LES ACTEURS DES PRODUITS PÉTROLIERS NE S’ACCORDENT SUR RIEN
Le mercredi 26 mai, s’est tenu, au 10ème étage du building administratif du président Mamadou Dia, un atelier de restitution des rapports du cabinet Mazars sur l’étude de la structure du prix des produits pétroliers, présidé par M. Adama Diallo
Le cabinet Mazars prié de revoir sa copie sur plusieurs points.
Le mercredi 26 mai, s’est tenu, au 10ème étage du building administratif du président Mamadou DIA, un atelier de restitution des rapports du cabinet Mazars sur l’étude de la structure du prix des produits pétroliers, présidé par le secrétaire général du ministère du Pétrole et des Energies (SG/MPE), M. Adama Diallo. Etaient présents, selon nos sources, des représentants du ministère des Finances et du budget (MFB), du ministère du Commerce et des PME ainsi que du ministère de l’Environnement et du développement durable, les acteurs aval des hydrocarbures regroupés au sein du Groupement des professionnels du pétrole (ASPP), de l’Association sénégalaise du pétrole, SENSTOCK, de la SAR, de Pétrosen trading et services, de l’Association des gérants des stations service du Sénégal (AG3S) et de l’Union des grossistes du gaz du Sénégal (UNAGAZ), la société nationale du Port autonome de Dakar (SNPAD), le Terminal pétrolier de Dakar (TPD), la Société générale de surveillance (SGS) et les associations consuméristes représentées par ASCOSEN.
Cette rencontre d’une demi-heure avait pour objectif la restitution technique du rapport de l’étude sur la structure des prix des produits pétroliers aux acteurs de la filière afin que ceux-ci puissent y apporter des commentaires, observations et suggestions. Plusieurs points ont été abordés de même que des observations, commentaires et recommandations. La présence de l’incoterm CIF a été le premier point abordé. Et le commentaire et observation des acteurs a été la question de la pertinence de l’application de l’incoterm CIF dans le calcul du PI. Ce point a été soulevé par la représentante du Ministère en charge du commerce. En réponse à cette question, le cabinet Mazars a indiqué que le CIF/NWE n’est pas la référence de CIF rendu port de Dakar ; mais un CIF zone ARA, marché liquide de provenance des importations de produits pétroliers. Le calcul du fret des produits pétroliers liquides avec la réintroduction du taux AFRA a été aussi posé par les représentants de la Sar qui craignent que cette information (taux AFRA) ne soit pas disponible car aussi bien le SP-CNH que la raffinerie n’ont pas encore souscrit à l’abonnement. Sur ces problématiques, Mazars a considéré que la formule de calcul actuelle qui fait appel à des constances ne permet pas de déterminer avec exactitude le prix de fret. Par ailleurs, le cabinet estime les taux AFRA sont publiés par London Tanker Brokerspanel et sont par conséquent accessibles à tout abonné. Après avoir expliqué la formule proposée pour le calcul des surestaries qui sont évalués en fonction des taux correspondant au «demurrage rate» issu des publications, la représentante du ministère en charge du Commerce a soutenu que ce poste « frais financier de stock de sécurité » doit être supprimé de la structure des prix car le consommateur, finalement, paie un service qui n’est honoré par les acteurs.
Le cabinet Mazars est également d’avis que ces frais financiers sur stock de sécurité ne doivent pas être prévus tant que toutes les dispositions ne sont pas prises pour la constitution de ce stock. Le haut commandant du Port autonome de Dakar (PAD) a rappelé avoir transmis un mémorandum au cabinet Mazars tout en précisant que 39 pour cent des investissements réalisés par le Port sont relatifs au secteur pétrolier. Ainsi, il a indiqué que le taux unique de 551F CFA/tonne proposé ne reflète pas la réalité des dépenses effectuées par le port. Par rapport à la proposition du cabinet, le GPP considère qu’elle devrait faire l’objet d’une validation préalable. Le tarif cabinet Mazars soutient avoir obtenu le résultat de 9.733 FCFA/tonne sur la base des éléments fournis par SAR. Ce montant s’établit à 551 FCFA/tonne. Les représentants de la SAR ont considéré que ce coût est sous-estimé par Mazars qui a proposé 9.733 FCFA/tonne à la place de 10.500 FCFA/tonne (tarif actuel dans la structure des prix). Or la SAR estime que 9.733F CFA /tonne est le coût de revient (sans marge). Ainsi, les charges liées aux opérations d’approvisionnement de Senelec en fuel HTS sont bien au-delà des 10.500F CFA/tonne. Le cabinet Mazars estime avoir obtenu le résultat de 9.733 FCFA/tonne sur la base des éléments fournis par la SAR. Ce montant n’intègre effectivement pas de marge. Le directeur général de TDP a insisté sur la problématique du tarif de passage aux terminaux pétroliers et s’est interrogé sur son intégration dans la structure des prix. Le cabinet Mazars a rétorqué que cette problématique peut être résolue définitivement avec la modification de la structure des prix et l’intégration du tarif négocié 1492 FCFA/tonne.
