LE PREMIER MINISTRE POSE DES EXIGENCES AUX BÉNÉFICIAIRES DE CONTRATS PÉTROLIERS
Exploitation du pétrole et du gaz sénégalais
«Valorisation du contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Sénégal.» Tel est le thème de la troisième conférence du «Quotidien», présidée hier par le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne. A l’occasion, le chef du gouvernement a posé un certain nombre d’exigences aux bénéficiaires de contrats pétroliers qui vont se lancer bientôt dans l’exploitation.
Le groupe «Avenir Communication» a réuni, hier, les différentes institutions en charge du pétrole et du gaz dans le pays ainsi que des experts spécialisés dans le domaine. Il s’est agi de débattre sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Sénégal. Venu présider la rencontre, le Premier ministre a d’emblée soutenu que le contenu local ne désigne rien d’autre que l’ensemble des retombées économiques des projets d’hydrocarbures sur l’économie et notre processus de développement économique et social.
Selon Mahammad Boun Abdallah Dionne, l’exploitation des futures ressources pétrolières et gazières devrait contribuer à la création d’emplois directs et indirects tout en favorisant le développement des entreprises sénégalaises en particulier les PME et les PMI sur toute la chaîne de valeur pétrolière et parapétrolière. Mais pour que tout cela soit possible, le chef du gouvernement estime que les bénéficiaires de contrats pétroliers devront respecter certaines exigences. Notamment l’obligation pour les titulaires de contrats pétroliers de choisir leurs sous-traitants en priorité parmi les entreprises sénégalaises. «Ainsi, le personnel technique et d’encadrement des entreprises, devrait être constitué d’au moins 60% de Sénégalais qui répondent à la satisfaction des besoins de l’activité pétrolière et gazière. En plus, il faudra le versement d’une contribution à la formation professionnelle. Voilà quelques idées qui peuvent toutes être étudiés et renforcés», a-t-il indiqué.
Pour le premier ministre, l’objectif final de la politique du contenu local est d’accroître les retombées financières découlant de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières sur l’économie nationale et développer des synergies productives entre le secteur pétrogazier et le reste de l’économie. Boun Dionne : «Le ministre du Budget cherche en ce moment beaucoup d’argent pour compenser la Senelec» Par ailleurs, le Premier ministre soutient que le contenu local est une excellente chose, mais qu’il y a d’autres instruments sur lesquels il faudra s’appuyer et qui vont promouvoir la transformation structurelle de notre économique. Il s’agit d’abord, à l’en croire, de la création de zones économiques sociales qui devrait être également l’apanage des collectivités locales et des privés. Ensuite, il sera question de l’accessibilité de l’énergie, pas cher, et permettant aux industries de réaliser la transformation de la structure de l’économie, souligne-t-il. « Cela veut dire que demain, nous allons arrêter d’exporter le coton produit par la Sodefitex pour faire une industrie textile dans ce pays sur toute la chaine de valeur. Egalement, l’acide phosphorique des ICS va cesser d’être exporté en Inde pour que nous produisions ici sur place les engrais dont l’Afrique a besoin», a-t-il expliqué. Cela étant, Mahammed Boun Abdallah Dionne demande au secteur privé de se préparer à la grande aventure de l’émergence via l’industrialisation. Non sans affirmer que le Sénégal a la forte ambition d’atteindre l’indépendance énergétique pour garantir la sécurité des approvisionnements en énergie en quantité et en qualité irréprochable et surtout à moindre coût pour les ménages, les industries et le commerce.
A en croire le PM, cela se fera à travers une politique de renforcement et de modernisation de nos capacités productives grâce à un mixte énergétique appuyé par les énergies renouvelables. «La plupart des pays subsahariens non producteurs de pétrole supportent une très lourde facture pétrolière qui a toujours constitué une équation pour notre finance publique. Monsieur le ministre du Budget cherche en ce moment beaucoup d’argent pour compenser la Senelec, compte tenu de la décision du chef de l’Etat de baisser jusqu’à 15% la facture des ménages», a-t-il indiqué en demandant d’un ton ironique à Birima Mangara présent à la rencontre de confirmer. « Le gaz continue d’être importé. 80% de notre production électrique reposent aujourd’hui sur l’énergie fossile que nous importons jusque-là avec des centaines de milliards de F Cfa qui sont injectés à la Senelec au titre des compensations pour justement maintenir un coût abordable pour nos compatriotes », a-t-il laissé entrevoir.