INTERROGATIONS SUR PLUS DE 700 MILLIARDS INVESTITS EN 4 ANS POUR ACCÈS À L'ÉLECTRICITÉ POUR TOUS
L’accès universel et durable à l’électricité en qualité et en quantité en milieu urbain et rural est plus que préoccupant.
Le projet de budget 2021 du ministère du Pétrole et des Energies a été adopté hier, dimanche 6 décembre, par les députés. Il est arrêté à la somme de 210.361.658.201 F CFA. Les députés ont exprimé la forte demande des populations rurales pour l’accès universel et durable à l’électricité à travers la connexion au réseau de la Senelec, à l’électrification rurale et les énergies renouvelables.
L’accès universel et durable à l’électricité en qualité et en quantité en milieu urbain et rural est plus que préoccupant. Ce, en dépit des efforts consentis en investissements depuis 2018, ayant permis d’atteindre 53,9% d’électrification rurale en fin 2019 et une moyenne urbaine en deçà de 80%. Fort de tout cela, le député Serigne Bara Doly Mbacké a estimé que ce n’est pas normal que la Senelec continue à engloutir des sommes d’argent colossales pour faire du surplace. Ainsi dira-t-il : «de 2018 à ce jour, d’importantes sommes d’argent ont été allouées au ministère du Pétrole et des Energies notamment à la Senelec pour améliorer l’accès à l’électricité, en qualité, en quantité et au prix abordable. Mais, la Senelec peine à assurer la fourniture correcte en électricité». Selon lui, «la Senelec ne peut pas continuer à réclamer plus d’argent sans faire de résultats palpables», se désole-t-il. Pour s’en convaincre, il fait le point : «en 2021, plus de 210 milliards, 2020 plus 255 milliards, 2019 plus de 123 milliards et 116 milliards». Donc, poursuit-il, «pas moins de 700 milliards de francs CFA ont été injectés». Il poursuit : «dans bien des localités de l’intérieur du pays se pose un véritable problème de disponibilité d’électricité.
Des poteaux ont été déposés dans ces localités depuis 2014, jusqu’à ce jour les populations continuent à vivre dans le noir». Dans le document du projet de budget 2021 du ministère du Pétrole et des Energies, remis à la presse, le ministre des Finances et du Budget, abordant la question relative aux obligations impayées au profit de la Senelec, a rappelé que beaucoup d’efforts ont été faits dans ce sens. A ce titre, il a indiqué que «pour l’année 2019, 125 milliards de F CFA ont été transférés à la Senelec pour faire face aux impayés de 2017 et 2018. Pour l’année 2020, 73 milliards de F CFA ont été mobilisés au profit de la Senelec», a-t-il informé.
Clarté du contrat Senelec/Akilee réclamée
Les députés Mamadou Diop Decroix et Serigne Bara Doly Mbacké ont souhaité par ailleurs voir plus clair dans le contentieux opposant Senelec à Akilee. «Comment en est-on arrivé à cette situation ?», ont-ils dit en interpellant la ministre Sophie Gladima. Les commissaires ont sollicité des éclaircissements sur ledit contentieux. Ils ont également demandé au ministre du Pétrole et des Energies de prendre en compte les préoccupations des compagnies d’assurances, afin de développer la capacité du marché Sénégalais des assurances, et d’accroitre les opportunités offertes par le secteur des hydrocarbures.
La Société africaine de raffinage (Sar) en débat
Parlant de la Société africaine de raffinage (Sar), les députés se disent préoccupés par la situation tendue à la Sar qui, si rien n’est fait, pourrait porter préjudice à la bonne distribution des hydrocarbures. Ils ont invité la ministre de tutelle à trouver rapidement une réponse à cette situation. En réponse aux préoccupations des députés, la ministre Sophie Gladima a tenu à rassurer. «Nous y sommes. C’est un conflit que nous essayons de régler. Je rappelle que nous avons réussi à nommer un nouveau directeur général de la Sar et nous entendons y arriver de concert avec les parties en conflit».
L’électrification rurale fortement réclamée
Ils sont nombreux à réclamer l’électrification rurale dans bien des localités du Nord, du Centre et du Sud du pays. Ceci montre à suffisance la forte demande d’électrification des populations du milieu rural. Car, pour certaines localités, des poteaux ont été installés sans électricité depuis des années ; d’autres localités, traversées par des lignes de haute tension sans être branchées au réseau électrique, réclament fortement la connexion au réseau électrique. Ils ont souhaité bénéficier au Programme de 100.000 lampadaires solaires décidé récemment par le président de la République Macky Sall, sur demande des maires.
Energies renouvelables
En réponse à la demande fortement exprimée par les députés, la ministre du Pétrole et des Energies dira que la stratégie consiste à valoriser l’important potentiel du pays par la diversification des sources de production, avec l’intégration des énergies renouvelables pour un objectif d’au moins 30% de la puissance installée d’ici la fin de l’année, contre 23% actuellement. La ministre Sophie Gladima de souligner que la mise en œuvre de la première phase du Programme de généralisation de l’éclairage public par voie solaire, sur les 50.000 prévus, est en cours. Elle informera que le projet de Suivi et d’analyse de la facture d’électricité de l’Administration (Sardel), mis en œuvre depuis 2016, a permis de réaliser des économies financières globales de l’ordre de 3,5 milliards de F CFA, soit une moyenne de 886 millions de F CFA par an. Elle ajoute : «195.288 lampes à économie d’énergie ont permis de réduire les consommations d’énergie ; soit une baisse des dépenses d’électricité de 2,82 milliards de F CFA par an».
2020, année record en réalisations
S’agissant des réalisations, la ministre Sophie Gladima dira que des progrès notoires ont été enregistrés durant l’exercice 2020, dans le secteur du pétrole et des énergies, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations et de soutenir la compétitivité des entreprises, malgré la pandémie de Covid-19. Pour ce qui concerne l’électricité, elle indiquera que pour la production, le pari de la disponibilité (MW) d’ici la fin de cette année contre 1249 MW en 2019 grâce notamment aux nouvelles réalisations essentiellement en énergies renouvelables. Elle ajoute que tous que ces projets porteront aussi l’offre d’énergie propre à 456 MW, d’ici la fin 2020, soit un taux propre de 34% incluant l’énergie hydroélectrique issue des barrages de Manantali et Félou, dans cadre de l’Omvs.
Vers une étude de l’état des lieux
Face à toutes ces doléances, la ministre du Pétrole et des Energies a laissé entendre que le travail de terrain va se faire pour permettre de mieux comprendre, aux fins d’apporter les réponses idoines aux préoccupations des populations. «Nous allons faire l’état des lieux pour apporter les réponses idoines aux préoccupations des députés», a-t-elle dit.