VILLAGE DE DJILASS: L’EXPLOITATION DE L’OR BLANC NE NOURRIT PAS SON HOMME
Le village de Djilass (arrondissement de Fimela, région de Fatick), riche de son potentiel salicole, présente d’importants atouts pour promouvoir son développement local endogène
Le village de Djilass (arrondissement de Fimela, région de Fatick), riche de son potentiel salicole, présente d’importants atouts pour promouvoir son développement local endogène. Mais l’exploitation de cet or blanc se heurte à plusieurs difficultés qui ont pour noms absence de matériels, difficultés d’écoulement de la production….
FATICK – À Djilass, un village de la région de Fatick situé dans l’arrondissement de Fimela, l’exploitation salicole est l’une des activités majeures des populations. La plupart des familles disposent de puits sur le site des tannes situé au sud du village sur une distance de 3 à 4 km. « Ici, le potentiel est énorme mais les exploitants, qui sont pour la plupart des femmes, éprouvent beaucoup de difficultés pour exploiter de manière optimale le sel », explique Arfang Birame Sène, un professeur de français natif du village. Parmi ces difficultés évoquées par notre interlocuteur, « c’est l’exploitation de manière archaïque en plus des conditions de travail pénibles des femmes». Selon lui, avec de nouvelles techniques d’exploitation des puits de sel, ce potentiel peut devenir le moteur du développement de la localité. « Tout le monde en est convaincu », note-t-il.
Selon Mamadou Ndiaye, président du Gie « Wague Thialèle » (pouvoir travailler en sérère), met l’accent sur le manque de matériel de protection, causant des dommages aux mains et aux yeux, entre autres. « Cela constitue un véritable goulot d’étranglement pour les exploitants de sel du village de Djilass. Il s’y ajoute l’insuffisance de machine à iode et dont celle existante est très lente pour satisfaire l’iodation. D’ailleurs, c’est une machine qui tombe le plus souvent en panne alors que, comme vous le savez, la vente du sel non iodé est interdite », soutient M. Ndiaye.
Pour Seynabou Ndong, trésorière du groupement des exploitants de sel de Djilass, cette absence de matériel constitue un manque à gagner énorme pour elles. « Or, soutient-elle, le sel récolté à Djilass est un produit de qualité. Mais, les pertes énormes notées depuis l’extraction du sel, à l’entretien des puits jusqu’à la vente, ont occasionné la démission de plusieurs femmes alors qu’elles n’ont pas d’autres sources de revenus ».
Pour autant, Arfang Birame Sène note avec satisfaction la réalisation d’une piste qui relie le village au site rendant l’accès facile aux femmes qui font quotidiennement des allers et retours.
L’équation de la commercialisation
En plus du manque de matériels, l’écoulement du sel reste une difficulté. « Le problème de la commercialisation du produit est causé par un manque de partenaires pouvant acheter le sel », soutient Mamadou Ndiaye, qui ajoute que les femmes éprouvent beaucoup de difficultés pendant l’hivernage à stocker du sel. « Avec les pluies, le sel s’effondre rapidement. Dans ce cas, nous souhaitons l’obtention d’un magasin de stockage ou à défaut des bâches pouvant servir de couverture », sollicite Mamadou Ndiaye. Selon Mme Ndong, actuellement, le sac de 50 kg est vendu à 300 à 400 FCfa. Celui de 25 kg est cédé entre 150 et 200 FCfa. Et, malgré ces faibles prix, le sel ne se vend pas.
L’agriculture et l’élevage, encore à la traîne
Entre autres potentialités à Djilass, il y a l’agriculture et l’élevage. Mais, faute de moyens, ces activités traînent les pieds. De grands agriculteurs et éleveurs se sont installés à Djilass. Cela est favorisé par la fertilité des sols. « Tous les villageois s’adonnent à ces activités pendant l’hivernage. Mais, à cause du manque de moyens comme des motoculteurs et tracteurs, l’hivernage est souvent plombé par cette situation », lâche M. Arfang Séne, qui profite actuellement des vacances scolaires pour se ressourcer.
Cette situation reste, selon lui, un goulot d’étranglement qui freine le développement de la localité. « Il est inacceptable que dans toute la commune, il n’existe pas un seul tracteur. Et, il s’y ajoute qu’un seul sac d’engrais est distribué à chaque chef de ménage alors que ces derniers cultivent généralement plusieurs hectares ; ce qui est encore inacceptable », dénonce M. Sène.
SANTÉ, JEUNESSE ET LOISIRS :Des préoccupations pour les populations
Djilass compte six quartiers dont Thioupane, Ndiémane, Ndorong, Saguenéen, Transcap et Garage. Mais la localité manque d’infrastructures. « Dans le secteur de la santé, le village ne compte qu’un poste de santé qui souffre de son manque d’ambulance. Dans le domaine des sports et loisirs, les jeunes manquent subvention », souligne M. Sène. Il s’y ajoute le seul terrain municipal construit n’est pas aux normes requises.
« Rien n’a changé dans la commune à travers des projets de la mairie. Par contre, nous avons constaté un début de réalisation dans certains domaines comme l’électricité, avec son extension, malgré ses coupures intempestives de l’éclairage public qui continue de hanter le sommeil des populations. L’adduction d’eau a également connu des débuts de réalisation avec des branchements sociaux ; ce qui est salutaire ».
Pourtant, Djilass a joué un grand rôle dans l’histoire coloniale. « C’est là que les colons ont utilisé, pour la première fois, lors de la bataille de Djilass, un canon », raconte Argfang Birame Sène, qui ajoute que le village a été fondé par Sara Menguègne. Selon lui, la devise des forces armées – on nous tue mais on ne nous déshonore – est bien partie de Djilass d’après certaines sources de l’histoire. L’armée du Sine qui était dirigée par le lieutenant Salmone a livré une grande bataille contre le colon à Djilass.