OUSMANE SONKO PEINT UN RECUL ÉCONOMIQUE
Classement du Doing business et du Fmi, masse salariale, création de richesses
Rien ne justifie la thèse d’un bond économique au Sénégal, tellement les pratiques administratives, la mauvaise gestion des ressources publiques enseignent le contraire. C’est l’avis de Ousmane Sonko, cadre des impôts des domaines, par ailleurs président du parti Pastef.
Dire que le Sénégal fait partie des 25 pays les plus pauvres ne devrait pas être une «honte», d’après Ousmane Sonko. Il suffit, selon lui, d’interroger les mauvaises pratiques administratives et économiques en cours dans ce pays.
Ce leader du parti Pastef a précisé hier, lors d’une conférence de presse, que tous les Pib des pays sont calculés en dollars. L’agent des impôts et domaines d’inviter : «Qu’on arrête de dire qu’il faut calculer le Pib en francs Cfa. Le Mali, la Gambie et tant d’autres pays sont logés à la même enseigne. Le dollar ne concerne que les Etats-Unis. Toutes les statistiques données par le ministère de l’Economie, des finances et du plan sont fausses.»
Par ailleurs, le fait que le Sénégal se retrouve dans les 10 pays réformateurs retenus par le Doing business n’a pas une grande signification par rapport à l’intérêt des investisseurs. «Notre pays a gagné 34 points dans la rubrique création d’entreprises. C’est la chose la plus facile. Il a reculé sur les plans du raccordement au réseau d’électricité, l’octroi d’un permis de construire, le paiement des taxes et impôts, le règlement de l’insolvabilité et l’obtention d’un prêt. Aucun investisseur ne viendra au Sénégal dans ces conditions. D’ailleurs, les seuls qui viennent sont ceux qui viennent piller nos ressources minières et pas ceux qui veulent développer des affaires sérieusement. La vérité est que ce pays n’avance pas. Il recule dangereusement. Macky Sall ne crée ni richesse ni emploi et encore moins les conditions de la transformation structurelle de l’économie si chère à son Pse», a relevé M. Sonko.
L’homme politique a passé la matinée d’hier à mettre en lumière les tares de la gouvernance économique du Président Macky Sall. Des mauvaises pratiques administratives aux entreprises en difficultés, en passant par la gestion des ressources publiques, le président de Pastef appelle les Sénégalais, l’élite intellectuelle et administrative surtout à un sursaut «patriotique» pour faire avancer le pays.
«La masse salariale n’est pas exagérée au Sénégal»
La sortie du ministre délégué en charge du Budget sur le ratio masse salariale-recette fiscale manque de pertinence, selon Ousmane Sonko. Ce dernier consi dère que la masse salariale n’est pas si énorme au Sénégal. Il prend ainsi le contrepied du ministre de l’Economie, des finances et du plan, puis de celui du Budget selon qui, les salaires des agents de l’Etat ont atteint 34% des recettes fiscales de l’Etat en 2012 au moment où le seuil fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) est de 35%.
M. Sonko découvre que la Côte d’Ivoire est à plus de 50% de ses recettes fiscales, le Burkina a également largement dépassé ce taux. Idem pour la Guinée Bissau et d’autres Etats qui partagent l’Uemoa. «Depuis que ce critère est validé (2009), le Sénégal est le seul pays à ne pas dépassé 35%. L’Ocde (Organisation de coopération et de développement économique : Ndlr) parle de 3% du Pib. La France est à 8% de son Pib (Produit intérieur brut), la plus petite moyenne dans l’Union européenne est 6%. Notre pays est loin de ces taux. La masse salariale n’est pas exagérée au Sénégal», compare-t-il.
Le président de Pastef s’appuie sur le ratio nombre agents-population totale. «Le Sénégal a 1,87 agent pour 100 Sénégalais. Nous ne sommes que devant le Mali», se désole-t-il.
A ses yeux, ce sont les bailleurs de fonds qui dictent encore une fois à nous Etats la conduite à tenir en leur demandant de réduire la masse salariale, de privatiser les sociétés, d’arrêter les subventions et de recruter des volontaires et des vacataires.