MACKY DANS UN CAMPUS DÉMINÉ
Comme ceux de l’Ugb, les étudiants de l’Ucad souhaitent que lumière soit faite dans cette affaire - Un déplacement qui risque d’être compliqué pour le chef de l’Etat, qui a consenti à d’énormes sacrifices pour sauver l’année universitaire écoulée
Il y retourne 3 ans après avoir essuyé des jets de pierre
Les étudiants divisés sur sa venue
En décidant d’aller à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar le 31 juillet 2015, le chef de l’Etat, qui avait attendu un an après la mort de Bassirou Faye, avait été reçu par des étudiants furieux, qui réclamaient justice pour leur camarade. Cette nouvelle visite du Président Sall pour inaugurer des pavillons à l’Ucad, s’effectue dans un contexte semblable avec la mort de l’étudiant Fallou Sène à l’Ugb au mois de mai dernier. Comme ceux de l’Ugb, les étudiants de l’Ucad souhaitent que lumière soit faite dans cette affaire. Un déplacement qui risque d’être compliqué pour le chef de l’Etat, qui a consenti à d’énormes sacrifices pour sauver l’année universitaire écoulée en augmentant les taux de bourses et en baissant le prix des tickets.
Le Président Macky Sall va se rendre à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar aujourd’hui, comme il l’avait fait le 31 juillet 2015, un an après la mort de l’étudiant Bassirou Faye (décédé suite à des affrontements entre Forces de l’ordre et étudiants le 14 août 2014). Le contexte est presque le même avec la mort de l’étudiant Fallou Sène dans les mêmes circonstances à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis.
En 2015, le chef de l’Etat y était allé pour la pose de la première pierre des pavillons, aujourd’hui ce sera pour les inaugurer. Le 31 juillet 2015, face à la furie des étudiants qui avaient lancé des pierres à la délégation gouvernementale pour montrer leur colère et réclamer justice pour Bassirou Faye, le Président Macky Sall avait promis de prendre les mesures nécessaires. Si M. Sall pour cette affaire avait attendu un an après pour se rendre à l’Ucad, cette fois-ci c’est juste 5 mois après les événements de l’Ugb. Peut-être que le lieu n’est pas le même, la manifestation ayant causé la mort de Fallou Sène s’étant déroulée à l’Ugb, mais la mort de cet étudiant avait paralysé toutes les universités du pays. Par solidarité, tous les campus du pays étaient en grève pour exiger la lumière sur cette affaire. En se rendant aujourd’hui à l’Ucad, le Président Sall devra s’attendre à des manifestations d’étudiants. D’ailleurs, hier des étudiants ont barré l’avenue Cheikh Anta Diop pour protester contre cette visite.
Après la mort de Fallou Sène, les associations d’étudiants des différentes universités ont été reçues par le président de la République le 28 mai 2018, soit quelques jours après cet événement tragique. Une audience au cours de laquelle, le chef de l’Etat avait donné des instructions pour l’ouverture d’une enquête. Même si le dossier a été transmis au Parquet de Dakar, il n’y a pas eu une réelle évolution.
Le présumé tireur de la balle qui a été fatale au jeune Fallou Sène court toujours. Lors de cette audience, le chef de l’Etat avait pris la décision d’augmenter les bourses mais aussi de baisser le prix des repas. C’est ainsi qu’il a été décidé que les «demi-bourses» mensuelles vont passer de 18 000 à 20 000 francs Cfa et les «bourses entières» de 36 000 à 40 000 F Cfa. Dans la foulée, Macky Sall avait aussi donné des instructions «fixant les délais de paiement des bourses au plus tard le 5 de chaque mois». S’agissant du prix des repas des restaurants universitaires, Le prix du petit-déjeuner va passer de 75 F Cfa à 50 F Cfa, celui du déjeuner et du dîner de 150 F Cfa à 100 F Cfa. Des promesses qui vont être appliquées à la rentrée mais qui avaient calmé les étudiants de Dakar, Bambey, Thiès et Ziguinchor, sauf ceux de l’Ugb. Ces derniers avaient continué leur mouvement d’humeur pendant des jours avant finalement de lever leur mot d’ordre.
Un mouvement d’humeur qui risque de reprendre dans cette université dès la rentrée s’il n’y a aucune évolution dans le déroulement de l’enquête sur la mort de Fallou Sène. C’est la menace qu’avait brandie la Coordination des étudiants de Saint-Louis dans un communiqué du 17 septembre dernier. Un document dans lequel elle dénonçait une léthargie dans ce dossier en donnant à l’Etat un ultimatum d’un mois si rien n’est fait «pour employer tous les moyens nécessaires pour que le droit soit dit». C’est donc dans un contexte tendu que le président de la République se rend à l’Ucad pour inaugurer des infrastructures comme les pavillons.