BEAUCOUP D'HOMMES NE SOUHAITENT PAS ÊTRE DÉPASSÉS PAR LEUR FEMME
Avocat inscrit au barreau de Dakar depuis 1992, Me Serigne Amadou Mbengue est également écrivain - Son troisième ouvrage, « La Rivale » est le prétexte de cet entretien
Avocat inscrit au barreau de Dakar depuis 1992, Me Serigne Amadou Mbengue est également écrivain. Il est l’auteur du roman « La Persévérante » et d’un recueil de poèmes, «Florilège de souvenirs » parus chez l’Harmattan – Sénégal. Son troisième ouvrage, « La Rivale » est le prétexte de cet entretien.
Maître, dites- nous comment l’avocat s’est retrouvé dans le champ littéraire ?
Je dois dire que c’est ma passion pour la lecture qui m’a conduit vers l’écriture m’ouvrant ainsi aux souffles de l’harmattan, maison éditrice. en effet, J’ai passé le plus clair de ma vie à lire et à ce jour, je suis abonné au centre culturel français. J’ai toujours eu une attirance marquée pour les lettres. J’ai suivi des études secondaires en série a3 au lycée abdoulaye sadji de rufisque. en classe de seconde comme en celle de rhétorique, nous nous évertuions à atteindre une nette progression en français. Je lisais tous ce qui me tombait sous la main. en fin d’année non seulement j’avais de très bonnes notes en première partie mais aussi j’avais obtenu le prix de français. Je pense donc que c’est à la fois cet engouement pour le français et ce besoin inextinguible de lecture qui m’ont permis de sillonner le champ littéraire. car pour devenir écrivain, il faut avoir beaucoup lu. en plus de cela, il faut avoir un talent, une myriade d’idées sur un thème, de la chance et surtout de la persévérance.
A quand remonte votre passion pour l’écriture ?
très jeune, j’écrivais incessamment des lettres à des parents et amis à l’extérieur. devenu grand, je faisais publier souvent des articles de presse sur des sujets d’ordre politique, des hommages à des disparus comme lors de la disparition du journaliste Mass diack, du conservateur Joseph ndiaye, du Khalife serigne Moustapha cissé, du gouverneur seyni Male et mon ancien prof de philo Matar diack... c’est certainement cela qui a secrété cette passion.
Votre premier roman « La Persévérante » reste cependant méconnu des lecteurs. Qu’est- ce qui l’explique ?
Je ne partage pas cette opinion parce que c’est ce livre qui m’a fait connaître du public. en effet, contrairement à « la rivale », ce roman a fait l’objet d’une dédicace le 26 mai 2017 à la salle amadou aly dieng de l’harmattan. elle était présidée par le professeur hamidou dia alors conseiller culturel du chef de l’etat, en présence du Président des écrivains du sénégal , alioune Badara Bèye, de l’alors Bâtonnier des avocats Me Mbaye guèye qui montra ses similitudes rufisquoises avec l’héroïne Mamy diop, de l’actuel Bâtonnier Me laity ndiaye, lui-même ayant présenté « la Persévérante » avec un inégalable brio, du Khalife de Pire serigne Moustapha cissé, d’un aréopage d’intellectuels, de parents et d’amis, de l’expert assermenté abdoulaye diouf, de Me Bocar ly dont l’intervention impressionna plus d’un auditeur et d’autres confrères, mon ami Me Mamadou samb, mon condisciple ousseynou gaye, le rigoureux néné ndiaye, l’écrivain alassane cissé, sidy Kanouté, l’une des personnes les plus intelligentes qu’il m’aie été donné de connaitre au cours de ces 15 dernières années.... Je pense plutôt que le premier roman vient toujours en appoint du second. Mais comme le disait un jour une certaine colette à guy des cars « ne te fais pas d’illusion. ta vraie carrière commencera au deuxième »
Pouvez nous dire quelques mots sur le thème abordé dans cet ouvrage ?
