SCOLARISATION DES FILLES, LES RAISONS D'UNE PERFORMANCE
Sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement chez les filles a cumulé à 69,5% contre 55,0%, à la même période, chez les garçons. Au baccalauréat 2020, le taux d’admission chez les filles était de 52% toutes séries confondues contre 37% en 2019

Sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement global chez les filles a progressé de 65,0% à 69,5% contre 54,6% à 55,0%, à la même période, chez les garçons. À l’examen du baccalauréat 2020, le taux d’admission chez les filles était de 52% toutes séries confondues contre 37% en 2019. Des chiffres qui ont fini de confirmer les performances du Sénégal concernant la scolarisation des filles, leur maintien et leur réussite à l’école.
Les données statistiques sont assez parlantes concernant la scolarisation des filles au Sénégal, leur maintien à l’école ainsi que les performances qu’elles réalisent lors des examens scolaires. Recueillis au niveau du ministère de l’Education nationale, les chiffres montrent que notre pays a réalisé des performances considérables dans le secteur conformément aux recommandations de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes tenue en Thaïlande, en 1995, et de certaines initiatives entreprises par l’Unesco sur l’éducation des filles.
Au Sénégal, le gouvernement a très tôt compris l’enjeu de la scolarisation massive des filles et s’est résolument engagé dans la promotion de leur éducation à travers une politique d’accès, de maintien et de promotion. Pour preuve : le ministère de l’Education nationale a créé en 1994, une structure dénommée Scofi (Scolarisation des filles) pour booster les statistiques dans le secteur. Elle avait comme objectif principal de mener la sensibilisation et de porter le plaidoyer sur le terrain auprès de toutes les couches sociales pour encourager la scolarisation des filles. La structure a aussi lutté pour le maintien de celles-ci le plus longtemps possible à l’école.
Grâce à l’accompagnement des partenaires au développement, la Scofi a eu un impact réel en termes de résultats sur le terrain, comme le soutient Marie Siby, la Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale. On se souvient encore de l’apparition de slogans qui ont eu un impact sur le plan de la sensibilisation et de la communication concernant l’éducation des filles au Sénégal. On peut citer, entre autres : «Je veux aller à l’école et y rester» ou encore «L’école pour tous». Ce qui a entraîné une baisse des inégalités, selon Mme Siby. En termes de données, déjà en 2000, selon les statistiques, les filles représentaient environ 48% des effectifs dans le système éducatif.
Un indice de parité favorable aux filles
Au préscolaire, en 2019, le taux brut de préscolarisation était de 16,1% pour les garçons contre 18,5% pour les filles. Aussi, dans l’élémentaire, sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement chez les garçons a évolué entre 54,6% et 55,0%. Par contre, chez les filles, on a noté une nette progression de ce taux. Il est passé de 65,0% en 2016 à 69,5% en 2020, selon les statistiques du ministère de l’Education nationale.
Au niveau national de manière globale, le taux brut de scolarisation est de 93,0% chez les filles et 79,2% chez les garçons. Soit un indice de parité largement favorable aux filles, s’est réjouie Mme Siby.
À l’élémentaire, de 2016 à 2020, le taux d’achèvement global a évolué en dents de scie. Chez les garçons, selon les statistiques, il est passé de 54,6% à 55,0%. Par contre, chez les filles, on note une nette progression de 65,0% en 2016 à 69,5% en 2020, a relevé la Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale.
Au niveau de l’enseignement moyen général, en 2020, le Taux d’achèvement est de 36,6%. Selon le sexe, les proportions montrent que l’achèvement est plus effectif chez les filles (40,8%) que chez les garçons (32,6%). Cette situation montre un indice de parité de 1,25 en faveur des filles, a renseigné Marie Siby.
Concernant le taux brut de scolarisation au moyen général, il est de 50,7% avec une participation des filles beaucoup plus importante que celle des garçons, selon les données. Cela se traduit par un indice de parité de 1,21 en faveur des filles, a-t-elle indiqué.
En 2020, le taux brut de scolarisation au niveau du secondaire général était estimé à 30,8% pour les garçons et 35,1%pour les filles.
