LES SYNDICALISTES TIRENT LA SONNETTE D’ALARME
Près d’un mois après la rentrée scolaire du 12 novembre dernier dans un contexte de pandémie de Covid-19, les syndicats d’enseignants sont d’avis que le protocole sanitaire est loin d’être respecté
Jeudi 12 novembre marquait la rentrée scolaire pour 4 millions d’élèves et 97 000 enseignants après des mois de fermeture des écoles en raison de la Covid-19. Une reprise sous tension avec la mise en place d’un nouveau protocole sanitaire par le ministère de l’Éducation nationale à cause de l’épidémie qui sévit toujours dans notre pays. Cependant, les syndicalistes constatent que les directives sont loin d’être appliquées dans les écoles pour éviter la propagation de la maladie depuis la reprise des cours. Face à ce non-respect du protocole sanitaire ainsi que la menace de seconde vague de Covid-19 qui plane sur notre pays, l’inquiétude demeure chez les syndicalistes qui tirent la sonnette.
Près d’un mois après la rentrée scolaire du 12 novembre dernier dans un contexte de pandémie de Covid-19, les syndicats d’enseignants sont d’avis que le protocole sanitaire est loin d’être respecté. Pourtant, il était décidé que la reprise des cours devait s’effectuer sur la base du respect de plusieurs mesures définies par le ministère de l’Education Nationale afin d’éviter la propagation de l’épidémie dans les écoles. «J’ai demandé à tous mes responsables au niveau des différents établissements de faire le point sur le respect du protocole sanitaire depuis le début de la rentrée. Les retours d’informations que nous avons montrent que le protocole sanitaire n’est pas respecté parce que, dans l’écrasante majorité des établissements, ils disent que les masques ne sont pas suffisants», a fait savoir le secrétaire général national du Cusems/Authentique (Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen-secondaire), Dame Mbodj. Le secrétaire général du Saems (Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire) embouche la même trompette. Selon Saourou Sène, « le protocole sanitaire n’est respecté nulle part et même les autorités au niveau des établissements ne s’en émeuvent pas».
Démontrant encore le non-respect du protocole sanitaire dans les établissements, les syndicalistes parlent des effectifs pléthoriques dans les classes. Ce qui rend impossible le respect de la distanciation physique. Sur cet aspect, ils avaient dénoncé des manquements sur le protocole sanitaire quelques jours avant la rentrée scolaire. « Un autre aspect qui montre également que le protocole sanitaire n’est pas respecté, c’est que les classes sont bondées d’élèves. Nous avons constaté qu’avec les mesures prises par le ministère de l’Education Nationale avec le passage automatique pour les élèves en classe intermédiaire. C’est-à-dire de faire passer les élèves avec des moyennes de 4 sur 10 au niveau de l’élémentaire et de 8 sur 20 dans le moyen secondaire, nous avons presque la quasi-totalité des élèves qui étaient dans les maisons. Nous vivons la promiscuité dans les classes et cela empêche la distanciation physique. Les élèves ont assis par 3 dans les établissements et même 4 dans certains réceptifs», a souligné Dame Mbodj. A l’en croire, les enseignants du Lycée de Yeumbeul sont même en grève pour exiger que les classes soient éclatées à cause des « effectifs qui dépassent cent élèves par classe alors que la taille moyenne d’une classe, c’est 45 au Sénégal».
«C’est la catastrophe qui risque de se passer»
En ces temps où l’épidémie est en train de grimper en flèche au Sénégal, faisant craindre une seconde vague du virus, Saourou Sène tire la sonnette d’alarme. « Les classes sont bondées de monde. Il s’y ajoute maintenant cette situation de pandémie où vous pouvez retrouver 3 ou 4 élèves sur une table-banc. C’est la catastrophe qui risque de se passer», a lancé le secrétaire général du Saems. Et d’ajouter, « tout le monde voit aujourd’hui cette nouvelle vague de contamination qui risque de ne pas épargner l’école. Je crois que le moyen le plus rapide de faire la propagation du virus, c’est qu’il entre à l’école. C’est pourquoi je crois que ce qui avait été retenu à charge, les autorités sont tenus de le respecter». Saourou Sène en appelle à la conjugaison des efforts entre le gouvernement du Sénégal et les collectivités locales. Car selon lui, «l’école mérite d’être mise dans une parabole de sécurité totale». « C’est une alerte que nous pouvons faire pour que nos autorités prennent les devants et qu’on mette à la disposition des écoles tout le dispositif sanitaire», dit-il.
«Avec la flambée des cas selon le ministère de la Santé, la logique voudrait qu’on ferme les écoles»
En effet, Dame Mbodj dit ne pas comprendre la démarche du gouvernement dans la riposte contre la Covid-19. «Ils disent que les cas sont en train de flamber parce qu’ils sont à un taux de positivité qui dépasse maintenant 5% ou 6% parfois alors qu’on avait fermé les établissements avec un taux de positivité de moins d’1%. Nous pensons qu’il y a un problème sérieux. Comment peuvent-ils dire que les élèves, même s’ils sont pour l’essentiel des cas asymptomatiques, doivent continuer à fréquenter les établissements dans les conditions que je viens de donner ?», s’interroge le secrétaire général national du Cusems/Authentique.
Suffisant pour lui de dire « qu’avec la flambée des cas selon le ministère de la Santé, la logique voudrait qu’on ferme les écoles». Pour lui, «personne ne peut comprendre que les cas flambent dans le pays et qu’on dise qu’il n’y a aucun cas dans les établissements comme si les écoles étaient des maillons isolés de la société alors que les élèves viennent des familles». «Ça nous rend dubitatifs», martèle Dame Mbodj.