Allemagne: les anciens raccrochent mais Löw fête ses dix ans et continue à préparer l'avenir

Avec la retraite internationale de plusieurs de ses cadres, la génération allemande dorée de la dernière décennie s'efface peu à peu mais la Mannschaft peut regarder l'avenir avec confiance: son réservoir de jeunes talents ferait pâlir d'envie bien des sélectionneurs.
Drôle de téléscopage du calendrier... Une génération de joueurs s'en va alors même que le sélectionneur Joachim Löw fête mardi un anniversaire impressionnant, les dix ans de son premier match à la tête de l'équipe nationale (une victoire 3-0 en amical contre la Suède).
Lundi, Lukas Podolski a annoncé qu'il renonçait à la sélection, deux semaines après Bastian Schweinsteiger, pièce maîtresse de l'équipe championne du monde 2014. Au lendemain du Mondial gagné au Brésil, Klose et Lahm avaient déjà tiré un trait sur l'équipe nationale.
Entrés au Panthéon du foot allemand, ces "anciens" laissent-ils derrière eux un trou béant? Pas vraiment, malgré les remises en question inévitables après la défaite en demi-finale de l'Euro-2016 contre la France (0-2).
Aujourd'hui, les piliers de la Mannschaft n'ont pas trente ans (Draxler, 22, Götze, 24, Müller, 26, Özil, Boateng et Hummels, 27), et des jeunots plutôt doués issus de grands clubs montrent leur nez: Kimmich (Bayern, 21 ans), Weigl (Dortmund, 20 ans), Leroy Sané (qui, à 20 ans, vient d'être transféré à Manchester City pour un montant estimé à 50 millions d'euros)...
Manuel Neuer, avec ses 30 bougies, ferait presque figure d'ancêtre!
- L'Allemagne espagnole -
Tous sont les produits d'un système de formation lancé après le traumatisme de 1998, lorsque l'Allemagne est piteusement éliminée du Mondial en France en quart-de-finale par la Croatie (0-3).
Les patrons du foot allemand s'aperçoivent alors qu'ils se sont reposés sur leurs lauriers depuis trop longtemps, et que les nations voisines ont pris un coup d'avance.
L'exemple de la formation en France, qui vient d'être championne du monde, les inspire. En dix ans, l'Allemagne va investir près de 700 millions d'euros dans la formation de jeunes joueurs.
Et une nouvelle philosophie de jeu émerge avec l'arrivée en 2004 de Jürgen Klinsmann à la tête de la sélection. L'ancien joueur du Bayern, passé par Monaco, prône un football différent. Finie l'Allemagne rouleau-compresseur qui a marqué le foot du XXe siècle. Place à la finesse.
Certes la puissance physique et la volonté restent des traits caractéristiques du footballeur germanique. Mais Klinsmann et son adjoint Joachim Löw sont désormais adeptes d'un jeu rapide, plus court, fait de possession de balle, inspiré -- c'est Löw qui le dit -- de celui de l'Espagne.
- Tactique et yoga -
En 2006, après la troisième place de la Mannschaft au Mondial en Allemagne, Klinsmann laisse sa place à Löw.
Passionné de tactique, cet ancien attaquant de niveau modeste conserve la même vision du jeu, à laquelle il ajoute sa touche personnelle, humanité, proximité avec les joueurs, et méthodes novatrices, comme l'introduction du yoga lors des stages de l'équipe nationale.
Löw mise aussi beaucoup sur la continuité des équipes nationales. Sous son impulsion, la culture tactique -- qui passait traditionnellement après le physique en Allemagne -- devient prédominante dans les sélections de jeunes.
Et il se fait un devoir d'intégrer en permanence dans la sélection les meilleurs espoirs de la Bundesliga, en choisissant les hommes capables d'incarner ses valeurs. Müller, Kroos, Özil, Reus ou Götze, voire les défenseurs Hummels et Boateng, sont racés, élégants, fins techniciens. Les jeunes qui montent sont de la même veine, même si l'Allemagne se cherche actuellement un vrai grand buteur.
En dix ans, l'Allemagne s'est réinstallée au sommet de la hiérarchie mondiale, en atteignant le dernier carré de tous les tournois internationaux, un parcours couronné par le titre mondial au Brésil. Il reste à Löw deux ans de contrat, mais son successeur trouvera de quoi maintenir l'Allemagne dans le peloton de tête au niveau international.