LE MAROC SOUSCRIT
Le royaume chérifien adoptera la future monnaie unique de la CEDEAO
Presque trois mois après l'accord de principe pour l'adhésion du Maroc à la Cédéao, une délégation de l'organisation sous-régionale a été accueillie à Rabat par le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, dans le but de faire le point sur la demande d'adhésion marocaine.
Lors de sa rencontre à Rabat ce mardi 29 août, avec le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, le président de la Commission de la Cédéao, Marcel De Souza, a annoncé que le Maroc était disposé à adopter la future monnaie unique de la Cédéao.
Le responsable de l’organisation ouest-africaine a déclaré que le roi Mohammed VI a indiqué dans une lettre que "le Maroc s'engage à l'adhésion à une monnaie unique le jour où elle sera adoptée par la Cédéao". Marcel De Souza déclarait plus tôt ce mois que la mise en place de cette monnaie unique devrait prendre une dizaine d’années.
En ce qui concerne la réunion de ce mardi, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a indiqué qu’elle "s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre de la décision (accord de principe pour l'adhésion du Maroc, NDLR) des chefs d'État de la Cédéao prise le 4 juin dernier à Monrovia".
Le ministre a rappelé que l'adhésion du Maroc à la Cédéao "est un choix stratégique, comme l'a souligné le roi lors de son discours du 20 août". Nasser Bourita a précisé que cette démarche relevait d'une "volonté exprimée au plus haut niveau de l'État marocain pour couronner des relations historiques, humaines, économiques, politiques qui ont toujours lié le Maroc à cette région".
La rencontre de ce mardi devait aussi permettre de "discuter du reste du processus, jusqu'au sommet de Lomé", a expliqué Nasser Bourita. C'est en effet dans la capitale togolaise que "l'accord de principe devrait être confirmé" en décembre prochain selon Marcel De Souza.
Le président de la commission de la Cédéao a précisé que le rôle de l'organisme qu'il dirige est "de mettre en oeuvre la décision des chefs d'États et de gouvernements". Selon lui, cette décision "couvrira la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux, la mise en oeuvre des accords de prévention des risques, sans oublier la mise en oeuvre des règles de bonne gouvernance et de démocratie".
"Ingéniosité et flexibilité"
Concrètement, il s'agit de "dispositions diplomatiques et surtout juridiques pour conclure le traité additionnel qui conférera au Maroc le droit de devenir adhérent à part entière de la Cédéao". Le président de la commission a comparé - non sans humour - le processus à "un mariage sans Brexit, un mariage sans divorce", supposant que le Maroc "accepte les textes constitutionnels et opérationnels".
Marcel De Souza a rappelé que le royaume est "déjà très lié historiquement comme économiquement, de manière bilatérale avec quasiment les 15 pays d'Afrique de l'Ouest". Il a cité en exemple "Attijariwafa bank, qui est présente presque dans la moitié de nos États, la BMCE présente dans le groupe Bank of Africa qui opère dans les 8 pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa, NDLR), ainsi que l'industrie marocaine opérant dans les fertilisants agricoles et la pharmacie".
Le Maroc devra également "adhérer à un schéma de libéralisation des échanges et au tarif extérieur commun de la Cédéao qui compte 340 millions de consommateurs". Dans la durée, De Souza estime qu'il faudra "harmoniser les 6.000 lignes tarifaires dont dispose la Cédéao et les 17.800 lignes tarifaires du Maroc".
Quelle démarche pour la suite ? "Elle doit concilier trois éléments", d'après Nasser Bourita. Il y a d’abord "une discussion stratégique avec une dimension technique", sachant que "l'adhésion du Maroc à la Cédéao est une construction sui generis". Ceci signifie qu'il n'y a "pas de manuel, et qu'il faut faire preuve d'ingéniosité et de flexibilité, tout en gardant à l'esprit les fondamentaux et les acquis de la Cédéao".
Enfin, le ministre des Affaires étrangères a rappelé que le "processus progressif prendra peut-être des années, en fonction des intérêts du Maroc et des pays de la Cédéao". Autant de détails qui seront discutés "après le sommet de Lomé".