UNE PREMIÈRE POUR LE SECTEUR DU GAZ
Pour la première fois, une convention collective a été signée entre l’Etat du Sénégal et les syndicalistes
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Après plus d’une trentaine d’années d’attente, les travailleurs du pétrole et du gaz ont procédé hier, avec l’Etat, à la signature d’une convention collective. Tout en saluant ce moment historique, les acteurs du secteur relèvent que les entreprises sont asphyxiées par les dettes de l’Etat du Sénégal.
Les acteurs du pétrole et du gaz viennent d’inscrire leurs noms dans l’histoire syndicale du secteur. En effet, pour la première fois, une convention collective a été signée entre l’Etat du Sénégal et les syndicalistes affiliés aux différents syndicats évoluant dans ce secteur .
Un acquis inestimable pour les travailleurs, selon le président du Comité de pilotage, Doudou Ndiaye. «La convention prend en charge toutes les spécificités du secteur et intègre en son sein des dispositions nouvelles, notamment imposées par les évolutions technologiques. Toutes les références aux lois et règlements du travail sont actualisées. La convention comprend des innovations comme la disposition consacrée à la concertation et au dialogue», a explique le président du Comité de pilotage.
Pour lui, il faut actualiser les annexes et la classification des emplois. «Ce présent accord va perpétuer le climat de paix sociale propice au développement des entreprises du secteur au Sénégal et à l’épanouissement des travailleurs», a indiqué M. Ndiaye.
De son côté, le directeur général du Travail, Karim Cissé a rappelé la genèse de la convention collective signée hier . « Nous avons eu de longues séances de négociations marquées par des prises de positions énergiques et passionnées. Des séances ont été suspendues tard dans la soirée pour des conciliations séparées», se rappelle Karim Cissé qui affirme les négociations ont duré trois ans. «La présente convention règle les rapports de travail entre les employeurs et les travailleurs dans les entreprises dont les activités principales d’exercer sur le territoire national relèvent de la branche professionnelle pétrole et gaz», dit Karim Cissé.
Cette convention compte 78 articles répartis en 7 titres. Il s’agit entre autres des dispositions générales, du contrat de travail, du droit syndical et du délégué du personnel, de l’apprentissage et de la formation professionnelle, du salaire, des conditions de travail et de la sécurité sociale.
Le secrétaire général adjoint du Syndicat des Travailleurs du Pétrole et du Gaz du Sénégal (SNTPGS), Sara Konaré, a magnifié un acte historique et hautement significatif dans la vie d’une organisation syndicale. «Cette convention est venue à son heure dans le prolongement des accords généraux de 2008 et de 2016 portant sur des pactes sociaux. Elle traduit la haute culture du dialogue social qui gouverne les rapports sociaux dans le secteur du pétrole et du gaz», souligne M. Kanté.
Des entreprises endettées A sa suite, Cheikh Diop de la Cnts/Fc est monté au créneau pour rappeler les différentes étapes par lesquelles sont passés ses camarades syndicalistes avant d’en arriver à cette convention qu’il considère historique. «Nous l’attendions depuis 1982, c’est aujourd’hui que nous y sommes parvenus après des négociations qui ont duré trois ans», a-t-il souligné.
Pourtant, selon M. Diop, les syndicalistes ont connu quelques fois des difficultés qui ont failli plomber les négociations. Parmi celles-ci, il cite le poids de la dette. «Elle commence à rendre difficile la vie des entreprises», a-t-il lancé en guise d’alerte et en présence du ministre Samba Sy.
La signature de cette convention, souligne le représentant du patronat, Hamady Sy par ailleurs directeur général de Total Sénégal, intervient dans un contexte délicat pour les entreprises privées. «Elle va engendrer des coûts supplémentaires conséquents pour des entreprises déjà fragilisées par une longue période d’endettement de l’Etat et d’absence de revalorisation de la marge», se plaint le sieur Sy avant d’ajouter : «c’est en tant qu’entreprise citoyenne soucieuse de mettre ses travailleurs dans des conditions de travail sécurisé et règlementé, et convaincus que l’Etat va régler sous peu l’épineuse question de la dette due aux entreprises, que nous avons accepté de signer cette convention. Il y a va du développement économique du Sénégal, de la survie de nos sociétés, par conséquent de la stabilité du secteur hautement sensible de notre économie».