LA RECETTE D'AMADOU TIDIANE GUIRO POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
Apportant sa pierre à l’édifice, le Professeur Amadou Tidiane Guiro a préconisé quelques pistes de solutions pour permettre au Sénégal d’atteindre cette souveraineté alimentaire
L’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, a célébré hier, mardi 2 juillet, la Journée de la renaissance scientifique de l’Afrique. A cet effet, une conférence portant sur le thème : « La souveraineté alimentaire, droit ou objectif de politique ? » a été introduite par le professeur Amadou Tidiane Guiro qui a préconisé quelques pistes d’actions pour atteindre la souveraineté alimentaire au Sénégal.
La souveraineté alimentaire constitue un enjeu majeur pour le développement d’un pays. Conscientes de cela, les nouvelles autorités du pays se sont engagées à développer un programme pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Apportant sa pierre à l’édifice, le Professeur Amadou Tidiane Guiro a préconisé quelques pistes de solutions pour permettre au Sénégal d’atteindre cette souveraineté alimentaire. Il introduisait une conférence sur ce sujet hier, mardi 2 juillet, lors de la célébration de la Journée de la renaissance scientifique de l’Afrique. « Il faut d’abord avoir une volonté politique d’opérer une rupture dans le secteur de l’agriculture. Pour la souveraineté alimentaire, ce sont tous les ministères qui doivent agir. Donc il faut une bonne synergie des actions. Il faut que le droit à l’alimentation soit réaffirmé et qu’on travaille véritablement dans ce sens », propose-t-il.
Le Pr Guiro suggère aussi une augmentation des investissements dans l’agriculture pour relever les défis de demain et assurer la sécurité alimentaire. Pour cela, il a souligné la nécessité de préserver nos ressources halieutiques et dans le secteur de l’élevage d’assurer l’alimentation du bétail, la santé génétique et surtout développer le secteur de l’agroalimentaire. Il préconise également la promotion des cultures vivrières au Sénégal.« On mène trop de pression sur la culture du riz. Or, si on développe la culture du mil, il y aurait moins de pression sur le riz qu’on importe. Les cultures de mil, mais, fonio dans l’avenir sont moins exigeantes en nous et nutritionnellement, ces aliments sont plus riches. Il faut aussi porter une attention particulière à l’arachide », indique-t-il.
Par ailleurs, Amadou Tidiane Guiro recommande au gouvernement de doter les institutions de recherche notamment l’Isra, l’Ita, les universités et les écoles de formation d’un budget digne de ce nom. Pour terminer, il invite les Sénégalais à consommer local et à changer de mentalités en produisant ce que nous consommons et en consommant ce que nous produisons. Pour lui, la souveraineté alimentaire ne doit pas être un slogan mais un combat de tous les jours qui doit engager tout le gouvernement, les acteurs et les populations.
Pour sa part Dr Ibrahima Agne, chercheur à l’Ipar, dans sa communication en tant que panéliste a souligné la nécessité d’élaborer une politique alimentaire au Sénégal pour s’accorder sur les voies et moyens d’arriver à la souveraineté alimentaire. « Cette politique alimentaire est essentielle, parce qu’elle nous permettra de voir quels sont les objectifs visés, avec quels moyens nous allons y arriver et en prenant quels sentiers », a-t-il laissé entendre.
Sur la question de la consommation et de nos habitudes alimentaires, il pense qu’il faut reconquérir notre souveraineté mentale. « Contrairement à ce que nous pensons, nos habitudes alimentaires ne sont pas statiques. Elles sont dynamiques. Ce que nous mangeons vers les années 60 ou 70, nous ne le mangeons pas aujourd’hui. Par exemple, le milieu rural ne connaissait pas le pain ni le riz sauf en Casamance, mais aujourd’hui tous ces produits ont conquis le milieu rural », soutient-il.
Selon lui, pour repenser ces habitudes alimentaires, il faut un consensus national. « Si nous élaborons une politique alimentaire claire, nous nous pouvons agir sur les préférences, sur la disponibilité et sur l’accès », a-t-il préconisé.