« LE COÛT ÉLEVÉ DU CRÉDIT EST UNE PRÉOCCUPATION MAJEURE DES AUTORITÉS MONÉTAIRES »
Habib Ndao, secrétaire exécutif de l’Oqsf sur les forts taux appliqués aux clients par les banques
Le contrôle des plafonds notamment, le franchissement du seuil d’usure, relève de l’autorité de la Banque Centrale. En clair, «une banque peut fixer librement ses taux d’intérêt et autres conditions de banque applicables à la clientèle sans enfreindre la règlementation en vigueur, tant qu’elle ne franchit pas le seuil de l’usure fixé actuellement à 15% pour les banques et 24% pour les SFD», a déclaré Habib Ndao. Le secrétaire exécutif de l’Oqsf, réagissait sur les forts taux appliqués par les banques aux usagers alors qu’elles (banques) empruntent à la Bceao à 2,5%.
Interpellé sur les forts taux d’intérêt appliqués aux usagers des banques, Habib Ndao, secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf) a d’emblée rappelé qu’«à la faveur de la réforme de 1989-1993, le taux d’intérêt a été érigé en instrument pivot de la politique monétaire dans les pays de l’Union économique monétaire ouest africain (Uemoa), en droite ligne de la libéralisation des activités économiques, bancaires et financières et eu égard à l’impératif d’approfondir les marchés de capitaux de la zone et de les adapter aux mécanismes du marché».
Il renseigne que «les conditions de banques applicables à la clientèle ont été libéralisées, à l’effet notamment de renforcer le cadre concurrentiel du marché du crédit et inciter les établissements de crédit, dans la limite des taux d’usure, à fixer librement leurs tarifs par référence au coût moyen réel de leurs ressources et à la qualité de la signature de l’emprunteur».
Les petits épargnants protégés
Toutefois, fait-t-il remarquer: «Dans le but de protéger les petits épargnants, une réglementation minimale des conditions créditrices a été préservée. Il s’appuie sur un système de taux réglementés et applicables à certains produits d’épargne à hauteur d’un plafond déterminé. La rémunération des autres dépôts ou produits financiers est, en revanche, librement convenue entre les établissements de crédit et leurs clients».
Encore des efforts à faire
A ces dispositions réglementaires, il admet qu’il y a encore des efforts à faire pour améliorer les taux appliqués. Sur ce, il dira: «Après trois décennies d’application, il apparaît que cette politique a encore besoin d’être approfondie afin d’assurer plus de transparence dans la facturation des services bancaires et financiers et, singulièrement, d’améliorer la sensibilité des conditions débitrices à l’évolution des taux directeurs de la Banque Centrale».
Le seuil d’usure fixé à 15%
A noter qu’«en janvier 2014, en vue de réduire le coût du crédit bancaire aux fins de relance de l’activité économique et subsidiairement une hausse du taux de financement de l’économie, la BCEAO a réduit le seuil d’usure des banques qui est passé de 18% à 15%», précise-t-il.
Le coût élevé du crédit préoccupe
Toujours selon M. Ndao: «Dans un contexte d’élaboration d’une stratégie régionale d’inclusion financière, le coût élevé du crédit constitue ainsi une préoccupation majeure des autorités monétaires, surtout au regard de l’impact mitigé des mutations profondes qui sont intervenues depuis plusieurs années dans le système financier caractérisé par un dynamisme et une intensification de la concurrence dans le secteur bancaire, une diversification des produits et services financiers offerts, un renforcement des systèmes financiers décentralisés, etc.».
Fort de cette réalité, il estime qu’une «réduction sensible du coût du crédit mérite une attention particulière afin d’accroitre la rentabilité et la compétitivité des activités économiques et ainsi réduire l’exclusion financière». Sur ce, il estime «indispensable de procéder à une analyse objective des déterminants des taux d’intérêt».
Il poursuit: «Avec la libéralisation des conditions de banque, les leviers d’actions en vue d’impulser un allégement tendanciel des taux d’intérêt débiteurs devraient également porter sur la réduction des coûts de gestion des établissements et des ressources qu’ils collectent, l’assouplissement - jugé possible - des garanties prises, la poursuite des campagnes de promotion de la bancarisation et de la concurrence, il y va de l’intérêt des opérateurs financiers, des clients, de l’Etat, de l’économie nationale en général».
C’est dans la même dynamique que s’inscrit le démarrage des opérations du Bureau d’information du crédit (Bic) qui constitue pour les établissements de crédit un outil d’analyse, d’évaluation et de gestion des risques, «car leur permettant de prendre de meilleures décisions dans l’octroi des crédits, de réduire l’asymétrie d’information et d’augmenter le volume des crédits octroyés avec une amélioration de la qualité du portefeuille», a-t-il souligné.