MOUSSA DIALLO, LE PETIT GÉNIE DE BATIMBA
Moussa Diallo, âgé de 10 ans, élève en classe de Ce1 à l'école élémentaire de Batimba dans l'arrondissement de Dakatéli, département de Salémata, a créé une moto (vitesse 125m3) avec du bois et du fer. Le gamin n'est pas à son premier exploit.
La valeur d'un homme n'attend point le nombre d'années. A 10 ans, Moussa Diallo, élève en classe de Ce1 à l'école élémentaire de Batimba dans le département de Salémata, a l'audace d'entreprendre. Il a inventé une moto-vitesse avec des moyens rudimentaires. Et le gamin en parle avec une aisance déconcertante.
Il dit : "Quand je vois une moto, un vélo, une voiture, bref tout ce que je vois arrêté, j'observe bien pour fabriquer par la suite l'objet." Il a reproduit le même processus lorsqu'il fabriquait sa moto. Il a trouvé l'engin immobilisé dans la cour de son école. Il l'observe dans tous les sens avant de faire le pari de reproduire le modèle selon son imagination. Et avec les moyens du bord.
"J'ai pris mon petit coupe-coupe pour aller couper du bois dans la brousse. Ensuite j'ai représenté le cadre de l'engin sur le bois que j'ai bien travaillé à l'aide de mon coupe-coupe. Après, j'ai pris des pointes et du fil de fer pour bien fixer les éléments après l'assemblage des objets. Je suis arrivé à représenter tout ce qui est sur la moto." Le travail exige beaucoup d'application.
"Cette fabrication demande une finesse et une bonne concentration", insiste-t-il. Là, il a fini de constituer le modèle. Mais, il ne dispose pas encore de moteur pour faire rouler sa moto. "Si j'ai un moteur, j'arriverais à faire marcher les motos que je crée", avance-t-il. Sans ciller !
A 10 ans, il a réussi l'exploit de créer autre chose. Dans son "musée", on y retrouve un camion réalisé avec des planches assemblées de gauche à droite. Dans son patelin, les populations et ses camarades d'école sont éblouis par ses petits exploits qui restent juste primaires.
"C'est un surdoué", avance son instituteur. Doudou Diagne, directeur de l'école de Batimba, renchérit : "Au-delà de son esprit créatif et son amour pour la technique, ce surdoué travaille bien à l'école comme l'attestent ses performances scolaires. Il est le premier de sa classe chaque année."
A l'école, les enseignants admirent l'esprit créatif d'un gamin de 10 ans qui a failli rater l'école. Il a fallu le flair et l'implication du directeur pour donner à Moussa Diallo l'opportunité d'aller à l'école. Là, il pourra affiner ce talent inné.
"J'ai détecté très tôt les qualités de grand dessinateur de cet enfant. C'est par la suite que j'ai fait le plaidoyer auprès de ses parents pour que l'enfant puisse aller à l'école. C'est un élève qui ne cesse de me surprendre par son talent, son génie surtout en initiation scientifique et technologique car il a la faculté de représenter tout instrument ou objet qu'il voit à l'œil nu", témoigne M. Diagne.
Diafara Bâ, chef de village de Batimba, père du gamin, a du mal à appréhender le talent de son fils. Au départ, il le croyait fou. "Ce qu'il crée dépasse son âge", dit-il. Aujourd'hui, il observe Moussa Diallo dans ses œuvres. "Il est difficile de déplacer l'enfant lorsqu'il est dans ses œuvres. Il n'a point d'oreille et n'a affaire à personne tant qu'il n'a pas fini. Néanmoins, convient son père, Moussa n'est pas comme ses frères. Il est particulier."
Le vieux Bâ a été toujours bluffé par le génie de son fiston. "Je ne peux pas tout dire sur mon enfant mais je sais que c'est quelqu'un qui a des dons et il est capable de faire des miracles. Depuis l'âge de 3 ans, j'observe le comportement de mon enfant, ses faits et gestes, mais c'est exceptionnel", ajoute-t-il.
Au final, on lui prête aussi des aptitudes mystiques. Une connaissance de sa famille : "Moussa serait capable de guérir des maux de ventre rien qu'en faisant boire au patient un verre d'eau à condition qu'il accepte sans qu'on l'oblige à le faire."
Promis à un bel avenir si évidemment les promesses sont tenues, Moussa Diallo fait déjà rêver ses parents qui demandent aux autorités de couver ce gamin.
"Le jeune élève travaille avec des moyens rudimentaires dans des conditions qui ne lui permettent pas de mieux mettre en valeur son talent. On interpelle le ministre de l'Education nationale sur le cas de cet enfant pour le mettre dans de meilleures conditions d'études et de réussite afin de faire bénéficier à tout le Sénégal son expertise. Car s'il est aidé et bien encadré, ce jeune peut faire des miracles", entonnent les populations. Bien sûr, les promesses annoncent d'heureux lendemains.