LE DESARROI DES TENANCIERES DE GARGOTE
L’Etat de catastrophe sanitaire assorti de couvre-feu de 21h à 05h du matin, n’est pas sans impact économique sur les activés de nombres de «goorgoorlus» qui ne travaillent que la nuit
L’Etat de catastrophe sanitaire assorti de couvre-feu de 21h à 05h du matin, décrété dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 sur l’étendue des régions de Dakar et Thiès, et qui vient d’être prorogé jusqu’au 20 mars 2021, n’est pas sans impact économique sur les activés de nombres de «goorgoorlus» qui ne travaillent que la nuit. C’est le cas notamment pour les femmes vendeuses de bouillie au mil ou maïs appelée «fondé», de couscous ou «cere», et de «thiakry», des jeunes et femmes qui vendent du «pain-fataya», du «pain-akara» ou autres sandwiches aux devantures des maisons, kiosques ou autres angles éclairés des quartiers. Touchées de plein fouet par le couvre-feu, parce que ne pouvant exercer pleinement leur «petit commerce» que la nuit, ces jeunes, femmes, mères et soutiens de familles, qui n’en peuvent plus de travailler… «à perte», crient leur désarroi.
VENTE DE BOUILLIE A BASE DE MIL, DE MAIS ET DE COUSCOUS, LA NUIT : Les mères «fondé, cere ak thiakry» à bout de souffle
C’est au quartier Ouakam que les dames Mariama et Hawa Diallo s’adonnent à leurs activités, telles que la vente de bouillie au mil ou au maïs, communément appelée «fondé», un délice prisé par nombre de Sénégalais, en ces temps où, à cause de la pauvreté grandissante, beaucoup de familles peinent à assurer les trois repas quotidiens. Mieux, le dîner n’est assuré que pour les enfants mineurs…
Les deux «mères fondé», pardon vendeuses de bouillie ou «fondé», trouvées à leur place habituelle en train de préparer leur mets commerciale, pour les clients favoris, expriment toute leur peine à sen sortir, en cette période de restriction sanitaire liée à Covid-19. Interrogées sur la prolongation du couvre-feu, les deux habitantes d’Ouakam (Sinthia), déplorent la nouvelle décision. «Au début, on commençait vers 19h à répondre aux besoins de nos clients. Mais, avec le couvre-feu, on est obligé de venir plus tôt pour espérer écouler tout notre «fondé». Avec cette crise, on ne parvient même pas à vendre 1000 francs Cfa, la nuitée. La situation est dure ; c’est le K.O ! Les clients se font rares.» «Or, pour la préparation du «fondé», il faut acheter et piler le mil ; c’est trop cher. On subit de grosses pertes dans notre activité. C’est vraiment déplorable ce qui se passe actuellement car cela ne marche plus comme avant. Mais, on n’a pas le choix, on a que cette activité pour nourrir la famille. Et les moyens aussi font défauts», regrettent-elles.
Selon Mariama et Hawa Diallo, le couvre-feu a beaucoup impacté leur activité car, elles ne rencontraient leurs clients que la nuit. Mais, avec cette restriction, elles ne parviennent plus à écouler le «fondé», en un temps record.
Parlant toujours de consommer local, devenu un business ou gagne-pain pour certaines dames, une alternatives pour des consommateurs et beaucoup de ménages en ces temps où la pauvreté et beaucoup d’autres facteurs ont fini de bousculer les habitudes alimentaires, poussant de plus en plus de gens à manger dans les rues plutôt qu’en famille, les «cere» et «thiakry» sont aussi des dîners préférés de certains. Il est 18h, chez mère Bineta Guéye, la vedette du coin pour ses «cere» et «thiakry» bien appréciés par les clients. Au quartier Mboul, elle demeure la favorite. Maman Bineta, une dame d’une soixantaine d’années et propriétaire du locale Chérif Kéba Aïdara (son lieu de travail), note aussi la baisse de son chiffre d’affaire, du fait la réduction de son temps de commerce à cause du couvre-feu. Maman Bineta, comme le surnomment les clients, confie : «le couvre-feu a beaucoup diminué nos revenus car, à 21h déjà, il faut baisser rideaux. Or, c’est à cette heure que je parvenais à vendre mes produits ; le pouvoir d’achat a beaucoup chuté. Avant, quel que soit la quantité préparée, je vendais tout et je gagnais beaucoup. Mais actuellement, je ne prépare, en «cere» et «thiakry», que la moitié de ce que j’avais l’habitude de vendre en une soirée, mais ça ne fini pas. Je suis obligée de garder le restant dans mon réfrigérateur ; et avec ça, il n’y a pas de bénéfice. Le couvre-feu ralentit notre commerce. Et, avec les frais du gaz, du mil, et autres, ce n’est pas du tout bénéfique.
L’activité ne marche plus comme avant», se désole Maman Bineta. Et de poursuivre, en précisant ceci : «malgré que les clients viennent, le couvre-feu a baissé notre chiffre d’affaire, nos revenus. Je suis d’attaque presque depuis 09h, pour la préparation et tout, mais, n’empêche, à 19h00, je suis obligée de disposer. Cette situation nous a beaucoup ralenti et a un impact considérable sur notre activité», renchérit la mère «cere ak thiakry».