INVESTIR DANS LE PÉTROLE ET LE GAZ SERAIT TRÈS RISQUÉ
C’est l’avis du directeur de Total E&P Sénégal, M. Eric Bonnin, qui intervenait lors de la première journée du forum de l’Institut national du pétrole et du gaz (Inpg).
Investir dans le pétrole et le gaz sénégalais serait très risqué. C’est du moins l’avis du directeur de Total E&P Sénégal, M. Eric Bonnin, qui intervenait lors de la première journée du forum de l’Institut national du pétrole et du gaz (Inpg) qui prend fin ce vendredi.
L’état des lieux du secteur pétrolier et gazier dans notre pays a été fait par les deux partenaires majeurs du Sénégal, les « majors » Total et British Petrolium, mais aussi par Petrosen. C’était hier lors du premier panel du forum de l’Institut national du pétrole et du gaz qui avait pour thème : états des lieux – Le secteur pétrolier et gazier au Sénégal : Prospection, découvertes, enjeux, contraintes et défis. Partenaire majeur du Sénégal, British Petrolium est présent sur toute la chaîne de valeur de la production gazière du Sénégal. Prenant la parole, Eric Bonnin, directeur de Total E&P, la deuxième entité de Total qui s’active dans le pétrole sénégalais, a rappelé que la multinationale française est présente dans notre pays depuis plus de 70 ans à travers l’aval mais aussi à travers l’amont.
Dans les années 50, rappelle-t-il, Total a fait de l’exploration. Elle a découvert du pétrole lourd en Casamance notamment « mais malheureusement, c’était non économique ». « L’ambition du Sénégal de développer son industrie ne pourra se faire que lorsqu’il y a d’autres découvertes qui permettront d’obtenir un niveau de production suffisant pour devenir un vrai pays producteur mondial de pétrole (…) Total a pris l’engagement de revenir au Sénégal et est la seule compagnie major qui a décidé de prendre en charge l’exploration offshore. C’est important parce que c’est une activité risquée c’està-dire qu’on n’a pas acheté notre participation de découverte. On a pris le risque de dépenser de l’argent en ne connaissant pas les résultats. Contrairement à ce qui se dit dans la presse, cela dépend aussi de notre plan de chercher d’autres ressources pétrolières ou de contribuer à l’ambition du Sénégal d’atteindre ses ambitions d’être un très grand pays pétrolier. C’est peut-être l’opportunité d’avoir des majors. Parce qu’en général quand un super-major est présent dans un pays, les autres viennent s’intéresser au sujet », explique M. Bonnin. Qui révèle que Total a fini de forer la sismique sur le bloc développé en juillet dernier. Et qu’elle est en train de forer le puits le plus développé.
Poursuivant, le directeur de E&P de Total pour le Sénégal soutient qu’en moins de 2 ans seulement de présence, ses équipes ont pu forer un premier puits d’exploration. Ce qui n’avait, jamais été fait auparavant, à l’en croire. Selon lui, ce genre de performance, c’est un apport fondamental de la présence des supers majors. De son côté, M. Géraud Moussarie, directeur de Bp Sénégal, fait savoir que le processus de production du gaz est très compliqué « raison pour laquelle chaque étape demande des solutions techniques. » Il s’en explique : « Le gaz est extrait, séparé de l’eau, mis à sec et ensuite liquéfié avant d’être exporté. C’est un processus très complexe sachant que chaque étape demande des solutions techniques, à la pointe, différentes des autres. En fait, c’est comme s’il y avait plusieurs projets dans un projet et chaque projet dépend de l’étape précédente même au niveau de la production en sachant que le gaz qui va sortir va concurrencer celui d’autres pays comme le Qatar, l’Australie, les États-Unis qui ont déjà réalisé dans le passé de grands investissements. Au Sénégal, il y a un nouveau bassin qui doit concurrencer des chaînes de valeur déjà présentes et déjà très efficaces. »
Bp promet des mesures sécuritaires nécessaires
Autant de choses qui font dire au directeur de Bp dans notre pays soutient qu’il y a de nombreux enjeux techniques. Car, selon lui, il ne s’agit pas seulement de trouver du gaz et de le liquéfier, mais de le liquéfier et de trouver acheteur. C’est pourquoi, ses équipes essaient, confie-t-il, tant bien que mal d’innover. « Nous avons beaucoup appris des accidents regrettables et nous avons tout fait pour ne plus connaître ce genre d’accidents », assure le directeur de BP pour le Sénégal. Pour Mamadou Faye, directeur général de Petrosen, aujourd’hui l’importance est de comment faire pour se développer avec notre modèle. Et d’interpeler l’assistance en ces termes : « Si vous regardez les États-Unis, la Grande-Bretagne ou certains autres pays africains comment ont ils fait pour se développer avec leur pétrole ? Qu’est-ce que nous avons aujourd’hui comme quantités pour le pétrole et le gaz ? Est-ce que c’est suffisant ? Si ce n’est pas suffisant que faut-il faire ? Parce que, pour ce qui est du pétrole, nous n’avons qu’entre 500 et 600 millions de barils. Pour ce qui est du gaz entre 20 à 25 Tcf. » Venu présider la rencontre, Cheikh Oumar Hann, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pense que l’enjeu maintenant est de sensibiliser « la population du Sénégal dans son ensemble et particulièrement des élèves, étudiants et toutes les catégories d’acteurs sur les métiers de l’industrie du pétrole et du gaz et les formations qui permettent d’y accéder » a indiqué en conclusion Cheikh Oumar Hann.