EXAMENS SCOLAIRES
Une prédominance soutenue par l’excellence
Au Sénégal, depuis quelques années, selon les statistiques, les filles réalisent de meilleures performances que les garçons aux examens scolaires. En 2020, par exemple, le taux de réussite au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) était relativement plus élevé chez les filles (74,57%) que chez les garçons (74,43%). Au Baccalauréat, la même année, les filles ont réalisé un taux d’admission de 52, toutes séries confondues contre 37,8% pour les garçons, selon les chiffres de l’Office du Baccalauréat. La Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale, Marie Siby, s’est félicitée de cette performance qui, selon elle, est liée à l’indice de parité qui bascule en faveur des filles et à l’encadrement dont elles bénéficient. «Si les filles sortent du lot, c’est parce qu’elles bénéficient d’une discrimination positive. On a assisté à une synergie d’actions de tous les acteurs de la communauté éducative dans le combat pour la scolarisation des filles», a-t-elle affirmé, convaincue que «la prise en charge de l’éducation des filles appelle une forte mobilisation communautaire et un engagement fort de tous les acteurs et de toutes les actrices». Le Sénégal, a estimé Mme Siby, a «très tôt compris cette vision et s’est résolument engagé dans la promotion de l’éducation des filles par une politique d’accès, de maintien et de promotion». Elle a cité, entre autres mesures étatiques fortes, «la Loi d’Orientation 91/22 modifiée en 2004, substrat de la politique éducative dans la définition de ses finalités et principes directeurs qui, en son article 3 bis, garantit l’accès à l’éducation aux enfants des deux sexes». Ainsi, selon Mme Siby, «notre pays, en adoptant le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), réitère son engagement à la lutte contre toutes formes de disparités dans le secteur de l’Education». Cette volonté politique, a-t-elle souligné, «est confirmée par la décision présidentielle n°7 issue du Conseil présidentiel sur les Assises de l’éducation et de la formation portant sur l’inclusion des filles et des enfants à besoins éducatifs spéciaux». Pour accompagner tout cela, un dispositif de promotion de l’éducation des filles est mis en place au niveau du ministère et intègre deux aspects majeurs : d’une part, des actions centrées exclusivement sur les filles et, de l’autre, l’accès des femmes aux postes de responsabilités tous liés à l’idée de donner plus de pouvoir aux femmes, s’est réjouie Marie Siby. «En 2020, il y a eu plus de filles inscrites au Ci (Cours d’initiation) que de garçons : 234 584 filles contre 214 824 garçons», a-t-elle rappelé.
ACCÈS AUX FILIÈRES SCIENTIFIQUES, RÉINSERTION DES MÈRES ADOLESCENTES…
Ces défis à relever
L’accès des filles aux filières scientifiques, la réinsertion des mères adolescentes dans les écoles sont, entre autres, les défis à relever pour nombre d’acteurs du système éducatif sénégalais. Comme le soutient le Forum des éducatrices africaines (Fawe) dans un rapport publié récemment, malgré un taux brut de scolarisation favorable aux filles (54%), la prise en charge des mères adolescentes dans l’éducation reste une préoccupation dans le système éducatif. Selon le Fawe, les grossesses non désirées et les mariages précoces ont beaucoup contribué au décrochage des adolescentes. Anta Fall Bass, la Présidente de Fawe, a déploré le fait que bon nombre de filles en état de grossesse sont exclues de leur établissement scolaire. Des mesures qu’elle dit ne pas comprendre, car il existe des textes permettant aux filles-mères de pouvoir continuer leurs études après l’accouchement. Elle a cité notamment la circulaire n°004379 relative à la gestion des mariages et des grossesses des élèves en milieu scolaire. «L’accès des filles aux filières scientifiques est encore un défi pour le ministère de l’Education nationale quand on sait que moins de 30% des filles inscrites en 2nde font les séries scientifiques», a déclaré Mme Siby. «D’où la pertinence de l’organisation du Concours Miss/Math-Miss/Sciences et des stratégies développées au niveau de l’Enseignement moyen secondaire notamment, en termes de construction et de réhabilitation des Blocs scientifiques et techniques (Bst)», a soutenu la Coordonnatrice de la Cellule genre du ministère de l’Education nationale.