« C’EST ARCHI-FAUX, ECOBANK N’A SAISI AUCUN SALAIRE »
Entretien avec Habib Ndao, secrétaire exécutif de l’observatoire de la qualité des services financiers
Dans un dossier réalisé par Sud Quotidien et intitulé la «Grosse arnaque des banques» publié le 6 septembre 2018, le président de l’association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif) Famara Cissé, n’avait pas été tendre avec certaines banques. Particulièrement EcoBank. Mais la réplique ne s’est pas faite attendre. Après avoir saisi la Rédaction, le secrétaire exécutif de l’observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf), Habib Ndao balaie d’un revers de la main ces accusations. Pour lui, «c’est archi faux, EcoBank n’a saisi aucun salaire». D’après ses explications, c’est le compte du trésor à la Bceao qui a été débité et toutes les banques ont reçu les virements à bonne date et au moment de traiter les salaires des fonctionnaires au sein de Ecobank qu’il y’a eu un «bug informatique occasionnel» et il fallait redémarrer tout le système. Ce qui selon lui, peut prendre 24 heures.
Pouvez-vous nous rappeler les missions de l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf) ?
L’Observatoire de la Qualité des Services Financiers (Oqsf) se positionne comme l’épicentre de l’inclusion financière qui est une condition nécessaire pour atteindre l’inclusion sociale pour un Sénégal qui marche pour tous. Pour adapter nos missions à la déclinaison du Pse, nous avons décidé d’impulser de nouvelles orientations stratégiques qui s’articulent autour des axes ci-après : Information/Formation/Médiation financière ; Accompagnement des populations, en jouant le rôle d’interface entre les opérateurs de services financiers (banques, institutions de microfinance, sociétés d’assurance, La Poste) et les usagers et clients. En somme, notre mission principale est de donner plus de confiance aux clients et usagers envers notre système financier, ce qui pourrait favoriser de plus en plus d’inclus dans le système, réduire l’asymétrie d’information et décourager ainsi les transactions fiduciaires hors système, plus précisément le secteur informel.
Qu’en est-t-il de cette histoire de rétention des salaires des fonctionnaires par ECOBANK ?
Rires. J’ai entendu dire que ECOBANK avait saisi les salaires des fonctionnaires domiciliés chez elle en compensation d’une prétendue dette que leur devait le trésor. C’est archi-faux ! Par la grâce de Dieu, depuis l’indépendance, l’Etat du Sénégal n’a pas connu de problème de paiement des salaires sauf en 1993 où il y’avait un retard de 5 jours dans la mobilisation des ressources. En fait de quoi il s’est agi ? Le compte du trésor à la BCEAO a été débité et toutes les banques ont reçu les virements à bonne date et au même moment. Malheureusement au moment de traiter les salaires des fonctionnaires au sein de cette banque il y’a eu un bug informatique occasionnel et il fallait redémarrer tout le système, ce qui peut prendre 24 heures vu les millions de données à mettre à jour. Autre chose, très importante à préciser, c’est que nul ne peut faire exécuter l’Etat même si vous gagnez un procès contre lui. J’en profite pour vous dire qu’en tant qu’observateur des services financiers, nous rassurons les populations que ECOBANK se porte très bien avec un bénéfice du groupe consolidé qui s’élève à plus de 126 milliards et plus de 5100 milliards de concours à la clientèle au niveau groupe .
Donc que peut bien faire l’OQSF pour protéger les usagers des services financiers ?
Comme je vous l’ai souligné tantôt, L’Etat du Sénégal a créé l’OQSF d’abord dans le but de veiller à la transparence dans les activités des opérateurs financiers, de favoriser le jeu de la concurrence, d’accompagner les usagers et clients dans leur relation commerciale avec le secteur financier à travers un dispositif interne de médiation tout en les informant sur les choix judicieux à faire pour les divers produits offerts grâce à un programme d’éducation financière élargi aux masses.
Tous ces reproches faits aux banques ne contribuent-ils pas à plomber la promotion de l’inclusion financière ?
En faisant référence à l’inclusion financière, vous venez de toucher du doigt le centre de gravité où converge l’ensemble des intérêts des acteurs du secteur et mettre en exergue une vérité incontestable. Les banques, les assurances sont les alliés des usagers et clients. Les associations de protection des consommateurs des services financiers bien souvent n’évaluent que les torts faits aux usagers et s’abstiennent de regarder les soucis et les préoccupations des banques. Savez vous que les banques à fin décembre 2017 ont injecté sous forme de crédits plus 4.447 milliards FCFA dans l’économie sénégalaise alors que les créances en souffrance s’élèvent au même moment à 680 milliards FCFA. Cependant, nous admettons que les banques ne sont pas exemptes de reproches. Ainsi, nous nous efforçons avec la Bceao de les pousser à être plus compétitifs en terme de tarification et innovant en terme de produits/services afin d’éviter une fragilisation de l’optimisme de la clientèle par une obsession à tout va de faire des bénéfices.
Comment faire pour promouvoir l’inclusion financière et quelle est son utilité ?
Le contexte est marqué par la faiblesse des taux de bancarisation et de pénétration de l’assurance. Ainsi, la promotion de l’accès aux services financiers devient un facteur déterminant de performance du secteur, de la mobilisation de l’épargne, de relèvement du taux de financement de l’économie et in fine de renforcement de l’inclusion financière. La nouvelle orientation de l’Oqsf est de renforcer l’accompagnement des populations pour un accès plus facile aux services financiers, les rassurer, pour stimuler leur confiance vis-à-vis des banques, des compagnies d’assurance, des institutions de microfinance avec un dispositif de médiation gratuite en cas de litige ou d’incompréhension entre usagers et opérateurs financiers. Dans ses orientations stratégiques à court et moyen terme, l’Oqsf se fixe comme défi majeur de contribuer à la facilitation de l’accès des populations aux services financiers de base à des coûts plus réduits, en droite ligne de la volonté affichée par les autorités de promouvoir le Low Income Banking (LIB) et le Low Income Insurance (LII). De même, l’Oqsf entend pleinement contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (Snif) à travers la pérennisation et l’élargissement du programme national d’éducation financière, la poursuite de la vulgarisation du dispositif de médiation financière et la promotion des services minimum de base.
Quelles sont les voies de recours autres que juridiques dont disposent les usagers en cas de litige avec les institutions financières ?
Il y a tout d’abord le mécanisme de recours externe, gratuit et à l’amiable avec l’institution du dispositif de médiation financière logé au sein de l’Oqsf et dont la fonction est assurée par deux médiateurs. Entre 2010 et 2017, la médiation de l’Oqsf a traité un nombre cumulé de 1909 dossiers dont 1067 relevant de la médiation bancaire 842 pour la médiation des assurances, avec un taux global de succès de 90% au profit des usagers. Il y a également l’information continue du public sur les services financiers que l’Oqsf s’exerce quotidiennement à mener au profit du grand public et les meilleures pratiques à capitaliser à travers différents canaux d’information notamment le numéro vert, le comparateur des banques, les spots et le site web.