LA SENELEC DANS LE ROUGE
Alerte du directeur général, Makhtar Cissé
La suppression, en 2015, de la compensation que l'Etat verse à la Senelec risque de menacer la survie de la boîte. En effet, le Directeur général de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), Mouhamadou Makhtar Cissé a relevé, hier, que la société est loin d'avoir atteint les objectifs du plan de dépérissement de la compensation.
Rien qu'en 2014, l'Etat a injecté 74 milliards de francs Cfa dans l'exploitation de la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec) en guise de compensation. Cela pour éviter la flambée du prix de l'électricité et les coupures intempestives qui ont longtemps secoué la boîte. Toujours est-il que la compensation devrait disparaître en fin 2015, notamment avec cette tendance baissière du prix des combustibles. D'où l'inquiétude du Directeur général de la Senelec qui a posé le débat.
S'exprimant, hier, à l'occasion de la révision tarifaire de Senelec pour la période 2017-2019, lancée par la Commission de régulation du secteur de l'énergie (Crse), Mouhamadou Makhtar Cissé a pris les devants. "J'ai peur de le dire, mais je vais le dire, la compensation devrait disparaître en fin 2015. Alors qu'on est loin d'avoir atteint les objectifs du plan de dépérissement de la compensation. Ça veut dire qu'il faut un autre mécanisme pour survivre", a indiqué le Directeur général de la Senelec qui souligne que l'année 2015 risque de se terminer pour Senelec avec des performances moyennes en termes de résultats comptables. Non sans évoquer le poids des arriérés des établissements publics à autonomie financière sur la trésorerie de Senelec qui, selon lui, se chiffre à 42 milliards de francs Cfa et à des dizaines de milliards, la dette fiscale de la boîte.
"C'est donc dire que la seule suppression de la compensation ne suffit pas pour mettre la boîte dans une dynamique de rentabilité. Car il est important de ne pas perdre de vue que la transformation et l'évolution du parc de production clé de voûte du succès du plan de dépérissement est donc le redressement définitif de l'entreprise", a expliqué Makhtar Cissé aux membres de la Crse.
Aussi, le Dg de la Senelec de faire remarquer à la Commission que la pénalité de l'énergie non distribuée, depuis près de 15 ans, ne met pas Senelec à l'aise. Une énergie non distribuée qui, selon lui, atteint 10 Gw par année. "Nous sommes convaincus que l'énergie est chère pour les Sénégalais. Mais elle aurait coûté beaucoup plus cher si ce n'était pas la compensation. Mais elle pourra baisser corrélativement avec la baisse du baril du pétrole, même si ça va être marginal. La baisse va impacter la compétitivité de nos entreprises et vraiment supportable pour nos ménages. Ce n'est pas Senelec qui fixe les tarifs, mais elle pourra baisser", a indiqué M. Cissé.
De son côté, l'expert judiciaire de la Crse, El Hadji Diakhaté, a décliné le modus operandi de ce deuxième bloc triennal 2017-2019. "Nous avons constaté, depuis quelques années, que la Senelec ne respecte pas ses normes. Est-ce une mauvaise foi ou les tarifs ne sont pas bien élaborés ? Senelec a le droit de contester, il pourra faire recours à un expert. Mais l'avis de cet expert ne lie pas la Commission. Donc, il faut un plan de rémunération cohérent", a indiqué l'expert judiciaire de la Commission.