QUAND LE MARAICHAGE TRANSFORME LA VIE DES POPULATIONS
Bignona

Les bonnes retombées commerciales du maraîchage et son important apport nutritionnel dans l’alimentation des populations, grâce au Programme Karonghen 2, ont fait que beaucoup de femmes sont fixées maintenant dans les villages du Fogny. Du même coup, cela a réduit fortement la frustration des habitants d’un grand nombre de localités qui se considéraient « abandonnés » par l’Etat du Sénégal.
En cette matinée du mardi 11 avril 2017 à Baranlir (une localité de la commune de Djignaki), la dame Aramata Mané et ses 65 autres collègues membres du groupement « Karonghen » (toutes des femmes) sont regroupées dans un coin de leur bloc maraîcher communautaire, assises à même le sol. Elles écoutent attentivement les explications de leur formateur agricole Aliou Sonko. Ce dernier les initie à la fabrique de produits phytosanitaires à base d’ail, de pétrole, d’huile végétale et de savon ordinaire. « Ici, nous faisons du maraîchage bio pour éviter des risques d’accident liés à la consommation par inadvertance, à l’utilisation et à la manipulation de produits chimiques », explique Aramata Mané.
A l’en croire, partout dans le Fogny où le programme Karonghen 2 a réhabilité des blocs maraîchers, les populations ne font que du maraîchage biologique. « C’est pour les mêmes raisons citées ci-dessus ». Quant aux jardins, ils produisent bien, offrant trois récoltes par an.
De qualité irréprochable, les légumes biologiques sont très prisés par les consommateurs. Raison pour laquelle ils se vendent comme de petits bouts de pain, notamment dans les chefs-lieux des communes de Bignona, Djignaki, Diouloulou et Kafountine. Des commerçants sénégalais, ainsi que certaines personnes de nationalité gambienne parcourent de grandes distances sur des routes cahoteuses pour venir en acheter dans les champs.
Conditions de vie encore meilleures
Les maraîchères se frottent les mains. « Nous vivons mieux actuellement dans nos familles grâce au maraîchage », confie Aramata Mané. Notre interlocutrice et ses camarades sont contentes de l’appui du Programme Karonghen 2 qui a réhabilité, équipé, clôturé en grillage et doté d’un portail en fer leur bloc maraîcher communautaire de 2 ha. Elles sont enthousiastes de pouvoir exploiter maintenant leur jardin dans des conditions moins contraignantes,grâce à Karonghen 2 qui vient de mettre à leur disposition des équipements modernes.
Il s’agit d’un puits moderne, d’un système d’exhaure fonctionnant à l’énergie solaire, de 16 bassins pour le stockage de l’eau destinée à l’arrosage des plants, de petits matériels de maraîchage, d’un magasin, etc. « Donc, nous allons pouvoir cultiver maintenant des légumes biologiques sur de plus grandes surfaces et générer des revenus substantiels pour subvenir à nos besoins familiaux dont la scolarité des enfants, leurs fournitures et la santé »,dit-elle.
Et d’ajouter : « Dans le village actuellement, nous avons aussi les possibilités de relever le niveau nutritionnel de nos repas et de diversifier l’alimentation au sein de nos familles, avec les légumes biologiques de type africain et européen que nous cultivons dans notre bloc maraîcher grâce au Programme Karonghen 2 ». Les mêmes opportunités s’offrent à ses sœurs des autres villages de sa collectivité locale, ainsi qu’à celles des localités des communes de Djignaki et de Sindian, dont les blocs maraîchers communautaires ont été réhabilités et équipés aussi par Karonghen 2. C’est le cas dans les localités de Djinone, Balonguine et Djignaki.
Les femmes fixées dans les villages grâce au maraîchage
Les maraîchères visitées se rappellent qu’autrefois, à pareille période de l’année (de janvier - après la récolte du riz pluvial - jusqu’à juin), il était difficile de trouver des femmes valides dans les villages. « Beaucoup partaient vers les villes comme Bignona, Ziguinchor et Dakar pour monnayer leurs services en qualité de domestiques ». Nos interlocutrices se félicitent du fait que le programme Karonghen 2, à travers les blocs maraîchers communautaires qu’il a réhabilités et équipés, ait réussi à fixer les femmes du Fogny dans leurs villages. Le président du comité d’action pour le développement de la zone des palmiers,
Daouda Boss Sonko, n’a pas caché sa satisfaction sur les impacts positifs de ces actions du programme Karibnghen 2, auxquelles il a ajouté la mise en place de poulailler comprenant des pondeuses et des poulets de chair, en attendant l’installation des bergeries.
« Autant d’investissements porteurs qui font que, dans cette partie du Nord Sindian, rendue tristement célèbre à cause du conflit armé qui sévissait en Casamance, il y a maintenant l’unité des cœurs et des esprits au sein des villageois. On note également un rapprochement des populations, ainsi que l’éradication de la suspicion et de la méfiance qui existaient entre les habitants des différentes localités ».
Somme toute, dans cette zone du Fogny, qui est constituée par les arrondissements de Sindian, Tenghory et Kataba1, des lendemains meilleurs s’offrent aux populations grâce à l’Etat et ses partenaires. Comme la coopération espagnole, à travers son agence internationale au développement qui finance Karonghen 2 dont la durée est 4 ans et qui est à 2 ans et demi d’exécution. En effet, après la réhabilitation, l’équipent et la clôture de leurs périmètres, les femmes maraîchères du Fogny sont en train d’être formées en gestion.
La finalité est qu’elles puissent assurer la gestion financière de leurs blocs maraîchers respectifs pour les pérenniser et en tirer le maximum de profits. Ailleurs, certaines maraîchères ont fini d’être alphabétisées ou sont en cours de l’être.
L’objectif visé est qu’elles sachent lire, écrire et compter en diola pour pouvoir mener à bien leurs activités de maraîchage et s’illustrer dans les autres domaines de la vie active.