DAKAR ET LA HANTISE DU CORONAVIRUS
Depuis l'apparition de l'épidémie, une certaine peur s'est emparée des clients et des vendeurs sénégalais qui travaillent avec les chinois - L'affluence dans les magasins et sur les rues adjacentes de la capitale s'en trouve amoindrie
Le Coronavirus affecte les économies des pays qui entretiennent des liens commerciaux forts avec la Chine. En plus du ralentissement des importations, les enseignes chinoises et leurs partenaires sénégalais sont souvent désertés par des clients apeurés.
Aux Allées Centenaires de Dakar, l'affluence dans les magasins chinois et sur les rues adjacentes n'est pas aussi grande que d'habitude.
Depuis l'apparition du Coronavirus, une certaine peur s'est emparée des clients et des vendeurs sénégalais qui travaillent avec les citoyens chinois.
Khadija Gaye explique qu'elle "a peur quand on entend que les Chinois débarquent toujours au Sénégal". D'après elle, même les clients ont peur, c'est pourquoi "certains mettent des masques pour venir acheter", tandis que "d'autres se contentent juste de rester devant la boutique pour marchander".
Même si aucun cas de coronavirus n'a été détecté au Sénégal, Khadija affirme que les vendeurs du marché chinois de Dakar ne sont "pas vraiment rassurés" parce que "les frontières ne sont pas fermées" et il est "normal" que ça "suscite de l’inquiétude d'autant plus qu'il y a des Chinois qui débarquent jusqu’à présent au Sénégal".
La vendeuse ne cache pas sa "peur" et son "impuissance" face à l'absence de dispositif "visible" de l'État dans ce marché d'habitude très prisé.
Cette peur a fini par avoir une forte incidence sur le chiffre d'affaires des marchands de produits venant de la Chine.
C'est le cas d'Adama Diaw, un marchand qui côtoie les Chinois de Dakar depuis plusieurs années. Il avoue que c'est la première fois qu'il observe un tel ralentissement des activités. "Le rythme du travail a considérablement baissé et bon nombre de nos marchandises en provenance de la Chine commence à se raréfier", confie le vendeur.
Il estime qu'il y a de quoi avoir peur pour les affaires parce que le marché chinois est mondial alors si que leurs produits ne passent plus ça se ressent.
Pour Adama, les grands pays comme les États-Unis et la France ressentent certainement moins alors que pour "les pays comme le Sénégal qui ne vivent que de produits importés", c’est très difficile dans tous les domaines.
Malgré cette baisse du chiffre d'affaires et la présence dans les esprits du Coronavirus, certains vendeurs comme Khadim Diagne gardent espoir et estiment qu'il ne sert à rien de stigmatiser les Chinois vivant au Sénégal. "On n'a pas peur parce qu’au moment de l’épidémie nos collaborateurs n'étaient pas en Chine" déclare-t-il avant de tempérer "il est quand même important de prendre toutes les précautions et bien filtrer les entrées dans le pays".
Pour Khadim, il n'y a aucune raison d’avoir peur. "Certes, je n'ai pas vu de nouveaux entrants chinois dans le pays mais les rumeurs persistent là-dessus et cela peut amener la panique même si on est habitué à les côtoyer quotidiennement", reconnaît le jeune marchand qui pense que "globalement il n'y pas de raison d'avoir peur parce qu'il n'y pas encore de cas confirmés au Sénégal".
Au-delà des interrogations et des polémiques que le coronavirus a soulevées avec notamment la question du rapatriement des 13 étudiants sénégalais de Wuhan, force est de constater que ce virus qui fait des ravages en Chine n'épargne pas les commerces de produits chinois dans la capitale sénégalaise.