«AVEC UN TAUX BRUT DE 86% ET UN TAUX D'ACHEVEMENT DE 30% LE SYSTEME ENGENDRE DES CONTREPERFORMANCES»
ANALYSE SITUATIONNELLE DU SYSTEME EDUCATIF PAR LE SIENS
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Le Syndicat des inspectrices et inspecteurs de l'éducation du Sénégal (Siens) a établi, ce samedi, une analyse situationnelle du système éducatif sénégalais. D'après ce syndicat du corps de contrôle des enseignants, qui faisait face à la presse, le système enregistre un taux brut de 86% et un taux d’achèvement de 30%, ce qui induit des contreperformances.
Alcantara Sarr, secrétaire général du Siens, en faisant l'analyse du contexte de rentrée, a indiqué en effet que, «le taux de scolarité est de 60%, c’est-à-dire qu'il y a environ 40% des enfants qui abandonnent le système ou qui sont encore au stade primaire. C'est un indicateur sur le niveau d'efficience et d'efficacité du secteur éducatif. Une inefficacité dans le système est noté, avec un taux brut de 86% et un taux d'achèvement de 30%, ce qui induit des contreperformances».
«Dans la gestion de l'école, voilà les contraintes. Le taux de redoublement est encore élevé, puisqu’il est de 2,8%. Le taux d'abandon quant à lui tourne autour de 10%. Nous sommes dans un système qui n'assure pas à tous les apprenants les conditions les meilleures des performances et leur rétention dans le système», a souligné le secrétaire général du Siens. En développant sa thèse, il a révélé que «du point de vue des performances de fin de cycle, on peut noter que le Certificat de fin d'études élémentaires (Cfee), il est passé 37% et 58%. C'est un bon qualitatif qui doit nous pousser, en tant qu'acteurs du système éducatif, à nous arrêter et nous étonner sur les causes. Nous devons réfléchir sur cette pratique et fidéliser les bonnes pratiques pour poursuivre cette dynamique».
«Dupliquer les efforts faits au primaire au niveau du moyen, une alternative»
«Pour le Bfem, nous passons de 43% en 2015, à 49% en 2016. Cela a entraîné une hausse systématisée au niveau du moyen. Cela veut dire que plus de 50% des enfants sénégalais ne parviennent pas en situation de performance. Car, malgré cette hausse généralisée au primaire et au collège, nous constatons qu'au niveau du Cfee, les garçons se comportent mieux que les filles. Les performances sont de 39% pour les garçons, contre 36% pour les filles», a-t-il noté.
S’interrogeant, il dira : «Sachant que les filles sont majoritaires à l'élémentaire alors, nous nous posons toutes les questions. Comment les efforts consentis sur les filles ont abouti à cette contreperformance qui n'est pas localisée, mais qui s'inscrit dans la durée. Les pouvoirs publics sont interpellés au regard de tout ce qui a été investi. On doit essayer de voir comment cette tendance doit être renversée. Il faut aussi que les efforts faits au niveau du primaire soient dupliquées au niveau du moyen». Pour ce qui est de l'analyse du concept «Ubi tey, jang tey», «c'est un nouveau concept qui est, au début, relatif de matérialisation. Parce que ça été produit par les partenaires sociaux, capté par les autorités institutionnelles qui ont commencé à le matérialiser. Une chose que nous saluons, a-t-il précisé. «C'est un bon choix de l'Etat de renverser cette tendance du quantum horaire, a-t-il dit.
Parce que toutes les problématiques passent par le quantum horaire. Parce que, nous ne travaillons pas assez au niveau de l'école. Le constat est que les standards internationaux ne sont pas atteints».
«Nous ne nous inscrivons pas dans cette logique d'atteindre le temps de travail voulu et récupéré au niveau primaire. Cette stratégie est pertinente, cependant elle doit être accompagnée par une prise de mesures. Donc, en passant par le recrutement d'enseignants parce qu'on constate depuis les années 80 le recrutement des enseignants baisse. Les enseignants doivent être là où les populations veulent», a ajouté Alcantara Sarr.
La matérialisation des accords fait encore défaut
«Pour ce qui est du suivi des accords de décembre 2014 à octobre 2016, il n'y a eu que deux rencontres du point de vue du suivi de ce protocole. Elles ont abouti à quelques petits frémissements du point de vue de la matérialisation des engagements du gouvernement. Il n’y a un début de réalisation que sur l'allocation des véhicules. Certains ont été affectés aux Inspections académiques, mais cette dotation que nous saluons devrait être renforcée et les Crfpe qui ont été oubliés doivent être pris en charge», a plaidé Alcantara Sarr, nouveau secrétaire général du Siens. Sur la question du paiement salarial, de la révision des textes, de la carrière des inspecteurs, il n'y a eu aucun début des solutions, selon lui. «Le système de rémunération, nous demandons que les conclusions de cette étude soient publiées avant fin décembre 2016. L’Etat doit prendre les mesures idoines pour corriger cette injustice», a-t-il demandé. «Nous avons abordé les Cfpe et on a constaté que les différents départements ministériels n'ont pas joué le jeu qui était attendu de leur part. Une direction comme celle de la formation et de la communication, nous avons constaté de sa part un comportement qui ne milite pas en faveur d’une diligence dans le traitement de ce dossier qui doit être vidé», a confié M. Sarr. «Donc, nous demandons au ministre de l'Education de prendre ses responsabilités et de recadrer ces maux. Qu'il reprenne ce dossier en main, de sorte que nous sortions de cette ornière là et que cette question soit derrière nous. Si cela n'est pas fait, nous serons toujours dans un contexte qui sera défavorable à la concertation partenariale», a-t-il prévenu