IL FAUT AVOIR DES POLITIQUES SECTORIELLES ADEQUATES
Invité à l’émission «LR du temps» sur «iradio», le doyen honoraire de la Faculté des Sciences Economiques et de gestion (Faseg), Pr Moustapha Kassé, a indiqué qu’il faut avoir des politiques sectorielles adéquates pour résoudre ce fléau

Une étude de l’Organisation internationale du travail (Oit) a révélé récemment que le Sénégal fait partie des trois pays où le taux de chômage est le plus élevé au monde. Invité à l’émission «LR du temps» sur «iradio», le doyen honoraire de la Faculté des Sciences Economiques et de gestion (Faseg), Pr Moustapha Kassé, a indiqué qu’il faut avoir des politiques sectorielles adéquates pour résoudre ce fléau.
Comment régler la sempiternelle question de l’emploi des jeunes ?
Pour Pr Moustapha Kassé, c’est en faisant travailler tous les secteurs. Dans un contexte où l’OIT a révélé une étude qui classe le Sénégal parmi les pays où le taux de chômage est très élevé, l’infatigable économiste soutient : «C’est en faisant travailler les secteurs. Il faut avoir des politiques sectorielles adéquates. Une agriculture qui marche, un secteur industriel performant, un secteur tertiaire qui accompagne bien. Un paquet technologique et d’innovations qui marchent fondamentalement.»
A l’en croire, tout cela doit être mis ensemble pour doper les acteurs afin qu’ils puissent faire booster les entreprises créatrices d’emplois. Connu pour son expertise avérée dans le domaine de l’économie, Pr Kassé a indiqué sans le dédouaner pour autant que l’Etat ne peut pas créer beaucoup d’emplois. C’est le secteur privé, d’après lui, qui crée à la fois et la richesse et l’emploi. Il signale en outre l’importance de rendre viable le secteur informel. «Ce secteur fait l’essentiel de l’économie et est extrêmement créatif mais se situe dans une contrainte majeure qui est le financement», se désole l’économiste. Soulignant que l’appellation a été imposée par les institutions internationales, Pr Kassé déclare : «Le secteur informel, quelle que soit son appellation, c’est son apport économique qui compte. Vous avez un secteur qui vous apporte 87% de votre emploi et qui est devenu le pilier de sécurité sociale.»
«LES TRANSFORMATIONS STRUCTURELLES INDIQUEES DANS LE PSE SONT JUSTE UNE DECORATION»
Par ailleurs, s’exprimant aussi sur la problématique de la relance économique et surtout sur les prévisions optimistes du gouvernement qui pense à un taux à deux chiffres (13,7%) en 2023, Pr Moustapha Kassé a déploré la vacuité de la notion de transformation structurelle qui se trouve dans tous les documents du PSE. «Dans le PAP2, ils nous disent qu’on réussira après avoir fait les transformations structurelles de l’économie. Ça ressort dans tous les documents du PSE. Mais alors, vous ne trouverez jamais le contenu exact de la transformation structurelle .C’est une décoration j’allais dire.
La transformation structurelle, cela veut dire que vous modifiez systématiquement votre système économique dans l’ensemble premièrement, et deuxièmement que vous voyez exactement les contraintes qui bloquent le développement de l’économie, troisièmement les acteurs et à partir de cela, vous vous fixez des objectifs très précis. Vous dites : je veux réaliser en 2022 13,7% », fulmine-t-il avant d’ajouter : «Ces prévisions vont poser problème dans la réalité. Ils envisagent sur le plan du financement 14 000 milliards et 9 000 milliards pour le secteur privé. Ce qui fait près de 33% des investissements. Est-ce possible quand on connaît les contraintes du secteur privé qui est la jambe faible de l’émergence ?». A l’en croire, tout le plan d’investissement a été fait par l’extérieur et l’Etat. Et à l’extérieur, signale-t-il, il y a une crise généralisée, une gigantesque mobilisation d’argent. «Cela veut dire que les marchés financiers seront durement sollicités», renchérit Pr Kassé qui ajoute aussi que le gouvernement ne peut pas parler de relance alors que son économie est par terre. Se désolant dans la foulée du fait que l’Etat a toujours misé sur le secteur privé sans pour autant lui donner sa chance.