ABDOU SALAM SALL PRÉCONISE LA REFONDATION DU SYSTÈME
L’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est convaincu que le modèle éducatif néocolonial touche à sa fin
L’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) Abdou Salam Sall est convaincu que le modèle éducatif néocolonial touche à sa fin. Donc, inadapté au développement de l’éducation en Afrique en général et au Sénégal en particulier. Par conséquent, il ne doit pas être une affaire d’Etat et de bailleurs encore moins du corps social. Pour ce faire, il préconise la refondation du système éducatif par un financement innovent appelé crowdfunding impliquant la mise en place d’une banque de financement de l’éducation. Il l’a soutenu samedi dernier dans une conférence publique, dans le cadre des activités mensuelles de l’Arcade dénommées (Samedi de l’Economie).
Des moyens colossaux sont injectés chaque année dans le système éducatif, soit environ 6% du Produit intérieur brute (Pib) et sans impacts réels. Cet état de fait est constatable entre les moyens alloués (octroyés) et les résultats obtenus. Un paradoxe que l’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) Abdou Salam Sall justifie par la continuité du système néocolonial, lequel est en déphasage avec les enjeux de l’heure. Pour lui, «Les méthodes d’approche et les moyens d’actions pour une ‘’éducation libérale’’, inclusive, créative, et innovante, incluant valeurs et connaissances pour se hisser au rang des pays développés nécessitent la refondation de notre propre système éducatif». Il co-débattait samedi dernier sur le thème: «La problématique du financement de l’éducation en Afrique», dans le cadre des activités mensuelles qu’organise l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade) en collaboration avec la Fondation Rosa Luxembourg appelées «Samedi de l’économie».
Selon l’ancien recteur de l’Ucad et ancien président du Cnpael, promoteur du Centre Pémel de Podor et du Cmcp «Si l’école sénégalaise a produit plus de ‘’déchets’’ que de résultats positifs, c’est parce qu’elle a toujours été laissée et considérée comme unique propriété de l’Etat et soumise aux orientations des bailleurs de fonds qui se focalisent sur le taux d’échec et non sur le pourcentage de génies, à même de tirer vers le haut les moins intelligents». D’ailleurs, renchérit-il: «Les mauvaises conditions d’études constituent les vrais causes d’échecs des étudiants dans nos universités. Ils sont nombreux à échouer dans nos universités et à réussir plaisamment dans d’autres universités privées et instituts de formation professionnelle», a-til souligné. A l’en croire, le professeur: «Les ménages ont beaucoup contribué à l’éducation de nos enfants», a-t-il admis.
LA MISE EN PLACE D’UNE BANQUE EDUCATIVE
Face à cette déconfiture, après avoir jeté un regard prospectif sur ce qui se fait ailleurs notamment au Canada, aux Etats-Unis, en Belgique, en Jordanie…, le professeur Sall a préconisé la mise en place d’une banque de financement de l’éducation pour permettre, aux enseignants, étudiants…d’autofinancer leurs études. Selon lui «Cette banque devra remplir toutes les conditions de création d’une banque de financement avec des professionnels, mais sous la supervision d’un conseil d’administration mis en place par les financiers». Poursuivant son idée, il dira: «Avec une telle banque, il est même possible de promouvoir les plus brillants, en finançant gratuitement leurs études pour encourager les autres». Car, dira-t-il: «Point de développement sans des ressources humaines de qualités pour innover, créer… Mais, ce défi d’éducation doit emballer nos propres valeurs de respect aux anciens pour une meilleure employabilité (usage) des connaissances acquises». Pour s’en convaincre, il cite en exemple l’approche des mourides qui estiment être au nombre de 2 millions et si chacun donne 1000 FCFA par mois, ça fera 1 milliard le mois et 24 milliards l’année. Ce mécanisme de financement dans la religion est innovent et pourrait être expérimenté pour concourir grandement à la mise en place d’une banque éducative pour substituer le modèle classique qui n’est plus d’actualité.