OUMAR SARR DANS LE VISEUR DES POPULATIONS DE LA FALÉMÉ
Dans une lettre ouverte cinglante, le Comité de veille de la Falémé exprime sa vive opposition à l'accord minier incriminé et charge violemment le ministre des Mines qu'il accuse de mettre en péril l'environnement et les habitants
L’autorisation donnée à une société chinoise d’exploiter une mine d’or aux abords de la Falémé a mis les populations de la zone dans tous leurs états. le Comité de veille et d’alerte de la Falémé a de ce fait écrit une lettre ouverte incendiaire au ministre des mines et de la Géologie, Oumar Sarr, soutenant que celui-ci les a trahis, parce qu’informé véritablement de la dégradation de l’environnement par l’activité aurifère.
Oumar Sarr est dans le viseur du Comité de veille et d’alerte de la Falémé Mali-Sénégal (CVAF/MS) qui est furieux contre l’autorisation d’exploitation semi-mécanisée d’une mine d’or sur l’emprise de la Falémé, dans l’environnement immédiat des villages de Moussala Sénégal et de Dioubéba.
Dans une lettre ouverte écrite le 15 novembre dernier, signée par monsieur Opa Guiro, porte-parole du CVAF/MS et dont “L’AS” détient une copie, il est précisé que les populations autochtones sont en colère et très déçues de l’acte pris par les autorités sénégalaises et particulièrement par le ministre des Mines et de la Géologie. “Nous avons le sentiment que vous avez trahi nos populations et nos terroirs riverains du fleuve Falémé malgré toutes les assurances que vous nous aviez données par le passé”, note-t-on dans la lettre adressée au maire de Dagana et ministre des Mines et de la Géologie.
Le permis d’exploitation a été ainsi attribué à une société chinoise alors que depuis 2018, souligne monsieur Guiro, le CVAF/MS lutte pour que tous les orpailleurs nationaux et ceux provenant de la sous-région soient déguerpis de l’emprise de la Falémé. Loin de mettre en œuvre ce déguerpissement, se désole-t-il, Oumar Sarr a décidé d’aggraver la situation en octroyant une autorisation d’exploitation semi-mécanisée sur deux sites se trouvant sur la rive gauche du fleuve, le premier à moins d’un kilomètre des berges, près du village de Moussala Sénégal, le second à moins de trois cents mètres des berges du fleuve, au niveau du village de Dioubeba, dans la commune de Sadataou. Le Comité de veille et d’alerte de la Falémé Mali-Sénégal (CVAF/MS) estime qu’Oumar Sarr connaît pertinemment la situation de la Falémé d’autant plus qu’il a été sensibilisé le 26 février dernier au cours d’une réunion dans son bureau à Diamniadio. A l’occasion, le Comité lui avait exposé la situation catastrophique du fleuve dont les eaux sont complètement polluées, la faune et la flore en agonie, l’écosystème en voie de destruction, les fléaux relatifs à la santé avec la prolifération et l’apparition sur l’emprise du fleuve de maladies jusqu’alors inconnues dans les terroirs, qui ravagent les populations et leurs bétails. Il dit également avoir sensibilisé le ministre sur, entre autres, les méfaits de cette exploitation sur l’éducation avec les déperditions scolaires, la détérioration des mœurs, le développement exponentiel de l’insécurité que génèrent les trafics de tous genres et toutes sortes de drogues qui sont en train de gangrener insidieusement, comme un cancer, la jeunesse.
Le Comité révèle d’ailleurs qu’après cet exposé, Oumar Sarr lui-même leur avait montré d’horribles images de l’état du fleuve pour confirmer la véracité de leurs propos. “Donc Oumar Sarr est bien conscient des dangers que vivent ou qui guettent les populations riveraines du fleuve et son écosystème”, précise le comité qui ajoute que le ministre avait assuré qu’il prendrait très rapidement les décisions et les dispositions adéquates pour arrêter l’orpaillage sur l’emprise de la Falémé, et qu’il allait utiliser tous les moyens dont dispose l’Etat pour y parvenir.
L’ABROGATION DE L’AUTORISATION EXIGEE
Le comité rappelle, en outre, que le ministre avait promis en vain de se rendre sur les rives de la Falémé pour constater de visu l’état du fleuve. Aujourd’hui, les populations préviennent l’Etat et ont déjà fait état aux autorités déconcentrées dans la zone de leur totale opposition à cette exploitation semi-mécanisée. Ils demandent d’ailleurs au ministre des Mines et de la Géologie de bien vouloir abroger l’autorisation accordée à la société chinoise. Les populations comptent s’opposer par tous les moyens à cette exploitation “qui va empirer la situation déjà désastreuse de l’emprise du fleuve et impacter négativement leurs activités, mettre en danger leurs vies, hypothéquer l’avenir de leurs enfants et que, pour cela, elles n’ont d’autre choix que de résister et s’il le faut jusqu’au sacrifice suprême”.
Le Comité dit ainsi se joindre aux populations riveraines pour demander de bien vouloir abroger l’autorisation accordée à la société chinoise. A défaut, il n’exclut pas de saisir qui de droit pour que cette autorisation ne mette pas en péril la vie des populations et de leurs bétails, la faune, la flore et l’écosystème de l’emprise de la Falémé ; en un mot, tout notre environnement.
“A notre humble avis, maintenir cette autorisation pourrait être assimilé à un acte criminel, au vu des conséquences néfastes à tous points de vue, qu’elle entraîne pour les citoyens vivant sur l’emprise de la Falémé. En effet, un éventuel refus d’abroger cette autorisation meurtrière de tout un écosystème dont dépendent des vies humaines ne pourrait s’interpréter autrement pour vous : la vie des populations et celle de leurs bétails, la faune, la flore, l’écosystème et tout l’environnement valent moins qu’une pépite d’or”, lit-on en définitive dans la lettre ouverte adressée à Oumar Sarr.