LE SAES DÉNONCE LA "GESTION HASARDEUSE" DU RECTEUR DE L'UCAD
Dérives financières, non-titularisation des assistants…
"Dérives financières, non-titularisation des enseignants assistants, non-perception de salaires des Professeurs Malick Ndiaye et Amsatou Sow Sidibé. Tels sont, entre autres, les maux que le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) reproche au recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Ibrahima Thioub. Lors de leur marche dans l’enceinte de l’Ucad, hier, le Saes a dénoncé ce qu’il qualifie de "gestion hasardeuse" du recteur Thioub.
A travers une marche organisée, hier, au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), les enseignants du supérieur ont jeté en pâture la gestion du Pr Ibrahima Thioub, recteur de l’Ucad. "On n'a pas un problème spécifique à ce jour avec le gouvernement, ni avec le ministère de tutelle. En revanche, le problème qu'on a, c'est avec l'université elle-même, c’est-à-dire le recteur", ont tonné les responsables du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes).
"Le recteur est le problème. Regardez ce qui se passe avec nos valeureux collègues, le professeur Malick Ndiaye et le professeur Amsatou Sow Sidibé qui ont servi ce pays au plus haut niveau, c’est-à-dire la présidence. Ces gens travaillent et ne perçoivent pas leurs salaires. Alors que dans ce pays, il y a beaucoup de gens qui ne travaillent pas et qui se font payer de manière indigne", a déploré Yankhoba Seydi, le Coordonnateur du Saes, campus Dakar, qui a exigé que ces collègues soient rétablis dans leurs droits.
"Il y a un détournement flagrant qu'il ne faut pas cautionner"
Autres point soulevés par le Saes au cours de cette marche, c’est la question de la gestion des carrières des enseignants. Et sur ce, Yankhoba Seydi n’a pas été du tout tendre avec le Pr Thioub.
"Le Saes s'est toujours battu pour que des recteurs soient élus, parce que nous ne voulons pas des recteurs qui ne soient que des exécutants. Et c'est ce que le recteur fait avec une gestion hasardeuse de l'université. Voilà un recteur qui, au moment où l'autorisation d'engagement de la Direction générale des finances qui dégage de l'argent frais pour notre université et pour les autres universités, ait pris l'argent qui était dégagé pour elles pour liquider leurs dettes. Et que Dakar a tous les problèmes du monde pour décaisser l'argent. A tel point que même les fonctionnaires de la Direction des finances s'offusquent que l'argent soit là, alors qu'on nous dit que l'argent n'est pas là. C'est extrêmement grave", a déploré le Saes.
M Seydi a souligné qu’avec cette situation, "les enseignants ne peuvent plus effectuer des voyages d'études. Car s'ils vont dans une autre ville que Paris, les suppléments tarifaires qu'ils paieront, le Rectorat dit qu'il ne paiera absolument rien du tout cela. Alors que c'est cela qui fait la carrière des enseignantes et enseignants chercheurs. Ils ne peuvent pas bénéficier de cela et dire non à ceux qui arrivent, cela n'a pas de sens et nous disons non".
"Il ne gère pas cette université, le recteur est entre deux avions"
Concernant les travaux de réfection de l’Ucad, le Saes reste dubitatif sur le marché. "Pourquoi nous demandons que les corps de contrôle viennent à l'université ? L’Office du bac a déménagé, il est maintenant dans les locaux de la Faculté des Lettres. Le déménagement s'est fait sur fonds propre. Le Rectorat dit que le marché a été gagné par la même entreprise qui fait des travaux de réfection à l’université. Ce qui veut dire ici qu'il y a un détournement flagrant, qu'il ne faut pas cautionner", a décelé le Saes.
"Il faut que ceux qui sont chargés de contrôler la bonne marche des finances s'intéressent à l'Ucad. Parce qu'il y a des choses extrêmement graves qui se passent ici et qu'il faut tirer au clair. Nous n'avons pas beaucoup de ressources, le peu qu'on a il faut qu'on l'utilise de façon judicieuse", a lancé Yankhoba Seydi.
S’agissant de la titularisation des assistants, le Saes a également dénoncé une "mauvaise foi" du recteur. "Sur ce point, il avait dit qu’il n’y a aucune possibilité de remise en cause. Depuis lors, ce n'est pas le cas et c'est dommage que nous soyons à ce stade", a dénoncé le Saes.
"Nous ne personnalisons pas, nous parlons du recteur, il ne gère pas cette université. L'Ucad souffre parce qu'elle n'est pas gérée par celui qui doit la gérer. Le recteur est entre deux avions et ses voyages ne rapportent absolument rien à l'université. Si on lui dit que vous voyagez beaucoup, il dit en tout cas je ne prends pas les billets de l'Ucad, s'il ne les prend pas, il prend les perdiums de l'Ucad et au bas mot c'est 30 millions de francs Cfa au minimum. C'est inacceptable", a décrié Yankhoba Seydi.