« la Persévérante » fait l’apologie de la persévérance, qualité indispensable à toute réussite durable. il s’est surtout agi d’aiguillonner les élèves dans la voie de la réussite scolaire. Même dans l’écriture pour mener jusqu’au bout son objectif, il faut être persévérant. de la feuille blanche à l’édition que de chemins parcourus ! donc, l’on a voulu donner à voir que dans la vie rien n’égale la persévérance, ni le génie, ni le talent, ni l’éducation. Que l’acharnement dans le travail, la persistance font la différence. Mamy diop, l’héroïne, a su faire face à de nombreuses tribulations et épreuves pour se hisser au sommet de l’échelle sociale en devenant directrice des programmes dans une prestigieuse chaine de télévision. Quelqu’un a dit que c’est un talisman.
Est- ce le poète qui a rejoint le romancier ?
depuis ma tendre enfance, j’ai toujours eu une prédilection pour déclamer des poèmes de victor hugo, Pierre corneille, Jean de la Fontaine, david diop, Birago diop ... Quand je ne récitais pas des extraits de livres. Mais suite à une certaine résilience, situation d’exaspération, j’avais conçu un poème pour donner libre cours à mes émotions prenant dans cette ode la décision qui me semblait la plus convenable. après cela, j’avais senti que je pouvais m’engouffrer dans cette voie poétique, certaines gens ayant alors trouvé le poème bien écrit. il n’empêche que « la Persévérante », c’est mon coup d’essai dans le monde littéraire. le recueil de poèmes « Florilège de souvenirs » est venu par la suite. autre fait notable au demeurant, le jour de la dédicace du roman « la Persévérante », Me Bocar ly, invité à prendre la parole, comme pour attirer l’attention de la brillante assemblée, avait déclaré après avoir relevé des allitérations dans certains passages de ce livre : « Me Mbengue n’est pas seulement un écrivain, c’est un poète ». Je ne pouvais recevoir meilleur encouragement et je peux affirmer que sa prophétie s’est réalisée.
Vous placez votre ouvrage, « la Rivale », à travers votre personnage Mamy Diop, au cœur du journalisme, rêviez vous de pratiquer ce métier ?
le prophète a dit dans un hadith que : « la diversité de ma communauté est l’œuvre d’une miséricorde divine. » c’est dieu qui trace un destin pourchacun de nous et qui fait aussi que chacun s’attache à son métier. le professeur duverger disait : « une société se composât- elle d’hannibal et de napoléon, il eût mieux valu que tous ne gouvernent pas ». Je remercie le tout Puissant d’avoir fait de moi un avocat. si je n’étais pas avocat, je serais devenu certainement journaliste.
Ce roman est également, on peut dire, le procès de la polygamie. On a cependant l’impression que vous tirez beaucoup plus sur le manque de courage de l’homme ?
il est en effet question de polygamie. « la rivale » en quelque sorte nous fait voyager sur le fleuve tumultueux de la polygamie avec ses joies, peines, jalousies et méchancetés. Modou Mbaye tarde à prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses deux épouses. et ce n’est que sur le tard, fort désemparé qu’il va séparer ses épouses en les mettant dans les résidences différentes. a notre avis, tout n’est pas de prendre des épouses, encore faudrait il les mettre sur un pied d’égalité. autant que faire se peut.
Fanta, femme foncièrement opposée à la polygamie, se retrouve ainsi avec une coépouse. A travers elle, vous pointez du doigt les caractères contraignants et néfastes au ménage polygame...
il faut rappeler que Fanta est la première épouse et en son temps son mari Modou Mbaye lui avait fait la ferme promesse de ne jamais prendre une deuxième femme. le roman montre dans toute sa nudité les profonds tourments, les inextricables difficultés qui accompagnent au quotidien le ménage polygamique. surtout lorsque l’une des femmes décide de rendre la vie impossible à l’autre, ces épouses-là vivant sur le même toit.
Êtes-vous pour ou contre la polygamie ?
Je ne suis pas contre la polygamie. c’est dieu qui a offert cette possibilité aux musulmans à travers le verset 3 de la sourate 4 an nissa : « ... épousez alors des femmes selon vos convenances mais si vous craignez d’être partiaux limitez vous à une seule ». sous ce rapport l’article