MACKY SALL A L’EPREUVE DU FINANCEMENT DU PSE2
Le président de la République qui s’était engagé à «forger l’image d’un nouveau Sénégal» grâce à son programme quinquennal, Pse2, prévu sur la période 2019-2023, fait aujourd’hui face à un véritable défi
Le président de la République, Macky Sall, qui s’était engagé à «forger l’image d’un nouveau Sénégal» grâce à son programme quinquennal, Pse2, prévu sur la période 2019-2023, fait aujourd’hui face à un véritable défi. En effet, la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du nouveau coronavirus avec ses graves répercussions sur l’économie nationale et la sourde oreille des bailleurs de fonds à son initiative pour l’annulation de la dette constituent des facteurs bloquants au financement de ce programme au budget évalué à 14 098 milliards de francs CFA.
Réélu avec 58,26 % des voix au soir du 24 février 2019 devant ses quatre concurrents qui étaient en lice, et parmi lesquels l’ancien Premier ministre Idrissa Seck (20,51 %), le député Ousmane Sonko (15,67 %), l’universitaire Issa Sall (4,07 %) et l’ancien ministre Madické Niang (1,48 %), l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, s’était engagé à «forger l’image d’un nouveau Sénégal» grâce à son programme quinquennal : la phase 2 du Plan Sénégal Émergent (Pse) prévue sur la période 2019-2023. Aujourd’- hui, à trois ans de la fin de cette échéance, la mise en œuvre de cette phase 2 du Pse qui vise entre autres, une accélération de la croissance, une transformation structurelle de l’économie, et une amélioration du capital humain et de l’État de droit semble plus que jamais hypothéquée.
Nonobstant les engagements de financement obtenus à la veille de la dernière présidentielle auprès des bailleurs du Club de Paris, la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du nouveau coronavirus avec ses graves répercussions sur l’économie nationale à quoi il faut ajouter la proposition d’annulation de la dette qui n’a pas encore reçu un echo favorable, sont autant de facteurs bloquants au financement de ce programme.
En effet, avec une croissance économique moyenne qui avoisinait avant la pandémie de la Covid19 les 6 et 6,5 % du PIB, le Sénégal, du fait de la forte baisse de l’activité économique, est aujourd’hui sous la menace d’une forte régression de sa croissance qui pourrait passée jusqu’à moins de 3%, selon le président Macky Sall dans son adresse à la nation à la veille de la fête d’indépendance, le 3 avril 2020. Depuis le 2 mars, le Sénégal à l’instar des autres Etats tourne au ralenti du fait de l’arrêt soudain des activités de plusieurs secteurs clés de l’économie : voyages, tourisme, activités aéroportuaires entre autres.. Le niveau de la dette est passé de 60,6 % du PIB en 2017 à 64,5 % en 2018 selon la Banque mondiale (15 avril 2019).
Le président de la République avait, dès le début de la pandémie sur le continent africain, engagé la bataille pour l’annulation de la dette en lançant une initiative soutenue par la suite par une dizaine d’Etats africains. En réponse à cette initiative, les pays industrialisés du Groupe des huit (G-8) ont accepté d’accorder aux seuls pays pauvres très endettés (PPTE), une annulation de 40 milliards de dollars sur les 300 milliards de dollars de dette due aux institutions multilatérales par les Etats africains. De son côté, le G20 a proposé une suspension des services de la dette entre juin et décembre 2020.
Dans son discours d’investiture pour un second mandat prononcé à la suite de sa prestation de serment le 2 avril 2019 dans la Salle des Expositions de Diamniadio, devant les membres du Conseil constitutionnel et en présence de dix-huit chefs d’Etat Africains et une cinquantaine de délégations, Macky Sall s’était engagé dans le cadre de cette phase 2 du Pse à accélérer la croissance de sept domaines sectoriels prioritaires. Il s’agit entre autres, de l’agriculture, de l’horticulture et de l’agro-industrie, des infrastructures et la construction, de l’énergie (pétrole, gaz, mines), des industries, de l’économie numérique, du tourisme et la finance.
À côté de ces projets destinés à booster la croissance du PIB de 5 à 9 %, le chef de l’Etat s’était également engagé sur le plan social à mettre en œuvre un programme de construction de 100 000 logements sociaux et à accorder une priorité aux femmes et aux jeunes à qui, il a promis 1 million d’emplois pour les cinq prochaines années. Autant d’engagements qui risquent d’être des serpents de mer dans le quinquennat de Macky Sall.