LE SYSTEME BANCAIRE RESISTE AU CORONAVIRUS ET GAGNE ENCORE PLUS D’ARGENT
On craignait que, comme les autres pans de notre économie, les banques et établissements financiers du pays soient affectés par la pandémie de Covid-19
Le système bancaire national a su faire preuve de résilience en dépit de la propagation et de la persistance du covid19 présent depuis mars 2020 dans notre pays. Si d’énormes pans de l’économie ont chuté jusqu’à faire entrer le Sénégal dans la récession, le système bancaire a su, lui, résister. Ce qui a permis à notre économie de rester…en vie.
On craignait que, comme les autres pans de notre économie, les banques et établissements financiers du pays soient affectés par la pandémie de covid19. Heureusement que le schéma catastrophe n’a pas eu lieu pour ce secteur. Grâce à des mécanismes prudentiels mis en place par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et les dirigeants du système bancaire, le secteur a su faire preuve de résilience jusqu’à pouvoir réussir à soutenir les agents économiques à travers les reports d’échéances de crédits mais aussi les besoins de financements de l’Etat, via les souscriptions aux « Bons Covid19 ». C’est ainsi que de décembre 2019 (avant le début de la pandémie, donc) à septembre 2020, les emplois nets du système bancaire sont passés de 6 775,5 milliards de francs à 7 205,3 milliards en septembre 2020, en liaison avec la hausse des autres emplois bancaires (+438,1 milliards ; +22,2 %).
Des emplois qui ont bénéficié d’un renforcement de l’activité de portefeuille des banques en 2020, à la faveur des titres émis par les différents Etats de l’Union pour faire face à la crise sanitaire et relancer l’activité économique. Cette dynamique du système a permis une progression des emplois (+429,8 milliards ; +6,3 %) sensiblement supérieure celle des ressources (+265,9 milliards ; +4,1%). A l’instar des emplois, les ressources se sont renforcées de 266,0 milliards (+ 4,1 %) pour s’établir à 6 790,9 milliards en septembre 2020, en liaison essentiellement avec la hausse des dépôts et emprunts de 250,0 milliards, les capitaux propres et ressources assimilées ainsi que les diverses autres dettes s’étant légèrement améliorés sur la période. Les dépôts à vue représentent environ 57,0 % de l’ensemble des ressources collectées par les banques et établissements financiers.
Dans ce contexte, a souligné le directeur national de la Bceao pour le Sénégal, Ahmadou Al Amine Lo, qui clôturait hier la rencontre trimestrielle entre le Directeur national de la BCEAO pour le Sénégal et l’Association professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Sénégal, le besoin de liquidités des établissements de crédit s’est accru de 163,9 milliards et se situe à 414,5 milliards en septembre 2020, après 250,5 milliards en décembre 2019. Les crédits nets, pour leur part, se sont très légèrement contractés de 8,3 milliards (- 0,2 %) sur la période pour s’établir à 4 795,1 milliards en septembre 2020, indique le Directeur national de la Bceao. Selon Ahmadou Al Amine Lo, la répartition par terme des financements en faveur de la clientèle fait ressortir une prédominance des concours à moyen terme (55,5 % contre 51,0 % en décembre 2019) sur ceux à court terme (36,3 % contre 40,9 %) et à long terme (8,2% contre 8,1 %).
Le reluisant tableau d’ensemble ainsi brossé a poussé le directeur national de la Bceao pour le Sénégal à se féliciter de la capacité de résilience de notre système bancaire. La rentabilité des établissements de crédit s’est inscrite en hausse de 8,5 milliards en 2019 Ces performances ont été bien ressenties au niveau de la rentabilité des établissements de crédit pour l’exercice 2019. Une rentabilité en hausse de 8,5 milliards (+9,0 %) par rapport à 2018 pour ressortir à 102,8 milliards, du fait d’un accroissement du Produit net bancaire (+35,5 milliards ; +8,6%) conjugué essentiellement à une baisse du coût du risque (-6,2 milliards ; 21,0%). S’agissant du dispositif prudentiel en vigueur, le directeur national de la Bceao pour le Sénégal, Ahmadou Al Amine Lo, renseigne que la conformité des assujettis est relativement satisfaisante. « Dans le contexte de la crise sanitaire, la Banque centrale a consenti des allègements sur le dispositif prudentiel (prorogation d’une année du calendrier de mise en œuvre des dispositions transitoires du dispositif qui devrait prendre fin en 2022), afin de permettre aux établissements de crédit de soutenir plus vigoureusement le financement de l’activité économique », rappelle M. Lô.
Autrement dit, les normes prudentielles applicables en 2019 ont été reconduites pour l’année 2020. Le taux net de dégradation du portefeuille s’est amélioré de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2019 Par ailleurs, il a souligné que le taux brut de dégradation du portefeuille est passé de 13,9 % en décembre 2019 à 14,2 % en septembre 2020, tandis que le taux net de dégradation s’est amélioré de 0,6 point de pourcentage à 5,3 % comparativement au mois de décembre 2019, en relation avec les efforts de provisionnement réalisés. Bref, pendant que les autres secteurs maigrissent, agonisent ou meurent, les banques, elles, s’engraissent et affichent une santé insolente !