MACKY BRANDIT LE SABRE
Réquisitions des enseignants
Le gouvernement donne aux enseignants 24 heures, à compter du lundi 13 juin à 8 heures, pour se conformer à l'ordre de réquisition. Les sanctions, lit-on dans un communiqué en date du vendredi 10 juin, peuvent aller jusqu'à "la révocation avec suspension du droit à la pension, pour le fonctionnaire au licenciement sans préavis".
Que les enseignants se le tiennent pour dit ! C'est désormais fini le temps de la guerre froide. Le bras de fer entre enseignants et gouvernement prend une autre tournure plus radicale. Ce, à quelques jours des évaluations nationales (Cfee, Bac et Bfem).
En effet, les autorités ont décidé que les enseignants ayant reçu des réquisitions, ont 24 heures, à compter du lundi 13 juin à 8 heures, pour se conformer à l'ordre de réquisition. Le cas contraire, le gouvernement estime que des sanctions encourues vont de "la révocation avec suspension du droit à pension, pour le fonctionnaire au licenciement sans préavis, ni indemnité autre que l'indemnité compensatrice de congé pour l'agent non fonctionnaire".
Les autorités l'ont fait savoir dans un communiqué parvenu à la Rédaction de Sud Quotidien hier, vendredi 10 juin, portant la signature du ministre, porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye. Ainsi, le Chef de l'Etat, Macky Sall, met en garde les "enseignants dûment réquisitionnés qui ont, soit refusé de recevoir notification de leur réquisition, soit refusé d'y déférer".
Le gouvernement estime que "le refus de déférer à un ordre de réquisition expose le contrevenant à diverses sanctions disciplinaires, applicables sans la procédure du conseil de discipline". Ceci, renseigne le communiqué, "en sus des sanctions pénales prévues aux articles 7 du Statut général des fonctionnaires et L. 279 – m du Code du travail".
A noter que les syndicats des enseignants comptent se réunir ce samedi pour déterminer la conduite à tenir face à la décision du gouvernement.
RÉACTIONS… RÉACTIONS…
Mamadou Lamine Dianté, GCSE : "Les ponctions obéissent à une procédure"
C'est une tentative de diabolisation des syndicats. C'est une cabale montée contre les syndicats qui ont commis le seul péché de se mobiliser pour le respect des accords signés par l'Etat du Sénégal. Toutes ces agitations cachent mal l'incapacité du gouvernement à respecter sa parole. Nous disons à chaque fois que les syndicats ont engagé une lutte, ils l'ont fait dans la légalité. Les ponctions sur les salaires, si elles sont légales, doivent être générales et impersonnelles. Autrement dit, elles ne doivent pas cibler que les enseignants qui ne sont pas les seuls corps à observer des grèves.
Les ponctions ne peuvent pas être calculées au prorata du nombre de jours que compte le mois. Dans un mois, il y a les samedis, les dimanches, et jours fériés. Dans le moyen secondaire, les enseignants fonctionnent par emplois du temps. Par conséquent, la ponction ne peut pas porter sur tous les éléments de salaires. Ce n'est pas de cette manière. Les ponctions obéissent à une procédure qui n'a jamais été respectée par les autorités. Enfin, vouloir maintenant dire que les salaires ponctionnés doivent être supportés par les syndicats, c'est une façon malhonnête de jeter en pâture les syndicats. Un syndicat comme toute institution fonctionne par les cotisations librement consenties par les membres. Ces cotisations modiques ne peuvent pas rembourser un enseignant. En minorant le salaire, aucun enseignant ne cotise 5.000 FCfa. Je lui renvoie à ses calculs.
Oumar Waly Zoumarou, SELS/O : "Beaucoup d'incohérences dans son analyse"
Il a raisonné par l'absurde. Dans ses analyses, en réalité, il ne maîtrise pas les lois de la grève consacrées par des conventions de l'Oit signées par le Sénégal. On ne peut pas considérer l'action de grève subventionnée par l'Etat. C'est un droit comme le droit à la santé, à l'éducation. Ce n'est pas une faveur que l'Etat fait aux organisations syndicales. Le travailleur cède une petite partie de son salaire pour contribuer au financement de son syndicat appelé à défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres. Chaque membre cotise 1.000 FCfa par mois. En réalité, il ne maîtrise pas les fondements de la cotisation syndicale. L'Etat paie après service fait. Le paiement des rappels est un service rendu et non payé par l'Etat du Sénégal. Le reclassement des enseignants est un droit. Le régime de Macky Sall reste quatre ans sans payer un agent après service fait. On peut relever beaucoup d'incohérences dans son analyse. L'autre aspect grave est à la limite aucun travailleur n'a le droit de se battre pour exiger une amélioration de ses conditions de vie. C'est dénuder de sens.