LES SYNDICALISTES JUGENT INOPPORTUN LE CHANGEMENT À LA TÊTE DU MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION
Les enseignants craignent des répercussions sur l’année scolare et le non-respect des accords pris par le gouvernement

La nomination de Cheikh Oumar Hanne au ministère de l’Education nationale, en remplacement de Mamadou Talla, est inopportune à quelques jours de la rentrée des classes prévue le 03 octobre prochain. C’est la conviction des syndicats d'enseignants qui craignent des répercussions sur l’année et le non-respect des accords pris par le gouvernement.
Le concept «Ubi tey Jangë tey» risque de ne pas être effectif à la prochaine rentrée des classes. Pour cause, les changements opérés au niveau du ministère de l’Education nationale avec la nomination de Cheikh Oumar Hanne à la tête du département, à moins de 15 jours de la rentrée scolaire. Selon le secrétaire général du Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal Sels/Authentique, cette nomination est inopportune. Même s’il reconnaît que le chef de l’Etat a les prérogatives de nommer qui il veut, Abdou Faty déclare: «Nous déplorons le jeu de chaises, nous déplorons égalementle fait qu’on ait changé un ministre à 15 jours de la rentrée. Ce jeu de chaises, à quelques encablures de la rentrée, est inopportun et impertinent. Et ce qui est sûr, c’est qu’on va vers des dysfonctionnements. Cette année, le Ubi tey jangë tey ne sera pas effectif parce qu’on n’a rien planifié. Avec ce remaniement, beaucoup de ministères ont changé de dénomination, donc tous les actes administratifs qui étaient pris et qui devaient faire de longs circuits vont revenir au ministère de l’Education avant de retourner au ministère de la Fonction publique ». Pis, l’enseignant se désole de la non tenue d’un CRD ou d’un CDD pour faire le point sur les écoles inondées, les écoles qui sont occupées, les tables-bancs et tout le matériel qui a été entamé... «Même le traditionnel séminaire de la rentrée qui se tient chaque année à quelques semaines de l’ouverture des classes et qui réunit toutes les parties prenantes autour d’une table pour discuter des mesures et dispositions à prendre pour une bonne rentrée ne s’est toujours pas tenu». Rappelantle caractère conflictogène du ministère, le syndicaliste révèle qu’ils ont quand même essayé de construire difficilement la paix durant ces 3 dernières années. «Nous prenons acte de la nomination, mais nous déplorons le fait qu’on puisse la changer à quelques jours de la rentrée», fulmine le secrétaire général du SELS.Il ajoute que des réformes sur les curricula, sur les enseignements apprentissages
ont déjà été entamées et qu’avec l’avènement d’un nouveau ministre, tout le travail déjà fait risque de tomber à l’eau.
Toutefois, il invite Cheikh Oumar Hanne à faire dans le fast track, comme l’a suggéré le chef de l’Etat, en mettant tous les dispositifs pour une bonne rentrée des classes, mais aussi aller vite pour que les programmes soient allé-
gés et qu’on réforme les curricula.
Saourou Sene, SG SAEEMS : "Je suis un peu surpris par le départ de Mamadou Talla"
Abondant dans le même sens, le secrétaire général du Syndicat Autonome des Enseignants de l’Education du Moyen Secondaire (SAEEMS) se dit surpris par le départ de Mamadou Talla de la tête de l’Education nationale, pour la bonne et simple raison qu’il trouve que l’homme avait une disponibilité et le sens des partages. Mieux, il révèle qu’à 15 jours de la rentrée scolaire, des discussions avec le ministère sur les travaux préparatoires de la rentrée avec la programmation des journées partenariats de Saly qui se tiennent régulièrement à chaque veille de rentrée scolaire, devaient déjà être entamées. « Maintenant, le ministre Cheikh Oumar Hanne qui vient d’être porté à la tête du département doit savoir que l’Enseignement supérieur est différent de l’Education nationale pour la bonne et simple raison que c’est un grand ministère avec beaucoup d’organisations syndicales et avec beaucoup de défis à relever tels que la suppression des abris provisoires, le recrutement d’enseignants en nombre supérieur, la question du portage du protocole d’accords etc.», soutient le syndicaliste. Listant ses inquiétudes, Saourou Sène semble préoccupé par la matérialisation des engagements pris par l’Etat. Autrement dit, il craint qu’on ne revienne à la case de départ alors qu’ils étaient déjà dans une logique de stabilisation du système éducatif à travers Mamadou Talla. « Ce n’est pas le moment opportun de changer le ministre de l’Education nationale. Mamadou Talla était déjà bon. Cependant, on attend de voir ce qu’il va faire d’autant plus que ce ministère a déjà acquis une tradition de dialogue et là, les enseignants l’attendent », annonce Saourou Sène. Néanmoins, il invite MamadouTalla à rappeler à son successeur lors de la passation de service qu’il est venu dans un secteur qui nécessite beaucoup de disponibilités et beaucoup de partages.