L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT, UNE CHIMERE POUR LES PMA
Si de nouveaux paradigmes ne sont pas mis en jeu dans l’approche globale des enjeux et défis de développement durable adossée à une politique de planification axée sur les résultats, la pauvreté sera toujours au seuil de nos portes
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Si de nouveaux paradigmes ne sont pas mis en jeu dans l’approche globale des enjeux et défis de développement durable adossée à une politique de planification axée sur les résultats, la pauvreté sera toujours au seuil de nos portes. C’est la quintessence d’une demi-journée de Consultation nationale sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul et des Objectifs de développement durable (Odd), tenue hier jeudi, à Dakar.
«De 1971 à nos jours (47 ans) seuls 5 pays sont sortis de la catégorie Pays moins avancés (Pma) que le Botswana 1994, le Cap Vert en 2007, la Guinée équatoriale en 2017 et la Maldives en 2011, et les Samoa en 2014», a dit hier jeudi, à Dakar Henriette Faye, assistante de l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade) lors d’un atelier de Consultation nationale sur la mise en œuvre du Programme d’actions d’Istanbul et des Objectifs de Développement Durable (Odd). Selon elle: «A ce jour (2018),on dénombre 47 pays dont 33 Pma en Afrique et les 9 autres en Asie. C’est dire que l’écart se creuse de plus en plus et l’urgence s’impose pour repenser de nouvelles modèles de politiques plus adaptées à nos réalités socioéconomiques et culturelles aux fins de reculer les frontières de la pauvreté extrême en Afrique». Pour ce faire, dira l’assistante: «Il faut de moins en moins compter sur l’aide publique au développement qui est nous donnée par la main gauche et retirer par la main droite. En plus, aucun contrôle n’est fait sur les flux de cette aide publique au développement. Pire encore, de tous les pays bénéficiaires de cette aide au développement, pas un seul n’est sorti de la pauvreté depuis toujours. Donc, c’est dire que nous devons repenser nos modèles de développement adaptées à nos préoccupations»…
Les effets tardent à impacter les populations
Demba Moussa Dembélé s’exprimant sur les progrès réalisés par le Sénégal dans sa marche vers la sortie de la catégorie des Pma trouve que demain n’est pas la veille. Et ce, malgré les efforts çà et là en termes de croissance économique, de maitrise budgétaire et de solvabilité du Sénégal. Pour lui: «L’ébullition du front social atteste à suffisance que la pauvreté est une réalité au Sénégal. De l’école à la santé en passant par le manque d’eau, de l’électricité… le Sénégal se doit d’arrêter de se maquiller». Pour lui: «Des engagements ont été pris par le président de la République Macky Sall au nombre desquels l’autosuffisance en riz, 500 000 emplois promus, le développement social humain, la baisse du loyer…»De l’avis de l’économiste, la mobilisation des ressources pose problème. «Seuls les ‘’goorgorlous’’ payent les taxes et autres impôts. Et les riches trouvent le moyen de ne rien payer et ce, en parfaite connivence avec les plus hautes autorités de ce pays», a-t-il regretté.
MAMADOU DIA, POINT FOCAL NATIONAL DES PMA AU MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN : «Nous butons sur l’indice du capital humain»
Répondant aux interpellations des uns et autres sur les engagements du Sénégal par rapport au Programme d’action d’Istanbul et des Objectifs de développement durable (Odd), Mamadou Dia, point focal national Pays moins avancés (Pma) dira que le Sénégal avance lentement mais sûrement. «Depuis 2001, année où le Sénégal a été considéré comme pays Pma à la suite du long programme d’agissement structurel intervenu dans les années 70 à 80, le Sénégal a atteint le point d’achèvement, l’autorisant à bénéficier de l’annulation de sa dette. Si nous considérons le critère de revenu, après l’évaluation de 2003, on était à 490 dollars par habitant. En 2015, nous sommes passés à 1006 dollars. Et en 2012, on était à 1063 parce que l’augmentation du taux d’échange peut rendre un peu compliqué la donne parce qu’un pays peut faire des progrès dans sa monnaie locale mais rapporté au dollar, ça donne autre chose. Rien que, pour les trois dernières années (2014, 2015, 2016), on est passé de 768 820 FCFA à 824 954 FCFA. Et ça, ce sont des chiffres avérés de l’Agence nationale de la statistique et de la démocratie (Ands) qui travaille en toute indépendance, sans pression politique et dont la compétence est reconnue par les grandes agences statistiques du monde», a-t-il relevé.
Donc, «sur beaucoup d’aspects relatifs aux critères de développement, nous avons marqué des points. Toutefois, par rapport à l’indice de développement du capital humain, c’est là où les choses n’évoluent pas comme on l’aurait souhaité, notamment dans le secteur de l’éducation». Il ajoutera: «Beaucoup de facteurs sont aujourd’hui pris en compte dans le Pse. Dès juin prochain, nous aurons le rapport de 2017. Et ce rapport va montrer tous les efforts fait dans ce sens», a-t-il rassuré.