ABDOULAYE DAOUDA DIALLO ANNONCE L’ARRIVÉE DE PARTENAIRES TECHNIQUES
L'activité ferroviaire Dakar-Bamako sera confié à de grands opérateurs
Accompagné d’Abdou Ndéné Sall (ministre délégué chargé du Développement des Chemins de Fer) et de ses principaux collaborateurs, le ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement a visité hier les chantiers, dans les ateliers centraux de Dakar-Bamako-Ferroviaire (DBF). Occasion saisie par Abdoulaye Daouda Diallo pour annoncer la décision du Président Macky Sall de confier l’activité ferroviaire à de grands opérateurs.
«Le chef de l’Etat a décidé de confier l’activité ferroviaire à de grands opérateurs». L’annonce est du ministre des Infrastructures, du Transport Terrestre et du Désenclavement qui effectuait hier une visite des chantiers, dans les ateliers centraux de Dakar-BamakoFerroviaire (Dbf). Abdoulaye Daouda Diallo été accueilli à la porte de l’entreprise par le sifflement du train distillé par un engin. Ce qui renseigne sur la préoccupation des différents acteurs de voir le train commencer à siffler dans toutes les gares.
La visite s’inscrit, selon le responsable apériste de Podor, dans une volonté de s’enquérir de la situation qui prévaut au niveau de Dakar-BamakoFerroviaire (Dbf). «Il y a quelques temps, des directives avaient été données à tous les collaborateurs au niveau de Dakar-Bamako-Ferroviaire (Dbf), pour une reprise effective des activités. Et à l’occasion de la cérémonie de levée des couleurs hier, le chef de l’Etat a réitéré son ambition résolue de relancer le chemin de fer au Sénégal. C’est pour non seulement prendre en charge le plein de fret existant, mais aussi pré- server les routes et réduire les risques d’accidents de la circulation», a soutenu l’ancien ministre de l’Intérieur. Il faut rappeler que Dbf, organe de transition entre la fin de la concession à la société Transrail et la mise en place d’un nouveau schéma institutionnel, a été créé en mars 2016. Mais depuis, l’entreprise bât de l’aile et ne parvient pas à sortir de la zone de turbulence, en raison notamment du manque de moyens comme les locomotives, et de la vétusté des rails.
Pour extirper l’entreprise de cette situation critique, les deux Etats en l’occurrence le Mali et le Sénégal ont financé en 2017 des pièces de rechange d’un coût de près de 500.000.000 Fcfa dont l’essentiel est réceptionné et utilisé dans l’opération de réhabilitation de deux locomotives. Mais pour la mise en circulation effective de ces deux locomotives, il faut un effort financier supplémentaire de 700 millions de FCFA, que les deux Etats ont décidé de prendre en charge pour assurer la relance effective de l’activité ferroviaire.
A cela, s’ajoutent s’y l’acquisition imminente de 6 nouvelles locomotives et le renouvellement de sections de voie dégradées, toujours par le biais des ressources de l’Etat. Selon Abdoulaye Daouda Diallo, cette dynamique obéit aux décisions prises, notamment dans le cadre de la réhabilitation. Pour qu’une activité ferroviaire soit effective, affirme le ministre, il faut deux paramètres importants. «C’est d’abord le rail. Actuellement, celui ne peut pas permettre d’avoir une vitesse commerciale acceptable, parce qu’il et mauvais par endroits et il faudra le réhabiliter». C’est pourquoi, les rails déposés dans le cadre des travaux du Train Express Régional (Ter) seront utilisés, pour réhabiliter les parties les plus atteintes, afin de permettre une certaine vitesse de circulation. En ce qui concerne la réhabilitation des wagons et des locomotives, renseigne Abdoulaye Daouda Diallo, une convention a été signée avec une entreprise installée au Sénégal, en l’occurrence Dangote. Celle-ci a besoin de transporter son ciment vers le Mali.
Pour cela, Dangote est autorisée à réhabiliter deux machines et une centaine de wagons, en plus des efforts qui seront faits par l’Etat dans ce cadre. A partir de cet instant, la situation sera maîtrisée. Ce sera précisément en fin septembre, mi-octobre. «A partir de cette date, l’activité ferroviaire sera beaucoup plus importante. Nous sommes également sur d’autres schémas plus volontaires et qui vont dans le sens d’une reprise totale de l’activité ferroviaire. Pour cela des solutions budgétaires maisons sont mises en œuvre et le chef de l’Etat a décidé de confier l’activité ferroviaire à de grands opé- rateurs, qui devront mettre tout ce qu’il faut, pour avoir définitivement un rail qui répondra aux normes. Il faudra nécessairement que les villes qui sont traversées par le rail (de Thiès jusqu’à Kidira, mais aussi du côté malien) puissent revivre. C’est pourquoi nous discutons avec nos homologues du Mali pour voir ensemble la solution à mettre son œuvre. Mes félicitations vont à l’endroit des cheminots, car nous avons traversé des moments difficiles, mais ils ont réussi, à force d’abnégation à maintenir le flambeau. Aujourd’hui, avec le soutien du chef de l’Etat, ces difficultés sont en train d’être dépassées», affirme le ministres des Infrastructures.
