L'UCAD VEUT NOURRIR L'UCAD
Mise en valeur de ses 50ha dans la commune de Niakhène
Le recteur de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar a clôturé ce samedi le camp d'activités citoyennes organisé par son établissement dans la commune de Niakhène. Une occasion pour Ibrahima Thioub d'annoncer que son établissement va valoriser, dans le cadre de ces activités citoyennes vieilles de plus d'une dizaine d'années, les 50ha de terre offerts par la commune de Niakhène à l'Ucad.
Pour contribuer à la transformation de la société, l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) organise depuis plus d'une dizaine d'années un camp d'activités citoyennes dans la commune de Niakhène dans le département de Thiès. Ainsi et dans le cadre de ses activités, l'Université de Dakar a bénéficié de 50ha de terre offerts par ladite commune. Et pour les valoriser, le recteur de l'université annonce que son établissement compte y ériger un centre de santé et des logements pour des enseignants-chercheurs.
Egalement, poursuit le recteur de l'Ucad, «nous allons y construire des pavillons pour les étudiants pour y développer l'agroforesterie et des activités d'éducation à l'environnement et de recherche à l'environnement de même que des activités liées à la biologie végétale et animale qui sont des départements de notre université, sans compter les activités citoyennes ouvertes à tous les facultés, écoles et instituts de l'université».
Le recteur de poursuivre : «Nous avons également en vue d'y développer de la production parce que 50ha, c'est quasiment la superficie de l'Université de Dakar. Donc nous pouvons y développer énormément d'activités et l'objectif à long terme, c'est de faire que l'Ucad nourrisse l'Ucad. C'est cela le véritable projet.»
Ibrahima Thioub d'expliquer : «Nous avons 100 mille étudiants qui sont au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Le Coud peine à les nourrir. C'est au moins 30 mille œufs par jour qui sont consommés au Coud. Cela coûte très cher. Si l'université développe sa propre production dans son campus rural, elle pourra contribuer à nourrir ses étudiants. Et il est possible de les produire en rapport avec les communautés villageoises. Mais tout cela, nous le ferons avec les populations des collectivités où nous installons l'Ucad rurale pour transformer leurs pratiques productives et marchandes pour que ces populations puissent entrer en contact avec les étudiants et également contribuer à la recherche. Une recherche qui devra s'appliquer sur le terrain pour une amélioration des conditions de vie des populations. Voilà le sens de ces activités citoyennes qui sont menées au sein de l'Ucad rurale.»
Ruraliser les étudiants
Au-delà, le recteur de l'Ucad Ibrahima Thioub est revenu sur le camp d'activités citoyennes de son établissement et c'est pour dire qu'il permet aux étudiants de s'ouvrir davantage dans la société. «Le rôle de l'université, d'une université comme la nôtre, dans un pays comme le nôtre, c'est de contribuer à la transformation de la société. On ne peut pas transformer une société en lui tournant le dos, en s'enfermant et en se confinant à Dakar dans l'enceinte de l'université où on fera de la théorie et parlera de la société, mais notre action sur la société restera déficiente», dit Pr Thioub qui insiste :
«Le rôle de l'université, c'est de participer à la transformation de la société. Et en transformant la société elle-même se transforme, transforme dans ses approches pédagogiques et ses sujets de recherche pour aboutir à des résultats qui peuvent être directement utilisables au bénéfice du pays et de la population. C'est le sens que nous donnons à ces activités citoyennes.»
A son avis, quand on dit transformation citoyenne de l'université, c'est aussi transformation de ses acteurs, ses enseignants qui séjournent sur le terrain et ses chercheurs qui vont avoir de nouvelles perspectives. Egale ment ses personnels administratifs, techniques et de service, mais surtout ses étudiants puisque, affirme le recteur de l'Ucad, «on doit le dire, notre système scolaire hérité de la colonisation a cette fâcheuse tendance à prendre un enfant en bas âge, l'éloigner de plus en plus de sa société et l'amener même, au bout du processus, à non seulement ne plus connaître sa société, mais même arriver à la détester».
Pis, poursuit-il, «à avoir même honte de ses origines». Or, ajoute Ibrahima Thioub, «l'éducation doit être le contraire. C'est comme disait le Président Senghor, l'enraciner dans son milieu, mais non pas dans un milieu figé, mais un milieu à transformer, à améliorer les conditions de vie pour avoir un mieux-être. C'est ce que nous tentons de faire ici à Niakhène et ailleurs».
Il ajoute pour signaler : «Certains d'entre ces étudiants sont des citadins. Quand vous leur demandez le dernier village qu'ils ont visité, ils vous disent Rufisque. Alors, les amener à Wide Thiguoli dans le Fouta et à Niakhène, leur faire découvrir une autre réalité sociale, c'est leur permettre de prendre conscience des privilèges qui sont les leurs quand ils sont à l'université et la nécessité de tenir compte de l'état de leur propre société pour s'engager davantage.»