LES PARENTS INTERDISENT À LEURS ENFANTS D’ALLER À L’ÉCOLE
Pour exiger la construction de ralentisseurs

L’école élémentaire de Keur Martin et dont la ministre française de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie, Ségolène Royal, est la marraine, risque de ne pas fonctionner cette année, faute d’élèves. Les parents, qui craignent pour la vie de leurs enfants devant à chaque fois traverser la Route nationale N°1 pour s’y rendre, ont décidé hier au terme d’une Assemblée générale, de les retenir à la maison jusqu’à ce que des ralentisseurs soient construits sur cette route.
Le dernier accident, intervenu à Keur Martin (22 km à l’ouest de Fatick) lundi dernier, et qui a coûté la vie à l’élève Fatou Sogui Keïta âgée de 17 ans, a amené les populations, qui vivent désormais dans la psychose, à se radicaliser dans leurs revendications. De peur de voir leurs enfants subir le même sort que celui de cette fille qui devait faire la 3e cette année, elles ont décidé hier de ne pas envoyer leur progéniture à l’école primaire du village située à un jet de pierre de la Route nationale N°1.
Jusqu’à ce que des ralentisseurs leur soient construits. Sur un ton empreint de colère, la porte-parole du jour, Marie Odile Diouf assène : «Le lundi 5 octobre passé vous (les journalistes) étiez là. Nous avons fait une marche pour réclamer des dos-d’âne. Quelques heures après, un camion a heurté une jeune fille qui a finalement rendu l’âme. Donc notre marche ne nous a servi à rien, bien au contraire. C’est pour cela que nous avons décidé, par mesure de prudence, de retenir à la maison nos enfants qui doivent aller à l’école, pour qu’ils ne meurent pas sur la route en la traversant. Aujourd’hui, tout ce que nous voulons, c’est que le président de la République, Macky Sall, nous construise des dos-d’âne dans notre village», déclare-t-elle, sous les acclamations de la foule.
Poursuivant son propos, Mlle Diouf ajoute : «De la même façon, nous avons décidé de ne plus payer les taxes jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites», menace-t-elle.
Puis, pour étayer la demande pressante des populations de Keur Martin, elle termine par la lecture d’une liste sur laquelle figurent les noms de onze personnes ayant été tuées par des véhicules dans ce village.
Il s’agit de Lala Keïta, Malick Ndiaye, Serigne Faye, Téning Faye, Jean Diouf, Seynabou Sow, Abdoulaye Bâ, un vieux de 56 ans dont on ignore le nom, l’adjudant Boubou Sy, Lala Cissé et Fatou Sogui Keïta tout dernièrement.