauce ma prière ». Cette chanson va dans le sens de la bonne marche du monde par rapport à l’entourage et beaucoup de choses qui interviennent dans notre vécu quotidien. C’est vraiment par rapport à tout cela que j’aime particulièrement cette chanson.
Quand comptez-vous sortir tous ces albums ?
il est évident qu’il va falloir procéder à un choix. C’est ainsi que dans un premier temps quatre albums seront mis sur le marché d’ici un mois ou un peu plus juste le temps de terminer les clips car nous sommes en phase de mixage pour ces albums. il s’agit de celui intitulé SangueYi et sur lequel je chante l’ensemble de nos guides religieux comme Mame Borom Touba, Seydi hadji Malick, Baye Niass, Mame limamou, Cheikhna Cheikh saad Bouh et tous les autres. Obligatoirement on va les sortir par version parce qu’il y a énormément de voix posées. Chaque participant aura droit à trois clips car ils ont tous chanté sur trois morceaux. ainsi chacun va aussi chanter dans la version salsa. J’ai fini de chanter depuis très longtemps et je ne fais que les accompagner. il y a aussi d’autres qui ont tourné avant moi. Je suis obligé de les suivre car j’étais trop pris par les séances de studio.
Où comptez-vous trouver les moyens, est-ce que l’état vous soutient ?
Pour l’instant je suis bien conscient que je n’ai pas les moyens de ma politique. Cependant j’ai le soutien de mon fils Wally qui ne ménage aucun effort. il y a aussi le Président Macky Sall qui m’a reçu et il a promis de me soutenir. il m’a vraiment chaleureusement félicité et exprimé par la même occasion qu’un tel projet soit l’initiative d’un fils du Sénégal.
ET Wally dans tout cela ?
Il m’a beaucoup aidé et il continue de le faire. C’est un fils pour lequel je vais toujours prier. Je suis vraiment fier de lui. il est très généreux et il est toujours prompt à satisfaire mes moindres désirs.
ET la CEDEAO dans tout cela ?
Il est vrai que j’ai été reçu par l’honorable député Moustapha Cissé Lo Président du parlement de la Cedeao. il m’a conseillé de suivre certaines pistes qui pourront me permettre de bénéficier tant soit peu du soutien de cette institution. J’ai déjà entrepris les démarches et je reste à l’écoute. Toujours est-il que je ne peux pas attendre et je vais tout faire pour que mes efforts soient couronnés de succès à la fin.
Avez-vous payé les artistes ?
Je dois dire que ce sont les artistes qui m’appellent de partout pour participer à cette belle aventure. ils ne me réclament pas un seul centime. C’est ce qui a permis à plus de trois cents chanteurs de poser leurs voix. Cependant il y a un énorme coût financier. outre les journées de studio, il y a la confection de clips et les tournées qui vont nous mener dans tous les pays de la Cedeao, en Europe, aux états unis et en Asie. Ce qui fait que ce projet pharaonique va nécessiter la mobilisation de plusieurs centaines de millions de francs. Mais comme nous sommes des croyants nous faisons confiance en dieu et nous pensons sincèrement que cela va aboutir.
Peut-on s’attendre à voir Youssou Ndour participer dans cette méga production ?
Bien sûr Ismaël Lo a fini de poser il y a de cela une semaine. ils vont tous participer. Je l’ai dit et redit plusieurs fois. Nous sommes des Musulmans et nous avons tous dépassé soixante-trois ans le nombre d’années vécues par le Prophète. il faut donc donner le bon exemple et donner une belle image à la postérité. Tous les artistes vont participer. Il y a Pape Diouf qui a beaucoup tardé à poser car il organisait son spectacle à Bercy mais il va incessamment faire ses prises de voix.
Une polémique a jailli au sein de la justice suite à votre libération. Comment appréciez-vous cela ?
