LA BANQUE MONDIALE TIRE LA SONNETTE D’ALARME
Situation économique du pays
Le ministère des Finances et la Banque Mondiale (BM) ont procédé, hier, à la Revue du portefeuille des opérations de l’institution de Breton Wood au Sénégal. Et le moins que l‘on puisse dire, c’est que le constat fait par l’institution financière est très alarmant. En effet, de l’avis de la directrice des opérations de la Banque Mondiale au Sénégal, Louise Cord, «Bien que le portefeuille soit solide, en croissance et novateur, nous sommes cependant confrontés à d’importants défis en matière de mise en œuvre liés entre autres, au respect des politiques de sauvegarde environnementales et sociales à la situation budgétaire particulièrement tendue du gouvernement ».
Les comptes de l’Etat au rouge. C’est ce qui semblait soutenir, hier, la directrice des opérations de la Banque Mondiale. Venue présider, en compagnie du ministre Amadou Ba, la Revue du portefeuille des opérations de la Banque Mondiale au Sénégal, la fonctionnaire internationale a relevé quelques difficultés dans la mise en œuvre des opérations . «Bien que le portefeuille soit solide, en croissance et novateur, nous sommes, cependant, confrontés à d’importants défis, en matière de mise en œuvre liés entre autres, au respect des politiques de sauvegarde environnementales et sociales à la situation budgétaire particulièrement tendue du gouvernement», indique Mme Cord devant une assemblée composée d’agents du ministère de l’Economie et des Finances . «Cette situation a entraîné une insuffisance des fonds de contrepartie, en particulier pour supporter les coûts de réinstallation des personnes affectées par les projets, aux retards de paiement des fournisseurs et des entrepreneurs et aux difficultés rencontrées pour obtenir des approbations efficaces des contrats d’approvisionnement entre les ministères sectoriels et le ministère des Finances».
Sans concession, indique-t-elle, «cela limite le potentiel de notre programme pour produire l’ensemble des résultats complets et des impacts attendus, créant des demandes de prolongations - qu’il sera difficile de satisfaire- et des retards dans l’exécution des projets». Par ailleurs, Louise Cord a indiqué que «le portefeuille de la Banque mondiale a connu une forte croissance passant en 2017 de 700 milliards FCFA à environ 1065 milliards FCFA en 2018, dont 206 milliards FCFA pour des projets régionaux. La concentration sectorielle du portefeuille est assez équilibrée avec 19% des financements qui vont au secteur du développement humain (santé, éducation, protection sociale), 19% également qui vont au secteur des infrastructures et des transports, 17% au secteur du développement rural (agriculture, élevage, pêche et changement climatique), 15% au secteur de l’énergie et de l’assistance technique du domaine gazier, 5% pour des appuis budgétaires pour accompagner les réformes et 3% en appui au secteur privé», a-t-elle détaillé devant les cadres du ministère de l’Economie et des Finances. Et d’ajouter «si nous avons été capable de mobiliser ces ressources pour le Sénégal, c’est d’abord grâce aux performances économiques du pays qui ont facilité notre plaidoyer auprès de notre Conseil d’administration pour plus de ressources, mais également grâce au succès de la reconstitution des ressources grâce à nos donateurs».
«LE COUT DU PETROLE EST PASSE DE 362 MILLIARDS A 475 MILLIARDS FCFA»
Pour sa part, le ministre des Finances Amadou Ba s’est dit heureux de constater que la Banque Mondiale continue de figurer parmi les premiers partenaires techniques et financiers de la République du Sénégal. «Le portefeuille de coopération comprend actuellement 30 projets actifs dont 9 projets régionaux et un appui budgétaire de 75 milliards FCFA au titre de cette année», renseigne le ministre qui considère que «les retards notés, il y a quelques années, dans l’instruction des dossiers de marchés, ont connu une sensible amélioration avec le relèvement substantiel des seuils de revue a priori, la suppression de la double revue pour les marchés d’un certain seuil». Ce qui, selon Amadou BA, «a contribué au bon comportement des agrégats macroéconomiques en 2018 avec un taux de croissance projeté à 7% et celui attendu autour de 6,9% en 2018». Par contre, Amadou Ba reconnait que le déficit budgétaire a connu une légère dégradation due entre autres à la hausse du coût du pétrole qui est passé de 362 milliards à 475 milliards FCFA. «Cependant pour être inclusive et soutenable, la croissance du PIB doit être davantage génératrice d’emplois, surtout pour les jeunes générations et s’opérer dans un cadre de gouvernance et d’allocation des moyens publics rigoureux», argue-t-il.