Les représentants de l’UNAGAZ ont estimé que les conclusions des consultants ne reflètent pas les informations sur l’activité des grossistes qui ont été fournies. Ils ont expliqué qu’avec les modernisations en cours dans le système de transport des bonbonnes de gaz vers le consommateur (acquisition de camionnettes pour remplacer les charrettes à traction par chevaux), leur activité est devenue fortement déficitaire malgré la ristourne que leur accordent les distributeurs. Le consultant, après être revenu sur rencontre avec l’UNAGAZ et les données reçues de cette association, a expliqué que les informations collectées n’ont pas permis de confirmer le déficit déclaré par les acteurs ni de justifier une proposition de révision de marge grossiste. Les représentants de AG3S se sont félicités de la recommandation du consultant de revoir à la hausse la marge détaillant tout en fustigeant l’attitude de certains distributeurs qui utilisent des pratiques pour grignoter une partie (pourcentage sur la vente par carte TPE, signature de contrats de gestion léonins etc.). Ils reconnaissent également avoir refusé de fournir des données au cabinet à cause de la pression des distributeurs. Sur ce point, le cabinet Mazars a informé avoir recouru à un benchmark qui révélé que le Sénégal a des marges détaillants relativement faibles. Devant la difficulté de collecte des données pour adopter la méthode CMO, le cabinet a suggéré le statuquo. Les acteurs de la filière, au même titre que le cabinet Mazars, sont d’avis que la fiscalité a un impact dans l’activité pétrolière et suggèrent de la revoir. Par ailleurs, ils partagent le même point de vue quant à la délégation de la gestion du FSIPP et du PSE au ministère du Pétrole et des Energies pour une meilleure prise en charge des difficultés du secteur, notamment le remboursement des pertes commerciales des acteurs et des factures de combustible de Senelec. Le cabinet Mazars conseille de déléguer la gestion du FSIPP et du PSE au ministère des Pétroles et des Energies mais aussi de veiller à l’application des objectifs de ces fonds.
Les acteurs refusent plusieurs propositions du cabinet Mazars
Au terme de cet atelier, des points de désaccord ont été relevés. En effet, certaines propositions du cabinet Mazars n’ont pas été acceptées par les acteurs. Il en ainsi des marges : sur ce point, à part la marge détaillant, le consultant propose de garder le statuquo. En effet, l’asymétrie des données collectées n’ayant pas permis la mise en œuvre de la méthode CMO et la position des niveau de marge au Sénégal par rapport aux autres pays (cf. benchmark) sont à la base de cette proposition du consultant. Ces explications n’ont pas convaincu les acteurs qui réclament une augmentation de leurs marges.
Par ailleurs, UNAGAZ considère qu’il y a une différence fondamentale entre les résultats obtenus par son groupe et ceux du cabinet Mazars dans la détermination de la marge brute et des charges externes. S’agissant des frais de gestion de la Sar sur le FO380, la raffinerie conteste la proposition de Mazars réduisant le coût de 10500 FCFA/T à 9733 FCFA/T n’intégrant pas de marge sur les coûts estimés. Pour ce qui est des frais de passage dans le pipeline, le niveau proposé par le consultant a été réfuté par Sentock qui le considère comme insuffisant pour prendre en charge l’entretien, la maintenance et le renouvellement. Au sujet des surestaries, le ministre du Commerce considère que ce poste devrait être supprimé de la structure des prix des produits pétroliers. Enfin, relativement aux frais portuaires, la proposition du Mazars n’a reçu l’assentiment ni du Port ni des activeurs qui estiment que les frais portuaires devraient faire l’objet d’une validation en amont par les ministères techniques sectoriels (ministères en charge des Finances, de l’Economie maritime et du Commerce) », informent nos sources qui avaient part à cette rencontre.