UNE VOLONTE DE TOURNER DEFINITIVEMENT LA PAGE SOMBRE DU CHEMIN DE FER
La volonté par l’Etat du Sénégal de tourner définitivement la page sombre du chemin a été récemment exprimée par Abdou Ndéné Sall, ministre délégué auprès du ministre des Infrastructures, chargé du développement des chemins de fer. Dans une contribution qu’il devait faire lors du forum organisé par Serigne Mbacké Ndiaye, il soutenait que «le Président Macky Sall a décidé de remettre le rail au cœur des politiques publiques, à travers l’ambition de reconstruire le capital infrastructurel existant, notamment la ligne DakarBamako et de hisser le chemin de fer du Sénégal aux standards les plus modernes à travers le lancement du projet de Train Express Régional (Ter)». A l’en croire, le secteur ferroviaire se trouvait dans un état de quasi abandon depuis des décennies. Et en 2012, année de son accession à la magistrature suprême, le Président Macky Sall a trouvé dans ce secteur un énorme déficit d’investissements, une dégradation de l’infrastructure et du matériel, faute d’un minimum de maintenance, de faibles performances du management, ce qui a conduit à la mise en concession de l’axe DakarBamako à partir du 1er octobre 2003. Il était attendu, dit-il, la mise en œuvre d’un ambitieux programme d’investissement. «Cet espoir a été rapidement déçu du fait d’une instabilité de l’actionnariat de la concession, de faibles capacités financières des concessionnaires qui se sont succédé) et de l’absence de vision à long terme. La gestion du chemin de fer, du fait des volumes d’investissement requis pour l’infrastructure, doit s’inscrire dans le temps long et requiert des concessionnaires une solidité financière permettant d’exploiter et d’investir avec une contrainte de délai de retour sur investissement supérieure à la moyenne des secteurs à plus faible intensité de capital. C’est fort de ces constats que les deux Etats du Sénégal et du Mali ont décidé de résilier la concession et de mettre en place un organe transitoire binational de gestion de l’activité ferroviaire sur l’axe Dakar-Bamako», indique Abou Ndéné Sall. A l’en croire, les deux Etats continueront de soutenir l’activité ferroviaire sur cet axe en termes de salaires et d’investissements minimaux jusqu’à ce que la structuration des financements pour une réhabilitation complète soit effective. «Et parallèlement, des partenariats sont développés avec le secteur privé, pour lui permettre d’accompagner Dakar Bamako Ferroviaire (DBF) en investissant dans le matériel (locomotives et wagons) qui sera dédié à l’évacuation du ciment. C’est dire que l’Etat dans des conditions difficiles et sur son budget, a maintenu et supporté l’activité ferroviaire en assurant aux cheminots le paiement régulier et intégral des salaires. Le dossier des arriérés de paiement des indemnités de retraites est en cours d’examen avancé au ministère de l’économie des finances et du Plan».
MAME DEMBA DIAKHATE, SG SATRAIL «Nous avons bon espoir, mais nous attendons la réalisation des promesses»
Les partenaires sociaux ont salué la visite du ministre Abdoulaye Daouda Diallo, en recevant la délégation au niveau de la mythique fosse, qui symbolise les luttes syndicales dans l’entreprise. Selon Mame Demba Diakhaté, secré- taire général du Syndicat Autonome des Travailleurs de Transrail (Satrail), la famille cheminote encourage le ministre Abdoulaye Daouda Diallo. «Sa volonté de trouver une solution à l’agonie du chemin de fer ne fait l’ombre d’aucun doute. En attestent les diffé- rentes rencontres qu’il a eues avec les partenaires sociaux, entourés de ses techniciens», dit-il. Selon lui, l’espoir est de retour dans le cœur des cheminots à la suite de cette visite, mais il est aussi attendu sur la réalisation concrète des promesses. A ce sujet, Mame Demba Diakhaté souligne la nécessité de résorber le gab de 200 millions de Fcfa sur les salaires des travailleurs, mais aussi la mise à disposition du complément des pièces de rechange dans le cadre de la réhabilitation des machines. Il s’y ajoute le paiement des indemnités de départ aux agents retraités et sur ce plan le ministre a annoncé que les instructions ont été données pour la paiement dans les meilleurs délais.