CE N'EST PAS DEMAIN LA VEILLE
"Ubbi Tey Jàng Tey"

Pour cette année encore, malgré les discours et les effets d'annonce, le démarrage effectif des cours dès le premier jour de la rentrée sera une chimère. Pour cause, les conditions matérielles ne sont pas réunies dans la plupart des écoles. En effet, la plupart des établissements sont encore occupés par les eaux de pluies et les herbes sauvages. Le phénomène surtout noté dans les écoles de la banlieue situées sur la bande des Niayes où les pluies abondantes ont provoqué une remontée de la nappe. Cheikh Thiam habitant de Pikine fait le constat : "la plupart des écoles sont encore sous l'eau. Je ne crois pas que les cours puissent démarrer le premier jour. Si on avait mobilisé les ASC du département, je crois qu'elles auraient pu faire quelques choses pour régler le problème. Mais malheureusement ici, les gens ne sont intéressés que par la politique", se désole-t-il.
Oumar Sow, chauffeur dans une grande société de BTP, embouche la même trompette en soulignant que "les écoles sont encore sous les eaux, et cela prendra encore des jours pour pomper et remblayer. C'est pourquoi je ne crois pas qu'il puisse y avoir Ubbi Tey Jàng Tey".
"Les enseignants l'ont toujours appliqué. Ils se sont toujours présentés à leur poste le premier jour de la rentrée. Mais quand vous venez à l'école vous ne trouvez pas d'élèves, de classes prêtes pour dispenser un enseignement. Vous ne trouvez pas un environnement adéquat pour démarrer, je ne crois pas qu'il y aura Ubbi Tey Jàng Tey dans ces conditions".
Pour Abdoulaye Ndoye, "ce projet est une initiative de la COSYDEP, du M23 et du CUSEMS et le SAEMSS", comme pour dire que c'est leur bébé.
Le secrétaire rappelle que les syndicats ont pris part à la cérémonie de lancement au niveau du lycée Seydou Nourou Tall, et à la caravane qui a sillonné les lycées Blaise Diagne et Kennedy pour finir au rond- point de l'obélisque. Les enseignants unanimement se disent favorables à cela et assurent qu'ils ont toujours joué leur partition en se présentant à leurs postes respectifs.
Mais le problème se trouve au niveau des conditions matérielles pour le démarrage effectif. "Pour ouvrir une école, il y a des conditions qu'il faut réunir, des locaux fonctionnels, un matériel didactique disponible, désherber et désinfecter les écoles, enlever l'eau des écoles inondées et avoir des élèves qui sont inscrits et présents", relève Abdoulaye Ndoye.
Le syndicaliste fait preuve de compréhension à l'endroit des parents qui ont plusieurs urgences à régler et se trouvent dans l'incapacité d'assurer les inscriptions de leurs enfants, il met cela sur le compte de la pauvreté endémique qui n'épargne même plus les classes moyennes et les parents "qui vivent au jour le jour".
Une situation aggravée par la réduction des budgets de fonctionnement des écoles qui fait que certains établissements ont des difficultés pour se payer de la craie et le minimum nécessaire.
Autant de chose qui font dire à Abdoulaye Ndoye qu'il "ne faut pas en faire un slogan, mais y impliquer tous les acteurs, en faire une affaire de la communauté".
En somme la réalisation du concept "Ubbi Tey Jàng Tey" passe par la mise en œuvre de certains préalables, à défaut, il devient juste "un slogan sans aucune prise sur la réalité" assure Abdoulaye Ndoye.
Vendeurs de fourniture scolaires : Ce n'est pas encore le rush
Au marché Sandaga, les parents d'élèves se font encore désirer devant les librairies "Par terre". Mais les vendeurs gardent leur patience et attendent.
Les vendeurs de fournitures scolaires se tournent encore les pouces. Malgré l'ouverture des classes annoncée aujourd'hui mercredi, les clients ne se bousculent pas encore devant leurs tables.
Mais les vendeurs gardent leur patience et expliquent cette situation par les effets de la tabaski : "On vient de sortir de la fête de tabaski. Les poches des parents sont vides. Ils ont dépensé beaucoup d'argent. On ne voit pas de clients", témoigne Mamadou Gaye, vendeur de fournitures scolaire au marché Sandaga.
Plus d'échanges que d'achats
A en croire nombre de vendeurs trouvés sur place, à Sandaga, à la veille de l'ouverture des classes, les parents d'élèves se ruaient vers les vendeurs de matériels scolaires et didactiques pour assurer à leurs enfants tout le matériel nécessaire pour bien démarrer l'année scolaire. Mais cette année, tel n'est le cas. Selon ces mêmes vendeurs qui reconnaissent toutefois qu'il y en a quelques rares qui viennent. Mais plus pour faire des échanges que pour acheter.
Un des anciens du marché, la soixantaine dépassée, nous explique la faiblesse de l'affluence. Pour lui, les parents n'ont pas encore reçu de leurs enfants les listes de fournitures dressées par les maîtres et professeurs. "Il faut attendre que la rentrée soit effective et les enseignants dressent une liste des documents à acheter pour l'élève et ensuite voir les parents venir acheter ces kids pour leurs enfants", dit-il.
Pour le moment, les vendeurs rongent leur frein avant de se frotter les mains pour profiter au maximum de la rentrée et faire de bonnes affaires. "Les parents d'élèves viennent rarement, mais de toute façon, ils vont venir parce que c'est une obligation pour eux et avec les conditions de vie difficiles, ce n'est pas évident pour les parents qui souffrent ici à Dakar", confie Elhadji Mbaye Cissé.