LES OPERATEURS RECLAMENT PLUS DE 16 MILLIARDS A LA SONACOS
Entamée au mois de décembre 2017, la campagne de commercialisation de l’arachide a pris fin hier avec son lot de couacs notés dans la collecte comme dans le paiement des dettes
Pendant six mois, paysans, producteurs et la Sonacos ont animé la campagne de commercialisation de l’arachide. Celle-ci, qui a pris fin hier, connaîtra sans doute une prolongation, car les opérateurs et autres paysans continuent de réclamer plus de 16 milliards à la Sonacos et à l’Etat du Sénégal.
Entamée au mois de décembre 2017, la campagne de commercialisation de l’arachide a pris fin hier avec son lot de couacs notés dans la collecte comme dans le paiement des dettes dues aux opérateurs. Pour Aliou Dia, le président du Comité national de suivi de la campagne arachidière, la saison 2017-2018 a débuté timidement, faute d’argent. Il souligne qu’au début de la campagne de commercialisation, la société d’huilerie collectait les produits des paysans qu’elle stockait dans des centres de groupage. Cette situation a entraîné une lenteur dans le décaissement de l’argent qui permettait aux opérateurs de rentrer dans leurs fonds. «Lors de la campagne 2016-2017, les délais de retrait d’argent ne dépassaient pas les 48 heures, mais, pour cette saison, des opérateurs restaient une semaine sans percevoir leur argent de la SONACOS.
Au début de la campagne, la société qui espérait recevoir de la Banque Islamique de Développement (Bid) la somme de 52 milliards Fcfa n’a pas reçu cet argent. Selon Aliou Dia, la SONACOS voulait structurer la production, la raffiner avant de procéder à la vente à l’extérieur. «Mais, entretemps, le prix de l’huile a évolué. C’est ainsi que la SONACOS qui craignait de perdre la production a gardé ses stocks, ce qui a fait qu’elle n’a pas respecté le délai exigé par le la Bid», a expliqué Aliou Dia. Cette situation a poussé l’Etat du Sénégal à verser la somme due afin de respecter l’échéance. Selon le président du Comité de suivi de la campagne de 2017-2018, l’établissement financier a exigé que la SONACOS paie sa dette qui s’élevait à 52 milliards Fcfa, avant de pouvoir recevoir une autre.
C’est ainsi que la Banque Nationale de Développement Economique (Bnde) et la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (Cncas) sont venues à la rescousse de la société d’huilerie à hauteur de 10 milliards Fcfa chacune, soit 20 milliards Fcfa au total pour accompagner les producteurs. Aliou Dia ajoute que la SONACOS doit la somme de 16 milliards Fcfa aux opérateurs. «Cette dette va sans doute évoluer pour atteindre les 17 milliards», soutient M. Dia. Sonacos Ziguinchor traine une ardoise de plus de 2,2 milliards Les opérateurs de la zone sud réclament plus de 2,2 milliards à la Sonacos. Une dette contractée pendant la présente campagne de commercialisation. «A cause de cette dette de 2,2 milliards, nous devons également de l’argent aux paysans dont certains détiennent toujours des graines d’arachide. Ce qui fait planer des doutes sur la campagne de distribution des semences. Car, un paysan qui a de graines n’achètera pas de semences», précise un opérateur de la zone sud sous le couvert de l’anonymat.
L’usine de Sonacos de Ziguinchor a collecté, pour cette présente campagne, 38.900 tonnes d’arachide. Une nette amélioration par rapport aux cinq dernières années, car la Sonacos avait collecté environ 12.000 tonnes l’année dernière et 20 000 tonnes l’année d’avant. Mais la crainte des opérateurs est l’obsolescence de l’usine de Ziguinchor. «Je me demande si l’usine pourra triturer les 38.900 tonnes d’ici la prochaine campagne de commercialisation de l’arachide. C’est de la ferraille», soutient l’opérateur qui annonce un point de presse lundi prochain, pour faire la situation sur la campagne de commercialisation de l’arachide.
LA POLICE ET LA GENDARMERIE ASSOCIEES A LA DISTRIBUTION DES SEMENCES
Toutefois, Aliou Dia rassure que la Sonacos va éponger la dette d’ici le 30 mai. Et c’est à partir de cette date que va démarrer la distribution des semences. Comme les années précédentes, des commissions seront installées et mises sous l’autorité de l’administration. Ainsi, les associations de femmes et de jeunes feront partie des commissions. La gendarmerie et la police aussi seront de la distribution dans des endroits où elles existent. «Nous voulons que les semences soient distribuées aux ayants-droit, c’est-à-dire le monde rural», dit-il. Pour cette campagne, 75.000 tonnes seront distribuées dont 55.000 certifiées et 20.000 écrémées.