LES TENUES DE LA DISCORDE
Il est curieux que le débat sur l’uniformatisation des tenues scolaires dans les établissements publics et privés, d’un coût de 10 milliards F Cfa, enfle alors que la mesure a été annoncée depuis deux mois

Il est curieux que le débat sur l’uniformatisation des tenues scolaires dans les établissements publics et privés, d’un coût de de 10 milliards F CFA, enfle alors que la mesure a été annoncée depuis deux mois. Les secrétaires généraux du Saemss et du Sels/ A sont divisés sur la question relative à cette mesure dont l’objectif est d’introduire l’équité sociale à l’école.
C’est une polémique qui arrive très tardivement. Le débat autour des 10 milliards de francs CFA annoncés pour l’achat de tenues scolaires, annoncés depuis quasiment deux mois, est devenu subitement enflammé. Autant il divise l’opinion, autant il devient un sujet d’intérêt national sur son opportunisme dans l’univers syndical. Pour certains, cette somme pourrait aider à la suppression des abris provisoires.
Pour le syndicaliste Saourou Sène, l’un n’exclut pas l’autre. «Qu’on cherche à résorber les abris provisoires, cela n’a rien à voir avec cette possibilité de doter les élèves Sénégalais de tenues. Parce que ces tenues, il y a des écoles qui en ont, d’autres en ont pas. Alors que ces tenues ont aussi une valeur pédagogique», avance le Secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), qui estime que l’uniformisation des tenues dans les établissements scolaires n’est pas gratuite.
Selon lui, c’est pour permettre aux élèves de créer un certain sentiment d’appartenance à l’école, aussi une égalité entre les élèves qui viennent de milieux sociaux différents. Donc, dit-il, l’uniformisation des tenues à l’école permet de dépasser cette situation-là. «C’est pourquoi, je dis oui aux tenues scolaires mais oui aussi à l’absorption des abris provisoires», déclare Saourou Sène.
Pas d’avis uniformes
Par contre, son collègue Secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/ Authentique (Sels/A) trouve que «dans un contexte de Covid-19 vouloir mobiliser 10 milliards pour confectionner des tenues est inopportun et impertinent».
Ainsi pour Abdou Faty, «on a l’impression qu’on a rien appris des leçons de cette pandémie. Parce que la pandémie nous a enseigné beaucoup de choses pour que notre école soit performante». C’est-à-dire résorber les abris provisoires, faire les murs de clôture, apporter des points d’eau, faire les toilettes, confectionner assez de tables-bancs, mobiliser des enseignants, les motiver, énumère-t-il au bout du fil. Il pense que l’on est en train de se fatiguer sur une chose qui existe déjà, en citant l’exemple de l’académie de Ziguinchor. «D’ailleurs, poursuit-il, dans les inscriptions des enfants, il y a les uniformes.»
Joint par téléphone hier, Saourou Sène soutient que le débat est ailleurs. «C’est ce qu’il faut pour qu’il y ait plus d’investissements dans les écoles ? Parce que notre école a besoin non seulement du règlement définitif de ces abris provisoires mais aussi elle a besoin à ce que toutes les questions relatives aux avancements, aux intégrations, tout ce que la Fonction publique doit faire pour aider à ce que les dossiers des enseignants soient correctement gérés, on a ce besoin-là», soutient-il.
Par ailleurs, le syndicaliste révèle qu’ils n’ont pas été associés à cette initiative. Mais précise-t-il, qu’ils ne sont pas en cogestion avec le ministère de l’Education, le gouvernement n’a pas besoin de nous consulter pour cela s’il a cette capacité là et cette possibilité-là, ajoute-t-il. L’option retenue par le ministère de l’Education nationale est de prévoir deux chemises pour les garçons et deux blouses pour les filles.
Dans la première phase de la mise en œuvre qui concerne les écoles publiques du préscolaire et de l’élémentaire, le port de tenue scolaire doit être mis en application dès la rentrée scolaire 2021-2022. Pour le moyen-secondaire, les pratiques en cours seront consolidées en vue de bénéficier de l’accompagnement de l’Etat dans une seconde phase. Concernant les écoles du secteur privé, les initiatives en cours seront poursuivies pour une généralisation prévue à la rentrée scolaire 2023-2024.