VIDEOLE SÉNÉGAL TIRE SON ÉPINGLE DU JEU
Afrique - Performances économiques dans un contexte morose
Pour cette année, la croissance a déserté le continent africain. Avec une croissance de 1,6%, l'Afrique subit les contrecoups de la chute des prix des matières premières. Mais le Sénégal s'en sort plutôt bien. Il est cité parmi les pays les plus performants du continent.
Le Sénégal fait partie des pays les plus performants en Afrique. Selon la dernière publication de la revue de la Banque mondiale, Africa Pulse, présentée hier par vidéoconférence, le Sénégal et la Côte D'ivoire sont parmi les rares pays qui ont su tirer leur épingle du jeu en tirant profit de la baisse des prix des matières premières. Selon Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, "le Sénégal a bénéficié des faibles coûts du pétrole pour aménager un espace budgétaire permettant au Gouvernement d'entreprendre davantage d'investissements publics".
Mais selon Mme Punam Chuhan Pole, également économiste de la Banque, cette performance du Sénégal s'explique aussi par les réformes qui ont été menées et qui sont à l'origine de la croissance robuste que connaît le pays. Ces réformes concernent l'environnement des affaires, le secteur de l'énergie, le capital humain et le renforcement de la gouvernance.
Albert Zeufack fait remarquer également que ces pays, qui ont su booster leur croissance, sont parmi les pays qui ont le plus diversifié leurs économies. "La différence entre les bonnes performances et les mauvaises performances tient à la qualité des politiques budgétaires et macroéconomiques. Ce sont aussi les pays qui ont les économies les plus diversifiées", souligne M. Zeufack.
Il faut dire que le contexte économique est tout sauf favorable sur le continent. Pour 2016, les prévisions de croissance accusent une forte baisse. "Après avoir ralenti à 3 % en 2015, le taux de croissance de l'Afrique subsaharienne devrait continuer de baisser à 1,6 % en 2016, son niveau le plus bas depuis vingt ans. Les difficultés économiques rencontrées par les principales économies de la région (le Nigeria et l'Afrique du Sud en particulier), qui subissent toujours les contrecoups de la chute des cours des matières premières, expliquent ce ralentissement", conclut la revue.
Selon M. Zeufack, la croissance économique est en deçà de la croissance démographique, ce qui entraîne une baisse du revenu par tête. Il ajoute que la "situation est fort préoccupante", puisque ce taux de croissance est le plus bas enregistré sur le continent depuis 20 ans.
Selon la Banque mondiale, les pays les plus touchés "doivent de surcroît s'adapter à des conditions de financement moins favorables et faire face aux incertitudes pesant sur leurs politiques économiques". Mais au moins 12 pays représentant 41% de la population dont le Sénégal, sont résilients sur le continent. Pour l'Ethiopie, le Rwanda et la Tanzanie, ces pays continuent d'enregistrer des taux de croissance supérieurs à 6%. Il faudra attendre 2017 et 2018 pour espérer une éclaircie avec des projections de croissance de respectivement 2,9 et 3,6%.
Miser sur l'agriculture
Pour remonter la pente, la banque préconise une augmentation de la production et de la productivité agricole. "Le Sénégal a l'avantage d'avoir un énorme potentiel agricole un peu partout. Il n'est pas nécessaire de se concentrer sur les petits producteurs ou les grandes exploitations. Les deux ont un potentiel mais avec l'avantage qu'un appui aux petits producteurs aide énormément à la lutte contre la pauvreté. N'importe quel effort qui permet d'augmenter la production et la productivité, contribue à la réduction de la pauvreté", explique Julio Ricardo Loayza, économiste principal au Bureau de la Banque à Dakar.