L'ORIENTATION DE TOUS LES BACHELIERS DANS LE PUBLIC EST UNE DEMARCHE «INCONGRUE», SELON LE SUDES/ESR
Selon son chargé des revendications, Hady Ba, les universités publiques n’ont pas les capacités d’accueillir tous les bacheliers. Il pointe du doigt le déficit d’infrastructures et de personnel d’enseignement

L’orientation de tous les bacheliers, qui le souhaitent, dans les établissements d’enseignement supérieur publics ne sera pas si facile que ça ci l’on se fie au Sudes/Esr (Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Section enseignement supérieur et recherche).
Selon son chargé des revendications, Hady Ba, les universités publiques n’ont pas les capacités d’accueillir tous les bacheliers. Il pointe du doigt le déficit d’infrastructures et de personnel d’enseignement.
Présidant avant-hier, lundi 19 octobre la cérémonie d’installation de la commission nationale chargée de la supervision et du suivi du processus d’orientation des bacheliers, le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Anne a annoncé que tous les bacheliers qui souhaitent étudier dans les universités publiques du pays, y seront orientés. Les établissements d’enseignement supérieur publics devront ainsi accueillir plus de 65 000 nouveaux bacheliers pour l’année universitaire 2020/2021. Cependant, l’orientation après le bac est une difficulté bien connue au Sénégal et cette année risque d’être particulière vu le nombre important de nouveaux bacheliers.
D’ailleurs, Cheikh Oumar Anne lui-même l’a rappelé, le « taux de réussite de 48,22% de cette année ne s’est pas produit depuis 1969 ». Pour le chargé des revendications du Sudes/Esr, Hady Ba, le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation n’est tout simplement pas «sérieux». Pour cause, il souligne le déficit d’infrastructures et de personnel d’enseignement. «Depuis mars, le Sudes/Esr l’a rencontré, lui a dit qu’il fallait achever les infrastructures et recruter plus d’enseignants pour pouvoir assurer l’orientation de tous les bacheliers dans le public.
Le ministre se vante d’avoir recruté 200 enseignants, là où il faudrait entre 5000 et 7000 enseignants et là où le Sudes demande 500 enseignants par an pendant cinq ans. Aucune infrastructure n’est achevée. Des infrastructures qui auraient dû être achevées en 2009 ne sont toujours pas achevées à Ziguinchor. L’université Ahmadou Makhtar Mbow n’avance pas. Donc, absolument rien n’avance dans les infrastructures. Les recrutements sont ridicules et le ministre parle d’orienter tous les bacheliers. Ce qui nous fait penser que le ministre n’est pas quelqu’un de sérieux pour les problèmes de l’enseignement supérieur. Il ne s’en occupe pas. Ce sont des effets d’annonce», a martelé Hady Ba. Selon lui, les universités publiques n’ont donc pas les capacités d’accueillir tous les nouveaux bacheliers. Sur ce, il demande au ministre d’arrêter de «jouer», de «recruter» et de «construire» des infrastructures s’il s’engage à orienter tous les bacheliers dans les universités publiques.
A défaut, pense Hady Ba, les dysfonctionnements que connait déjà le secteur de l’enseignement supérieur, vont empirer. «Les étudiants seront en surnombre. On n’aura pas suffisamment d’enseignants pour faire les cours. C’est des problèmes purement physiques et on n’a même pas des endroits où mettre autant d’étudiants. On n’a pas suffisamment d’enseignants même quand on travaille du lundi au dimanche. Actuellement, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il y’a des enseignants qui travaillent du lundi au dimanche pour pouvoir assurer la reprise. Imaginez si on ajoute des étudiants ? Donc, ça veut dire que même si les gens travaillent du lundi au dimanche, ça ne va pas être suffisant», a tenu à préciser Hady Ba.
En effet, il faut aussi rappeler que Cheikh Oumar Anne en visite à Ziguinchor au mois de juin dernier avait pris l’engagement de ne pas orienter de nouveaux bacheliers à l’université Assane Seck de Ziguinchor pour l’année universitaire 2020/2021 dans les structures qui ne les souhaitent pas. Ce, à la demande du Saes (Syndicat autonome de l’enseignement supérieur). Que s’est-il alors passé entre temps ? Mystère et boule de gomme !