Angleterre: puissance, gloire et démesure de la Premier League
Qui sera champion d'Angleterre le 21 mai ? C'est la grande question à 2,3 milliards d'euros, le montant annuel des droits TV à se partager en Premier League, le plus puissant championnat du monde qui reprend samedi avec un casting dingue côté joueurs et entraîneurs.
Un nom et un chiffre résument la situation: Paul Pogba qui a débarqué à Manchester United pour la somme folle de 105 millions d'euros, nouveau record mondial en matière de transferts.
"La Pioche" rejoint un générique qui fait saliver: à "Man U", il jouera aux côtés de Zlatan Ibrahimovic (ex-Paris SG) et sera donc entraîné par Mourinho, nouveau coach "bigger than life" (hors-norme) des Red Devils. L'autre club de Manchester, City, sera lui entraîné par "Pep" Guardiola, le meilleur ennemi du "Mou" du temps de leur rivalité Real Madrid-Barcelone en Espagne. Qui dit mieux ?
La recette, explosive, a pour nom "droits TV". Dès l'été 2017, les 20 clubs de l'élite anglaise se partageront en effet 7 milliards d'euros (contre 3,9 milliards précédemment) sur trois saisons, soit 2,33 milliards par saison.
Chaque match diffusé par Sky et BT, qui se partagent le gâteau, sera valorisé à hauteur de 13,71 millions d'euros, une somme démentielle en augmentation de près de 70% par rapport à la période 2013-2016. Un montant qui n'a plus rien à voir avec les 256 millions d'euros déboursés en 1992 par Sky... pour cinq saisons entières.
- "Pep", "Mou", Klopp, Wenger... -
Conclu en février 2015, ce deal historique a permis aux clubs anglais d'anticiper, de préparer leurs budgets pharaoniques et d'échelonner leurs dépenses.
Entre l'été et l'hiver derniers, 1,376 milliard d'euros a déjà été dépensé en transferts par les clubs d'outre-Manche. Il faut s'attendre à un nouveau record. Le miracle Leicester, devenu champion à la surprise générale au nez et à la barbe des plus grandes écuries, aura bien du mal à se reproduire.
L'entraîneur des "Foxes", Claudio Ranieri, sait qu'un doublé est mission quasi-impossible: le technicien a vu la concurrence se renforcer. Dimanche, à Wembley, son Leicester a ainsi vu jaillir Zlatan Ibrahimovic en toute fin de match pour offrir à Mourinho et United le Community Shield (2-1).
Et il n'y a pas que MU qui a renforcé son arsenal. Les deux Manchester ont fait très fort en s'offrant chacun l'un des meilleurs techniciens de la planète. City, qui courrait depuis longtemps derrière Pep Guardiola, est désormais guidé par l'ex-mentor du Barça. United, décevant depuis le départ de Sir Alex Ferguson, rêve de redevenir un monstre avec "Mou".
Parti mi-décembre de Chelsea dans la confusion, le "Special One" devra prouver qu'il peut s'inscrire sur la durée dans une institution.
Au delà de "Pep" et "Mou", c'est un plateau royal d'entraîneurs qui se dessine. Arsène Wenger s'apprête à fêter ses 20 ans à Arsenal - où il entre dans sa dernière année de contrat -, Jürgen Klopp a entrepris depuis octobre de redresser Liverpool et Antonio Conte saute avec Chelsea dans le grand bain. Sans oublier l'Argentin de Tottenham Mauricio Pochettino, valeur montante de la Premier League.
- "Ibra", Rooney, Agüero, Hazard, Özil... -
Côté joueurs, la tendance est similaire même si Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, les deux plus grands astres du football mondial, respectivement au Real et au Barça, résistent aux charmes anglais.
Après quatre saisons au PSG, "Ibra" (34 ans) a donc refusé les ponts d'or offerts en Chine pour venir rejoindre un effectif où l'on trouve toujours Wayne Rooney, et où Pogba fera son retour quatre ans après un premier passage anecdotique.
Zlatan va ainsi pouvoir mesurer son ego aux talents déjà présents sur les pelouses anglaises, dont Sergio "Kun" Agüero, Kevin de Bruyne (City), Eden Hazard (Chelsea) ou encore Mesut Özil (Arsenal).
Une star suédoise qui affrontera un Argentin, deux Belges et un Allemand: voilà un panorama très cosmopolite, qui laissera une nouvelle fois une place minimale aux joueurs et entraîneurs anglais.
C'est d'ailleurs dans ce contexte de non-renouvellement des générations que la sélection anglaise des "Trois Lions" a été piteusement éliminée en 8e de finale de l'Euro-2016 par l'Islande. Un réel problème pour la fédération anglaise mais dont la richissime Premier League n'a cure, se pâmant devant la liste des nouveaux invités à sa fête de rentrée.