UN CONTRAT ILLEGAL MENACE LA SURVIE DE LA SAR
Sans l’aval de son Conseil d’administration, le Dg de la Sar a passé un contrat de 400 milliards de francs Cfa avec la compagnie Oryx Sa
Le Conseil d’administration pas informé du contrat avec Oryx Sa – Une sommation interpellative envoyée au Dg et au Pca
Sans l’aval de son Conseil d’administration, le Dg de la Sar a passé un contrat de 400 milliards de francs Cfa avec la compagnie Oryx Sa. Ledit contrat comporte des clauses si léonines au détriment de la Sar qu’il ne pourrait qu’enfoncer cette dernière dans d’autres difficultés, voire la pousser à la fermeture. Des administrateurs ont demandé des comptes au Dg dont on dit qu’il bénéficierait de solides protections.
La Société africaine de raffinage (Sar) connaît une situation qui risque de conduire à l’arrêt de ses activités si personne n’y met rapidement le holà. Alors qu’elle connaît de très grandes difficultés de trésorerie, des actionnaires reprochent au directeur général de poser des actes de gestion qui fragilisent encore plus la situation de la raffinerie. Pour montrer à quel point elle est dramatique, des sommations interpellatives ont été envoyées au président du Conseil d’administration Serigne Mboup, ainsi qu’au directeur général Omar Diop.
Il est clairement fait grief au Dg d’avoir, en août 2017, «signé un contrat de fourniture de produits pétroliers portant sur 8 cargaisons, sur une durée supérieure à un an». Ledit contrat a été signé avec la société Oryx Sa, et la cargaison représente, au taux actuel, environ 400 milliards de francs Cfa.
Cette situation est incompréhensible à tous points de vue. D’abord, dans le rapport d’activités pour 2017, approuvé par le Conseil d’administration, le Dg avait indiqué, s’agissant des appels d’offres, lancés, dépouillés et adjugés au 2 novembre 2017, qu’aucun appel d’offres n’avait été à cette date lancé pour la fourniture de brut. Et il n’avait fait nulle mention du contrat avec la société Oryx Sa. Fait d’autant plus grave que tout contrat de ce type devait, avant d’entrer en vigueur, être approuvé par le Conseil d’administration, ce qui n’a pas été fait.
Interpellé par voie d’huissier, le Pca Serigne Mboup aurait affirmé que le directeur général n’avait jamais saisi le Conseil sur le contrat avec Oryx. De son côté, Omar Diop a préféré faire le mort. Ce qui choque le plus les membres du Conseil d’administration dont, en premier lieu, les administrateurs de Locafrique, qui est l’actionnaire de référence et qui a permis à la Sar de sortir la tête de l’eau en y injectant environ 15 milliards de francs Cfa pour reprendre les actions de la Saudi Binladen Sa. C’est que le contrat signé avec Oryx comporterait, à leurs yeux, des clauses abusives en défaveur de la raffinerie nationale. Il s’agirait notamment «des surcoûts induits (différentiel élevé, manipulation sur les périodes de pricing, versement d’intérêts de retard en plus du paiement des surestaries, etc.)». Les conséquences de tout cela seraient terribles pour l’entreprise et, selon les actionnaires, «vont creuser irrémédiablement le déficit de trésorerie qui est évalué, à ce jour, à 16 milliards de francs Cfa, hors pertes commerciales».
Au moment où les déficits de la raffinerie atteignent un niveau tel que son partenaire, la banque Uba, hésite à honorer ses lettres de crédit, la direction de la Sar est soupçonnée de vouloir faire passer ses trous de gestion comme des pertes commerciales, et ainsi les faire endosser par l’Etat à travers le Fonds spécial de soutien au secteur de l’énergie. Ce qui est, au mieux, un détournement de deniers publics. Les déficits que l’exécution de ce nouveau contrat vont entraîner ne peuvent pas du tout être assimilés à des pertes commerciales, assurent tous les spécialistes du secteur pétrolier.
Quoi qu’il en soit, Locafrique et d’autres membres du Conseil d’administration demandent la résiliation de ce contrat, dont Le Quotidien a appris que la direction générale a entrepris de l’exécuter. Les administrateurs ont saisi le Pca pour qu’il convoque une réunion à cet effet, mais jusqu’à hier, M. Mboup faisait la sourde oreille sans donner aucune raison. Cette situation commence sérieusement à excéder l’actionnaire de référence qui commence à songer à retirer ses billes. Ce qui, au vu de la situation de la boîte, serait un coup fatal.