ABBAS JABER LÂCHE LA SUNEOR
Dix ans après son arrivée
L’actionnaire majoritaire, incapable de trouver des fonds pour relancer l’outil de production, a jugé bon de chercher un accord de retrait avec les autorités sénégalaises. Au grand bonheur des deux parties.
Qui reprendra l’ancienne Sonacos, dirigée pendant dix ans sous le nom de Suneor par Abbas Jaber ? Maintenant que le patron de la société Advens, qui avait repris la compagnie de trituration de l’arachide, a fini par trouver un accord avec l’Etat pour sortir du capital, il faut s’attendre à ce que le processus de privatisation soit relancé, après certainement une période d’administration provisoire.
Au vu des nombreuses difficultés que connaît l’entreprise de fabrication d’huile alimentaire, le gouvernement a obtenu de Abbas Jaber qu’il se retire de la Suneor, qui lui avait été cédée il y a exactement dix ans, très en-dessous de sa valeur.
Dix années au cours desquelles la filière arachide, que la privatisation devait permettre de relancer, n’a cessé de péricliter, du fait principalement que la plus grande entreprise de transformation de l’arachide connaissait d’année en année d’énormes difficultés pour acquérir et transformer sa part de la production nationale d’arachide. La Suneor en était arrivée depuis deux années environ, à devoir recourir à la garantie de l’Etat pour pouvoir lever des fonds auprès des banques, afin de financer sa campagne de commercialisation.
En acceptant de se retirer, Advens de Jaber ne semble pas avoir posé de préalable insurmontable. Le ministre de l’Economie, Amadou Ba, a annoncé la mise en place d’une Commission technique, qui va se déterminer, pendant dix jours de réflexion, sur les modalités de la séparation à l’amiable.
Parce que les autorités politiques sont conscientes que l’actionnaire majoritaire aurait pu les attaquer devant les tribunaux, ou même devant le Centre international de règlement des différends des investissements (Cirdi).
En effet, l’Etat n’a eu de cesse ces dernières semaines, de s’opposer aux tentatives de cession d’une partie du patrimoine de la Suneor. Abbas Jaber avait dû renoncer à se séparer des usines de Lyndiane et de Kaolack entre autres, sous la pression des autorités. Et même les terres de la Suneor, dans la zone du Port de Dakar, n’ont pu être aliénées, parce que l’Etat n’en voulait pas. Alors que la convention de privatisation donnait une jouissance pleine et entière au repreneur de tout son patrimoine.
Mais de son côté, comme dans le cadre de Transrail, le repreneur n’a jamais tenu ses promesses d’investissement, qui devaient permettre de relancer l’outil de production, plombé par diverses contraintes.
Quoi qu’il en soit, l’Etat devra relancer tôt ou tard le processus de privatisation de la Suneor, après une période plus ou moins longue d’administration provisoire. Reste à savoir si, contrairement à il y a dix ans, la mariée sera jugée suffisamment belle pour attirer plusieurs prétendants. Ou si l’on va se retrouver encore, comme la Senelec, avec une structure trop sensible pour être privatisée.