LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE EST EN RETARD EN AFRIQUE
Selon Alioune Sall, des études empiriques montrent qu’il y a une corrélation très forte entre l’âge médian d’une population et le recours à la violence comme mode de gestion des conflits et des contradictions
La transition démographique de l’Afrique a connu un ‘’retard’’, à l’inverse de sa croissance économique, constate le directeur exécutif de l’Institut des futurs africains (IFA), Alioune Sall, qui établit une relation de cause à effet entre l’âge médian de la population africaine et l’ampleur de l’insécurité et de la violence dans le continent.
‘’Il y a incontestablement une croissance rapide, même s’il faut la relativiser. Mais il y a surtout un retard dans la transition démographique de l’Afrique, alors que dans les autres continents, la transition démographique est avancée’’, a signalé M. Sall dans un entretien avec l’APS à l’occasion du 20e anniversaire du Forum de Bamako, qui s’est déroulé dans la capitale malienne de vendredi à dimanche.
En Afrique, la transition démographique est relativement lente, selon le sociologue et spécialiste de la prospective en Afrique.
‘’Cela tient en partie au fait que (…) la population africaine est jeune, d’autant plus que l’âge médian en Afrique tourne autour de 20 ans, ce qui (…) a une incidence sur les problèmes de sécurité’’, a expliqué le directeur de l’IFA, qui a donné un discours inaugural sur le thème ‘’Quelle Afrique à l’horizon 2040 ?’’, lors du 20e Forum de Bamako.
Selon Alioune Sall, des études empiriques montrent qu’il y a une corrélation très forte entre l’âge médian d’une population et le recours à la violence comme mode de gestion des conflits et des contradictions.
‘’Plus l’âge médian d’une population est bas, plus la tendance est forte à recourir à la violence. Ailleurs, où l’âge médian est plus élevé, il y a des instances de médiation’’, a ajouté M. Sall.
La démographie, ce n’est pas seulement la natalité, la mortalité et le solde migratoire, qui sont les trois déterminants de la croissance démographique, c’est surtout la qualité du capital humain, a précisé le directeur exécutif de l’IFA.
De ce point de vue, a-t-il poursuivi, on doit se poser des questions sur l’éducation, la santé et l’emploi, selon lui. ‘’Le grand défi qui se pose aujourd’hui, en ce qui concerne la démographie, c’est de savoir traduire le bonus démographique en dividende démographique’’, a souligné M. Sall.
‘’Et, pour moi, cela n’est pas une question de démographie, mais une question de politique publique pour faire en sorte que le capital humain soit disponible, qu’il soit éduqué et en bonne santé’’, a-t-il expliqué.
Concernant l’économie, M. Sall constate ‘’une multiplicité de systèmes de production dans tous nos pays, qui ne se traduit pas par un développement soutenu’’.
‘’Il y a très peu de connexion entre ces divers systèmes de production’’, a remarqué le prospectiviste, qui diagnostique dans plusieurs pays africains ‘’un système hautement capitalistique, où on trouve une multitude de très petites entreprises et un secteur informel non structuré, très important’’.
‘’Il y a aussi la forte dépendance qui caractérise les économies africaines, parce que l’Afrique est certainement le seul continent où l’on produit ce qu’on ne consomme pas, où on consomme ce qu’on ne produit pas’’, a expliqué M. Sall.
L’Institut des futurs africains a pour mission d’aider les pays africains à ‘’formuler une vision à long terme pour [leur] développement’’ et à ‘’promouvoir une planification et une réflexion stratégiques à long terme’’.