«NOUS NE POUVONS PLUS CONTINUER A ABSORBER DES TAXES SUR NOS MARGES»
Le président directeur général Youga Sow monte au créneau. Selon lui, la SOCOCIM ne peut plus supporter les taxes de l’Etat d’où l’impératif d’augmenter le prix du ciment.
Après la sortie de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), Momar Ndao, dénonçant la hausse du prix du ciment par la Sococim, le président directeur général de cette société de cimenterie, Youga Sow monte au créneau. Selon lui, la SOCOCIM ne peut plus supporter les taxes de l’Etat d’où l’impératif d’augmenter le prix du ciment.
Suite à la sortie de l’association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN) dénonçant la hausse du prix du ciment, le président directeur général de la SOCOCIM Youga Sow apporte des explications.
«La vérité, c’est que nous ne pouvons plus continuer à absorber des taxes sur nos marges. En 2018, on a eu une année difficile où tous les cimentiers ont perdu de l’argent. C’est des milliards de perte. La taxe est répercutée aux consommateurs. Ceci dit, on parle quand même d’une augmentation de 3 francs par kilogramme. Vous vous rendez compte ? Soit, l’équivalent de 300 francs par sac. C’est uniquement pour répercuter la taxe. L’année dernière, l’Etat avait bloqué les prix parce qu’il avait lancé une année spéciale dite une année sociale. Aujourd’hui, on est sorti de cette situation et nous ne pouvons plus continuer à vendre à perte au moment où l’Etat collecte sur nous», a-t-il précisé.
Il souligne au passage que le Sénégal a les plus bas prix de toute l’Afrique de l’Ouest. Et cette augmentation n’affecte en rien le rang du Sénégal dans la sous-région. «Il y a aucun pays en Afrique de l’Ouest où les prix du ciment sont plus bas que ceux du Sénégal. Le différentiel entre le Sénégal et les autres se situe entre 20 et 25 mille francs Cfa. Le Sénégalais achète la tonne de ciment entre 20 et 25.000 F CFA. C’est en dessous des prix dans toute la sous-région. Ce n’est pas possible de continuer ainsi !».
«Pourquoi depuis deux ans l’Etat du Sénégal subventionne la Senelec à hauteur de 75 milliards F cfa et lui fait une reconnaissance de dette de plus de 200 milliards de francs Cfa pour maitriser le coût de l’électricité ? C’est parce que le carburant a augmenté. C’est la raison pour laquelle, la Sénélec a été subventionnée. Quant à nous industriels, personne ne nous subventionne», relève-t-il. «Donc, nous ne pouvons plus vendre à perte», a laissé entendre M. Sow.
2000 à 3000 emplois menacés
Youga Sow a aussi fait savoir qu’il y a une menace qui pèse sur les employés de cette société de cimenterie. «Tous ces activistes d’association des consommateurs doivent aussi savoir qu’il y a une menace qui pèse sur plus de 2000 à 3000 employés qui, pourraient être licenciés, parce qu’on va restructurer l’entreprise. Les gens qui parlent de cette situation devraient plutôt s’intéresser au sort de ces pauvres travailleurs qui pourraient se retrouver sur le carreau. Et jusqu’ici personne n’a entendu les cimentiers dire qu’ils vont licencier des employés. Pourtant, ça ne semble pas les intéresser», a regretté le PDG de Sococim que nous avons joint au téléphone.
Et d’ajouter : «mais en attendant, nous sommes obligés de faire des augmentations qui nous permettent de tenir debout. Je rappelle que nous avions augmenté de 5000, ils nous ont retoqué. Ensuite, nous avons augmenté de 3000, ils nous encore retoqué. Mais là, nous sommes arrivés à un point de non retour».
CES TAXES DE LA DISCORDE
Pour rappel, à partir de l’année 2017, l’Etat du Sénégal avait procédé à des prélèvements, au profit de son budget, d’une contribution spéciale sur les produits des mines et carrières (Csmc) de 5 % du prix de la tonne (extrait de l’article 18 de la loi des finances 2017). Puis, il a eu recours à une taxe spéciale sur le ciment de 3000 F Ht/Tonne en 2017. Il s’agit de l’article 22 de la loi des finances 2017 qui, en son alinéa 3, dispose que «(…) cette taxe frappe les livraisons de ciment à un tarif fixé à 3 francs par kilogramme de ciment». Ce sont ces taxes de «trop» qui semblent être la pomme de la discorde.
Ainsi, la taxe instaurée par l’Etat est supposée avoir un impact de plus de 3540 F TTC/ tonne directement sur le prix du consommateur sénégalais. Toutefois, malgré les taxes de plus en plus nombreuses du fisc sénégalais, les industriels soutiennent avoir maintenu des prix les plus bas de la sous-région. Ils semblent être à bout. Reste à savoir comment l’Etat va réagir à nouveau.