FCFA, LA GAUCHE A COMPRIS LA MANOEUVRE DE MACRON
L’économiste Demba Moussa Dembélé réagit à l'adoption ce jeudi, du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre le gouvernement de la République française et les gouvernements des Etats membres de l’UMOA
Le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre le Gouvernement de la République française et les Gouvernements des Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine" a été adopté par l’Assemblée nationale française. Sans le groupe de la Gauche démocrate et républicaine et celui de la France Insoumise, qui ont voté contre. L’économiste Demba Moussa Dembélé croit savoir pourquoi.
"Torpiller le processus vers l’ECO"
"Je pense que le fait que la gauche en France ait refusé de voter cette loi, cela veut simplement dire qu’en fin de compte, cette gauche a compris que c’était une manœuvre de la part du Gouvernement français pour torpiller effectivement le processus vers la monnaie unique de la CEDEAO, a-t-il décrypté. Ce que Macron et Alassane Ouattara avaient signé le 25 décembre 2019, lors de la visite de Macron, à Abidjan, c’est cela qui a été aujourd’hui voté par l’Assemblée nationale française. Je pense que c’est clair. Aujourd’hui, la France ne veut pas du tout lâcher ses anciennes colonies. La France fera tout pour se raccrocher à nos pays pour les empêcher non seulement d’avoir leur souveraineté monétaire mais aussi de choisir leur propre voie vers le développement. Ce qu’il faut savoir c’est que les pays africains, Sénégal, Côte d’Ivoire et autres, leur avenir est dans la CEDEAO et dans l’unité de l’Afrique." "Il faut que les Africains sachent que cette loi n’a rien à voir avec les intérêts de l’Afrique. C’est plutôt de pérenniser la domination de la France sur nos pays", a-t-il insisté.
"Par un accord avec les autres chefs d’État de l’UEMOA, nous avons décidé de faire une réforme du franc CFA avec les trois changements majeurs suivants : tout d’abord, le changement du nom de la monnaie du franc CFA à l’éco. Deuxièmement l’arrêt de la centralisation de 50% de nos réserves de change au Trésor et la fermeture du compte d’opération. Troisièmement le retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA", avait annoncé le président ivoirien, Alassane Ouattara, aux côtés d’Emmanuel Macron.
Une déclaration qui ne reçoit toujours pas l’assentiment de beaucoup d’économistes africains, dénonçant une réforme qui n’a qu’un seul but, celui "d’anéantir" la mise en place de l’ECO. Selon nombre d’entre eux, des points relatifs à la garantie française, au libre-transfert des capitaux, entre autres, restaient en suspens.
Déjà, "la parité fixe avec l’EURO est maintenue", fustigeait alors Cheikh Fatma Diop, analyste financier, intervenant sur les questions d’instruments de financement de commerce international.
Pour Ndongo Samba Sylla, économiste sénégalais, « Macron et Ouattara se sont seulement débarrassés des atours les plus polémiques (du Franc CFA) » et signent ainsi le décès du projet d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO.