AIR SÉNÉGAL SUR UNE MAUVAISE PENTE
Fierté de plusieurs voyageurs sénégalais, la compagnie nationale n’en finit pas de fâcher certains de ses clients, à cause d'innombrables retards et des défauts de qualité du service. Sur les réseaux sociaux et au sein de l'opinion, la grogne se multiplie
Objet de beaucoup de passion, Air Sénégal se trouve, à nouveau, depuis quelques jours, au centre de nombreuses polémiques. Au menu des discussions, il y a surtout les retards significatifs sur les vols de la compagnie nationale. Dernièrement, un post du président d’Afrikajom Center, Alioune Tine, avait relancé le débat autour du pavillon national.
Alors qu’il était en partance pour Bamako, l’ancien président de la Rencontre africaine de défense des Droits de l’homme (Raddho) a dû attendre plusieurs heures, avant de voir son vol. Ce qui l’avait poussé à faire un post sur Twitter pour alerter.
Joint par téléphone, il revient sur ce qu’il considère comme un épisode malheureux. ‘’C’était un grand retard. Le départ était prévu à 15 h 45 mn, mais on n’a pu quitter qu’après minuit. Et on n’a été informé du report qu’à l’aéroport’’. Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter : ‘’Au retour, le 5 août, il y avait une nette amélioration. Mais on a tout de même eu un retard de 30 minutes. Je dois aussi dire qu’à l’aller, suite au post que j’avais fait, il parait que le directeur général avait fait une sortie pour s’en excuser.’’
Selon beaucoup de témoignages, ce problème est devenu très récurrent dans les vols de la compagnie nationale. A en croire certaines sources, c’est surtout dû à un déficit de personnels qualifiés. ‘’Au lieu de mettre l’accent sur les compétences et le mérite, les gens s’appuient sur des critères subjectifs pour recruter les personnels, pour promouvoir certains agents, au détriment des plus méritants. Il y a un vrai problème au niveau du fonctionnement de la compagnie et c’est vraiment très dommage, parce qu’elle était très bien partie’’, rapporte ce professionnel de l’aviation. Notre interlocuteur de donner l’exemple des PNC (personnels navigant de cabine) qui, selon lui, ont un rôle très important à jouer en matière de sureté et de sécurité.
‘’Aujourd’hui, fulmine-t-il, non seulement il n’y en a pas suffisamment - il suffit qu’une personne soit empêchée pour que la compagnie ait des difficultés - mais aussi, il y a un sérieux problème de management de ces agents disponibles’’. Pendant ce temps, regrette notre interlocuteur, des gens formés à bonne école et qui ont de l’expérience sont laissés en rade.
Pour d’autres, ce qui fait le plus mal, c’est la gestion des retards. ‘’Très souvent, la compagnie ne prend pas les devants pour informer les passagers. C’est ce qui exaspère le plus les clients. Il faut vraiment revoir le service’’, soutient ce travailleur à l’aéroport.
Sur les plateformes d’échanges réunissant les passionnés de l’aéronautique, certains trouvent les accusations et autres critiques très sévères. Pour les uns, toutes les compagnies connaissent des retards. Surtout en ces temps de pandémie, avec tous les protocoles à respecter. Malgré nos tentatives de recueillir leur version des faits, les responsables ont préféré s’emmurer dans le silence.
Il faut le souligner, ces couacs tranchent d’avec les ambitions XXXL affichées par la compagnie depuis son lancement, il y a quelques années. Pourtant, le plus difficile semble avoir été fait, car le pavillon national a pu bénéficier d’un bon capital sympathie auprès des voyageurs sénégalais.
Pour beaucoup, ces difficultés devraient être gérées au plus vite, avant que les clients ne boudent la compagnie nationale. Ce qui pourrait la précipiter vers le même sort que ses prédécesseurs, malgré les efforts colossaux du gouvernement.
Dans la foulée, certains de nos interlocuteurs ont tenu à signaler que les problèmes de retard ne concernent pas qu’Air Sénégal. L’aéroport aussi en souffre. ‘’Certains voyageurs peuvent attendre jusqu’à une ou deux heures pour avoir leurs bagages. C’est trop. En temps normal, c’est juste une trentaine de minutes ou moins, en tout cas’’, confie un agent. Pour lui, c’est de la responsabilité de la société d’assistance. Il justifie : ‘’Lors de la pandémie, il y avait des licenciements, à cause de la baisse du trafic. Aujourd’hui, lorsqu’une grande compagnie arrive la nuit, il y a problème.’’