A ce propos je ne saurais pas trop m’étendre car un avocat m’a dit que si c’était quelqu’un d’autre, ça n’allait pas poser un problème. Mais parce que c’est Thione Seck, ils ont pris mon cas pour le comparer à celui de Khalifa Sall. Moi, je ne connais rien de tout cela. Je ne suis pas un juriste, je ne connais absolument rien de tout cela. il parait qu’ils se sont basés sur le règlement 5 de l’Uemoa pour rendre nulle la procédure me concernant. les gens en profitent pour affirmer que Khalifa Sall doit aussi bénéficier de ce même règlement. Par contre, ce que les gens ignorent, c’est que Khalifa Sall est mon ami. C’est mon frère et cela ne date pas d’aujourd’hui. D’ailleurs, si ça ne dépendait que de moi, il allait sortir aujourd’hui même. Je prie le Bon dieu pour qu’il soit libre dans les jours à venir. Je suis désolé que cette polémique s’installe. Et effectivement, ça me fait mal. Mais ce qui est fait est fait. et le procureur a le droit de faire appel. Peut-être qu’il a ses raisons. Comme il est le patron de la justice, c’est son droit le plus absolu.
Pourquoi Saly pour tourner les 30 vidéos clips de votre prochain album du projet «CEDEAO en Chœur» ?
C’est juste pour rattraper le temps perdu et disposer de plus de temps. Ce serait impossible de tourner trente clips à Dakar. C’est pour cela que j’ai voulu squatter Sally durant deux semaines pour que tout se passe normalement car je ne vais m’atteler durant tout ce temps qu’au tournage et cela va être difficile mais je suis obligé. C’est aussi dans le souci de montrer qu’au Sénégal, nous avons de beaux paysages pour tourner de jolies vidéos.
Les téléspectateurs ont l’habitude de voir le produit fini d’un vidéo clip, mais l’exercice n’est pas très facile ?
Le tournage d’un clip vidéo n’est pas une mince affaire. Ce n’est pas évident, ni si simple que le pensent certains. Je ne vous parle pas seulement d’un tournage de clip, mais le fait de composer une musique, la répéter, c’est encore plus difficile. les journées en studio, n’en parlons pas, sans compter les moyens à mobiliser pour sortir un produit. Aujourd’hui (lundi dernier), j’avais prévu de tourner au moins trois clips. Mais à l’heure actuelle je suis obligé d’y surseoir. Je m’arrête sur deux clips. Pourtant, techniquement, nous sommes bien outillés. Mais il faut bien faire les choses, donner aux téléspectateurs un travail de qualité.
Pourquoi vouloir faire 30 clips. Surtout que cela n’a jamais existé dans l’histoire de la musique sénégalaise ?
Parce que, aujourd’hui, nous ne sommes pas à moins de 962 titres auxquels vont participer des artistes des 16 pays de la Cedeao. Alors, moi je suis en retard, car tous ceux qui ont chanté ont déjà fait leurs vidéos clips. Pour être en phase avec eux, je suis obligé de faire du rattrapage avec 30 clips «artiste», 30 clips «tu seras», etc. Car, la finalité sera un duo entre eux et moi. en tout cas, l’ensemble des clips du projet font plu de 900 clips. Les 30 clips, c’est uniquement ma partie.
Qu’est-ce qui fait le succès de Papa Thione après 43 ans de carrière. Peut-on aussi dire que cette aventure est l’aboutissement de votre carrière ?
Pour le succès, je rends grâce au Bon dieu. Mais je pense que c’est dû à ma cohérence. Car, j’ai fait de mon mieux, toutes mes chansons ont une signification. Pas tous, parce que, parfois «ma xawa wacc yoon yii» (parfois je dérape). Mais cela fait 40 ans que je m’évertue à produire des textes de qualité. et avec modestie, je pense que mes chansons peuvent être enseignées dans les écoles. donc, je ne vais pas dire comme le pensent bon nombres de sénégalais que ce projet est l’aboutissement de ma carrière.
Peut-on dire que c’est une nouvelle page de votre carrière qui s’ouvre après vos déboires avec la justice sénégalaise ?
Moi, je ne cherche pas à rebondir. Parce que j’ai plafonné. Je ne suis pas en quête de reconnaissance. et il n’est pas du tout, question de revenir au premier plan ou de retrouver un quelconque public, après mes déboires avec la justice sénégalaise. Mais c’est juste une manière de prouver à la face du monde et surtout à ceux qui voulaient m’enterrer, que je suis un artiste, que je reste et je demeure un artiste. et quand on atteint un certain niveau, il n’y a plus de possibilité de rebondir. donc, je ne cherche pas à rebondir, je prouve juste encore une fois que je suis un artiste.