« 700 MILLIARDS DISPONIBLES À LA BANQUE CENTRALE »
Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba, en visite de travail hier, vendredi 8 juin 2018, à la Direction générale de la Comptabilité et du Trésor a affirmé que le Sénégal n’a pas de problème de trésorerie
Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba, en visite de travail hier, vendredi 8 juin 2018, à la Direction générale de la Comptabilité et du Trésor a affirmé que le Sénégal n’a pas de problème de trésorerie. Ainsi, selon lui, quelques 700 milliards sont disponibles à la Banque centrale pour faire face aux engagements du gouvernement. Mais « l’incertitude de l’environnement nous oblige à faire preuve de prudence », a-t-il fait valoir pour ainsi répondre aux détracteurs.
Avoir des poux dans la tête ne signifie pas manque d’hygiène. Peut-on ainsi qualifier les propos du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan Amadou Ba qui, à la suite des présentations faisant l’économie de la situation actuelle de Trésor public hier, vendredi 8 juin 2018, dans le cadre d’une visite de travail qu’il a lui-même effectuée à la Direction générale de la comptabilité publique et du trésor. Le ministre a laissé entendre qu’: «A la lumière des présentations faites ce jour, nous n’avons pas de problèmes de trésorerie. A cet instant précis, nous avons 700 milliards certifiés par le Trésorier général ici présent, et vérifiables au niveau de la Banque centrale. Sur ce, aujourd’hui, le directeur général peut se permettre de dire, je ne dois rien à aucune structure comme celui des Bâtiments et travaux public (Btp). Il aura raison. Demain, vous entendrez quelqu’un dire autrement sur la question et il aura certainement raison ou en partie. C’est parce que tout simplement, la comptabilité est complexe… Et lorsqu’une situation telle que débattue depuis des jours déjà se pose, c’est peut être au niveau du budget où effectivement, nous avons quelques contraintes. Et lorsque qu’on a de la trésorerie et que quelques contraintes se posent au niveau du budget, on peut laisser déraper…», s’est ainsi exprimé devant la presse et les agents des services relevant de son département pour justifier le pourquoi du comment des supputations notées çà et là ces temps-ci sur une présumée tension financière au Sénégal.
ABSENCE DE POLITIQUE DE PLANIFICATION OU POLITIQUE IMPROVISTE ?
Ces arguments laissent cependant perplexe plus d’un et à juste raison dans la mesure où ils ne rassurent point. Comment expliquer qu’avec une telle situation de trésorerie estimée à 700 milliards, le chef de l’Etat au motif de vouloir vaille que vaille baisser la tension universitaire ait pris la décision d’augmenter des bourses et appliquer une baisse du prix des repas dans les universités publiques du pays, en faveur des étudiants, en grève depuis la mort d'un des leurs au cours d'affrontements avec la gendarmerie le 15 mai dernier, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), alors que cela n’était inscrit dans le budget, soit environ 4 milliards à compter dès la rentrée prochaine. A cela, s’ajoute la dette de l’Etat aux établissements privés qui, sans doute, va connaitre une hausse avec l’arrivée des nouveaux bacheliers, les engagements syndicaux à respecter, la hausse du prix du baril de pétrole qui représente 20% de nos recettes fiscales. Il s’y greffe le ressenti noté dans le second semestre de l’année 2017, soit 160 milliards de moins-value, l’achèvement ou la poursuite des chantiers relatifs au Programme d'urgence de développement communautaire (Pudc), au Programme d'urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma), au Train express régional (Ter), aux Programmes et projets de construction, de modernisation et de finalisation des universités… A ce rythme, si le baril de pétrole venait à reprendre son prix d’or, alors comment y faire face?
L’INCERTITUDE APPELLE A LA PRUDENCE DE LA GESTION DU BUDGET
Il est avéré également que le vote d’un budget national ne signifie pas que l’Etat détient par devers lui l’argent liquide dans les caisses. C’est l'acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses de l'Etat pour une année civile, généralement constituée d'un ensemble des comptes qui décrivent toutes les ressources et toutes les charges de l'Etat et des ministères. Donc, de l’argent à mobiliser en prenant compte de la conjoncture.
Le gouvernement s’était engagé sur une cible budgétaire de 337 milliards. C’est-à-dire qu’on admet un niveau de dépense supérieur aux recettes de 337 milliards. Dès lors qu’on a une moins-value de recettes ou bien de 337 milliards, on part de 337 milliards plus la moins-value de recettes. Ce qui entrainerait un déficit budgétaire de 5 à 6%. L’application d’une telle mesure n’aurait pas pu permettre sur le marché international d’avoir une crédibilité sur le marché financier avec de bons taux (eurobonds). Ce qui représenterait une valeur de 50 milliards, voire plus. «Cette approche a permis au Sénégal même devant des économies plus solides, de scorer au mieux sur les marchés financiers», a soutenu l’argentier sénégalais.
Pour s’en convaincre, dira-t-il: «Nous avons pensé en 2017 ne pas agir et tout faire pour que la cible de déficit budgétaire soit respectée et reporter certaines dépenses pour 2018. Parce que le président de la République n’a pas voulu que l’on tire les conséquences de cette évolution du prix du baril de pétrole sur les prix à la pompe et sur l’électricité…», a fait valoir le ministre de l’Economie.
Mais, Mr le chef du département de l’Economie, on s’en souvient encore comme hier. Au cours de l’été 2014, le prix du baril de pétrole avait commencé à chuté. Et cela, jusqu’en 2016. Pendant longtemps, l’Etat est resté de marbre. Au même moment, le ressenti était noté dans bon nombre de pays comme le Mali qui s’approvisionne à partir de Dakar.