LE RECUL DU FRANÇAIS AU PROFIT DU WOLOF
Alors que le pays fut un haut lieu de la francophonie, l'expansion irrésistible du wolof redessine progressivement la carte linguistique du Sénégal
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Selon une information rapportée par RFI, le wolof, langue nationale la plus parlée au Sénégal, gagne du terrain face au français, langue officielle pourtant inscrite dans la Constitution.
Effectivement, Sud FM, la première radio privée créée en 1994, a été précurseur en diffusant ses journaux d'information également en wolof, constatant que c'était plus compréhensible pour les auditeurs. "À l’époque, il y avait une seule radio d’État, la RTS, il fallait démocratiser l’accès à l’information et faire participer les populations au débat public. Et cela passait par l’introduction du wolof”, explique à RFI, Baye Oumar Gueye, directeur général de Sud FM.
La radio alterne désormais les éditions en français et en wolof, constatant "que l’audience monte dès que nous sommes dans le journal en wolof". Car si le français est la langue officielle, beaucoup de Sénégalais, surtout en dehors des villes, ne le maitrisent pas, à l'inverse du wolof parlé par tous.
Ce recul du français s'observe également en politique, dans l'enseignement ou sur les réseaux sociaux. "Dans le paysage linguistique actuel, le français a perdu en vitesse", analyse Adjaratou Oumar Fall, chercheuse à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon elle, le wolof, langue "de mouvement" propre au commerce, est beaucoup plus accessible que le français pour les Sénégalais.
Ainsi, au Sénégal, pays dont Leopold Sedar Senghor avait fait le symbole de la francophonie, le wolof gagne du terrain et s'impose progressivement comme la langue prédominante.